Les Emirats ont utilisé des bases égyptiennes, ont révélé des responsables américains. Mutisme total aux Emirats.
Les Emirats arabes unis ont secrètement mené des frappes aériennes contre des milices "islamistes" en Libye en utilisant des bases égyptiennes, ont annoncé lundi deux responsables américains.
"Les Emirats arabes unis ont mené ces raids", a déclaré l'un de ces responsables, qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat, confirmant une information du New York Times.
Les Etats-Unis n'ont pas participé, ni directement, ni indirectement, à ces raids, ont dit les deux responsables interrogés par l'AFP.
Selon le New York Times, les premières frappes ont eu lieu il y a une semaine à Tripoli contre des positions tenues par les milices.
Une deuxième série de frappes s'est déroulée au sud de la capitale libyenne tôt samedi et a visé des lance-roquettes, des véhicules militaires et un entrepôt, selon le quotidien.
Ces bombardements étaient manifestement destinés à empêcher les milices de s'emparer de l'aéroport de Tripoli.
Toujours d'après le New York Times, les Emirats ont utilisé leurs appareils et leurs équipages pour mener ces raids, tandis que l'Egypte a prêté des bases aériennes.
Interrogé sur ces informations par l'AFP, les deux responsables les ont qualifiées d'"exactes".
Dans un communiqué commun, les Etats-Unis, la France, le Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Italie ont "condamné avec force" l'escalade des combats et des violences en Libye.
Mutisme total aux Emirats
Parallèlement, les autorités des Emirats arabes unis observaient mardi un mutisme total à la suite des déclarations de responsables américains.
Le gouvernement d'Abou Dhabi n'a pas réagi à ces déclarations, et un responsable émirati, interrogé par l'AFP, s'est abstenu de tout commentaire. "Pas de réaction", a-t-il dit.
Les journaux émiratis, proches des autorités, n'ont pas fait état de ces déclarations.
Dans un éditorial, le quotidien Al-Khaleej écrivait mardi que la Libye offre désormais "le modèle de l'Etat voyou" représentant "un danger pour ce pays et pour les Etats voisins et de la région".
"Cela nécessite la mise en place d'une coalition arabe (...) pour mener une action rapide et efficace dans le cadre d'une stratégie claire pour affronter cette épidémie, qui prend des appellations différentes comme Etat islamique en Irak et au Levant (Daech), Ansar Asharia (émanation d'Al-Qaïda) ou les Frères musulmans, qu'il faut éradiquer", écrit le journal.
Le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères Anouar Mohammad Garguèche avait en début de semaine rejeté sur Twitter les affirmations d' « islamistes » libyens selon lesquelles les Emirats et l'Egypte ont mené des raids aériens contre leurs positions à Tripoli.
Il avait estimé qu'en impliquant les Emirats dans les affaires libyennes, les islamistes cherchaient à "refuser d'admettre les résultats des (récentes) élections" qui ont montré un net recul des islamistes au Parlement libyen.
L'Assemblée libyenne sortante, réunie à Tripoli, a chargé lundi un pro-islamiste de former un "gouvernement de salut national", dans un geste de défi au cabinet provisoire installé dans l'extrême est du pays et qui semble incapable de reprendre la main face aux milices semant le chaos.
La situation dans le pays, en proie à l'anarchie depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, risque ainsi de devenir encore plus complexe: la Libye pourrait se voir dotée de deux gouvernements concurrents, parallèlement à ses deux Parlements rivaux.