Daesh multiplie ses menaces de s’étendre au Liban, et le front al-Nosra aurait été décapité dans le Qalamoune.
Druzes et chrétiens au Liban (comme toutes les autres communautés libanaises d’ailleurs) s’inquiètent de la montée en puissance de la milice takfiriste de l’Etat Islamique (Daesh) de l’autre côté de la frontière avec la Syrie et en Irak, et surtout de ses velléités d’étendre son hégémonie du Qalamoune syrien vers les régions libanaises.
Quoique les régions druzes soient relativement éloignées de la frontière syrienne, les membres de cette petite communauté installée sur le littoral, dans le Chouf, à Rachayya et Hasbayya ne cachent plus leur inquiétude.
Qu’ils appartiennent au camp du 8-mars ou à celui du 14-mars, « une hystérie s’est emparée d’eux, celle de l’auto-sécurité », remarque le quotidien libanais al-Akhbar. Mais ils sont quasi unanimes que "c’est le Hezbollah qui est la garantie des Druzes au Liban".
Figure en tête des plus anxieux, le leader de cette communauté, le chef du parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt. « Jamais, il n’a été aussi inquiet durant toute son expérience politique », rapportent ses partisans du PSP.
Avant sa rencontre avec le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah, il avait effectué une tournée européenne. Il en est retourné entièrement persuadé que les Druzes ne disposent d’aucune protection européenne.
Les petits-fils d'Ibn Taymiyya
Durant sa rencontre, il avait salué le rôle du Hezbollah en Syrie et qualifié ses tués de martyrs. Il continue de le faire.
Une position qui ne rime pas avec celle du camp du 14-mars et qui l'en démarque encore plus.
« Jamais les Chrétiens, les Druzes, les Chiites, les Alaouites et les sunnites modérés ne se sont sentis si menacés existentiellement depuis la dynastie des Mamlouks qui avait alors commis les massacres grace aux décrets religieux d’Ibn Taymiyya », constatent des responsables druzes.
« Le prolongement du Hezbollah jusqu’en Iran est la seule garantie pour affronter les petits-fils d’Ibn Taymiyya », ont-il affirmé, toujours selon al-AKhbar.
Les Chrétiens s'arment
Du côté des Chrétiens du Liban, le même phénomène d’anxiété est perçu.
« Il existe un réel danger qui menace le Liban, les villages chrétiens comme les autres villages chiites, sunnites et autres, et nous devons être disposés à le contrer », explique pour le site d’information libanais al-Hadath News le député du caza Baalbek-Hermel, le chrétien Emile Rahmé.
Dans les localités chrétiennes situées aux confins avec la Syrie, les hommes ont décidé de porter les armes pour se défendre.
Ce phénomène touche toutes les catégories d’âge et professionnelles : l’officier à la retraite, le petit commerçant, les fonctionnaires, le petit ouvrier et mêmes les étudiants universitaires.
Dès la tombée de la nuit, ils se déploient, armés d’armes légères dans la région qui s’étend du Qaa jusqu’à Ras Baalbek, sur fond d’informations sur une éventuelle attaque des miliciens de l’État Islamique (Daesh) contre des localités de la Bekaa, au nord est du Liban, depuis le déclenchement de la bataille du Qalamoune.
« Notre seul souci est de protéger notre village et nos familles, surtout de nuit... Le jour, chacun de nous va à son boulot. Nous travaillons comme des gardes de nuit pour les cas d’urgence, notre objectif est de défendre notre village et d’appeler l’armée pour qu’elle nous protège », a confié pour le site l’un de ces habitants libanais.
1.300 "daeshistes" au Qalamoune
Sur le terrain, les tentatives de Daesh d’étendre son hégémonie dans ces régions libanaises, à partir du Qalamoune et de Aarsale, sont prises au sérieux. Ses menaces sont d’autant plus dangereuses que plusieurs milices lui ont prêté allégeance et gonflé ses rangs.
Selon des sources sécuritaires, le nombre de ses hommes dans le terroir du Qalamoun est estimé à près de 1.300. La plus grande allégeance a été celle de la milice Brigade Fajr al-Islam dirigée par le milicien séquestré chez l’armée libanaise Imad Joumaa et dont le nombre est de 300 miliciens.
Dans cette région, Daesh est dirigé par un chef syrien de la province de Damas, Abou Hassan le syrien, lequel a été désigné par le numéro un de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi en personne pour mener cette mission.
L’émir du Nosra abattu ??
Quant au frère ennemi de Daesh, le front al-Nosra, il est question de la mort de son émir dans le Qalamoune, le prénommé Abou Malek al-Tall.
Selon le site al-Ahed News, il a péri lorsque son convoi formé d’une vingtaine de véhicules est tombé dans une embuscade lui a été tendue par l’armée syrienne et le Hezbollah. Il était sorti de la localité libanaise de Aarsale et se dirigeait vers la région al-Jarjir, dans le Qalamoune syrien, lorsque l’attaque a été perpétrée.
Les sites de coordination du Nosra ont évoqué cette embuscade qui était soutenue par un pilonnage de l’artillerie, des raids aériens et des tirs de missiles. Ils ont parlé d’un grand nombre de tués dans leurs rangs, sans évoquer le sort d’Abou Malek