Les services de police britanniques pourront désormais confisquer provisoirement les passeports de voyageurs suspects aux frontières.
Le Premier ministre britannique a annoncé lundi des mesures renforcées visant à contrer la menace takfiriste en Grande-Bretagne, en permettant à la police de confisquer les passeports et en restreignant les déplacements de suspects avec le concours des compagnies aériennes.
Les services de police vont ainsi se voir doter du pouvoir de confisquer provisoirement les passeports des voyageurs suspects aux frontières, a annoncé David Cameron, qui a une nouvelle fois souligné que quelque 500 britanniques sont soupçonnés d’avoir rejoint les rangs de Daech (EI) en Irak et en Syrie.
«Nous allons présenter une législation ciblée et précise pour combler un vide (dans la législation) en donnant à la police le pouvoir de confisquer provisoirement un passeport», a déclaré le Premier ministre britannique, lors de la session parlementaire de rentrée à Westminster.
Cameron a également évoqué des mesures visant à empêcher le retour des takfiristes sur le sol britannique, et indiqué que les compagnies aériennes devraient s’insérer dans le futur dispositif.
250 takfiristes revenus au Royaume-Uni
«Les compagnies aériennes devront respecter nos dispositions relatives aux personnes interdites de vol, nous donner des informations sur les listes de passagers et se conformer à nos dispositifs de contrôles de sécurité», a-t-il détaillé.
Par ailleurs, le chef du gouvernement britannique veut renforcer la possibilité de contrôler les mouvements des suspects dans le pays, en renforçant l’usage de zone d’exclusion ou en les obligeant à aller vivre ailleurs.
Ces annonces, largement éventées, interviennent trois jours après que David Cameron a estimé que Daech (EI) représente «la plus grave menace que nous ayons jamais connue» au Royaume-Uni.
L’apparente implication d’un Britannique dans l’exécution du journaliste américain James Foley a fini par convaincre le gouvernement qu’il fallait «faire plus» pour combattre la menace takfiriste.
Londres a relevé vendredi son niveau d’alerte de sécurité de «substantiel» à «grave», signifiant qu’une attaque terroriste était «hautement probable».
L’inquiétude se concentre sur les «au moins 500» takfiristes britanniques partis en Syrie et en Irak, dont 250 seraient déjà revenus au Royaume-Uni.
Même si Scotland Yard s’est dit «prêt» à faire face, les autorités craignent que ces personnes aguerries au combat ne planifient des attentats à leur retour sur le sol britannique.
La police a arrêté 69 personnes à la frontière cette année, selon les derniers chiffres publiés, mais beaucoup passeraient entre les gouttes.
Des libertés publiques menacées ?
Reste à savoir comment ces nouvelles mesures seront appliquées et aussi si leur légalité n’est pas susceptible d’être contestée.
Les alliés Libéraux-Démocrates au gouvernement des conservateurs de David Cameron, très à cheval sur les libertés publiques, s’y sont montrés ouvertement réticents.
Dans une tribune dimanche dans The Observer, l’ancien patron des libéraux (Lib-Dem), Paddy Ashdown, a appelé David Cameron à ne pas se comporter comme un «cheerleader» des services de sécurité mais de se porter garant des libertés publiques en agissant de manière responsable et «sans paniquer».
«Je n’ai aucune objection contre une réponse spécifique et proportionnée. Mais il faut qu’elle repose sur des preuves, qu’elle soit respectueuse de nos libertés et attentive à l’impératif de garder l’islam modéré dans notre camp», a-t-il ajouté.
Un autre ancien dirigeant des Lib-Dems, Menzies Campbell, a, lui, fait part de ses doutes quant à l’application de certaines mesures confiscatoires. «Rendre un citoyen apatride est illégal selon la loi internationale», a-t-il dit.
Avec AFP