24-11-2024 04:34 AM Jerusalem Timing

Al-Nosra, nouvelle carte syrienne, pour l’Occident?

Al-Nosra, nouvelle carte syrienne, pour l’Occident?

Le front al-Nosra, branche syrienne d’al-Qaïda et le Front Islamique, coalition de groupuscules, soutenue et financée par l’Arabie Saoudite combattent ensemble dans la plupart des régions syriennes

Sur le conflit syrien, les Occidentaux se retrouvent confrontés à une situation qui tourne au cauchemar pour eux. Ils savent désormais que dans ce pays, ne se font face que les forces du régime et les combattants islamistes extrémistes appartenant, soit au Front Al-Nosra, soit à l'Etat islamique, groupes tous deux inscrits dans leurs listes des organisations terroristes représentant une menace pour les sécurités nationales du camp occidental.

Le bras armé de l'opposition syrienne, dite modérée, l'ASL, sur laquelle les Occidentaux ont fondé des espoirs, s'est proprement effondré et se retrouve dans l'incapacité de peser sur l'issue du conflit qui ne dépend plus que du résultat de la confrontation entre l'armée régulière du régime et les groupes islamistes extrémistes.

Pour quelle stratégie ont-ils opté, face à cette tournure prise par la guerre en Syrie, qui met fin aux illusions qu'ils ont entretenues, sur les capacités militaires de l'ASL, et par voie de conséquence, sur le rôle que pouvait jouer l'opposition modérée, qu'ils voyaient, ni plus ni moins, arrivant au pouvoir à Damas, à l'effondrement «inéluctable» du régime de Bachar al-Assad ? Elle est, on ne peut plus «brumeuse», si l'on tient compte qu'ils déclarent ne vouloir, ni la victoire, et donc du maintien du régime, ni celle des groupes islamistes extrémistes, qui, au cas où ils déferont ce régime, ne feront aucune place à leur protégée qu'est l'opposition syrienne, dite modérée.

Sous prétexte que l'Etat islamique menace l'Etat irakien, au bord de l'effondrement, suite à la déroute que ses combattants ont infligée à l'armée de Bagdad, les Etats-Unis s'activent à former une coalition internationale, dont la «légitimité» leur servirait d'écran à une intervention militaire, incluant comme champ opérationnel le territoire syrien, dont l'Etat islamique occupe une large portion.

Mais en réalité, le volet syrien de cette intervention vise l'objectif de s'en prendre également aux forces du régime de Damas. Ce que les pétromonarchies de la région mettent comme condition, pour leur adhésion à la coalition que John Kerry s'active à mettre en place. Elles ont même plaidé pour que le Front Al-Nosra, pourtant qualifié d'organisation terroriste, ne soit pas la cible de cette intervention.

Pour qu'il en soit ainsi, ce groupe islamiste extrémiste, «conseillé» par ses sponsors monarchiques, fait depuis peu des gestes, dont il espère qu'ils auront pour effet d'atténuer la réputation sanglante et extrémiste qui est la sienne, auprès des Occidentaux.

D'ici à ce que ce le Front Al-Nosra ne soit comptabilisé parmi les membres de la coalition anti-Etat islamique et anti-régime syrien, dans le même temps, il s'écoulera peu de temps, car les Saoudiens, les Qataris, et même la Turquie et la Jordanie, y travaillent fébrilement auprès des Occidentaux.

N'ayant pas le projet d'instaurer un Califat islamique, dont la seule évocation terrorise les émirs, le Front Al-Nosra ne les inquiète pas, car ayant pour doctrine religieuse le wahhabisme, dont leurs Etats sont les propagateurs. Son arrivée au pouvoir, à Damas, arrangerait les affaires de l'Arabie saoudite et des émirats du Golfe.

Pour les Syriens, cela reviendrait à échanger une dictature laïco-communautariste contre celle d'un groupe religieux, non moins dictatorial, et absolument plus rétrograde.

Ce que les Occidentaux s'apprêtent à leur imposer, en se prêtant servilement aux exigences des pétromonarchies, pour qui cette issue au conflit syrien est un objectif au service duquel ils ont mis toute l'influence dont elles disposent, grâce à leurs faramineuses ressources financières et énergétiques.

 

Kharroubi Habib

Irib