En même temps, Tel Aviv craint que l’élimination de Daesh en cette période n’ait un impact négatif sur les intérêts d’Israël car ce qui intéresse cette dernière c’est de prolonger la confrontation interne en Syrie.
Alors que le monde s’inquiète des atrocités commises par l'organisation terroriste Daesh, l’entité sioniste est plus préoccupée par l’impact de ses crimes sur le programme nucléaire iranien.
Autrement dit, elle s’inquiète du fait que l’attention internationale baisse concernant le dossier nucléaire iranien, pire qu’il y ait un rapprochement possible avec l'Iran dans le cadre de la nécessité pour l'Occident de lutter contre le terrorisme Daesh. Une convergence d’intérêt que l’Iran pourrait saisir pour servir son programme nucléaire.
Ces préoccupations israéliennes surviennent au moment où les négociations doivent reprendre bientôt entre l'Iran et les grandes puissances.
Ainsi, le ministre des affaires stratégiques Yuval Steinitz, a affirmé lors d'une séance de la commission des affaires étrangères et de la sécurité à la Knesset hier, qu’après dix ans de négociations le résultat est que "le régime iranien se rapproche plus de l’acquisition de l’arme nucléaire".
Steinitz souligne que « Téhéran a fait quelques concessions mais sa position sur la question principale, à savoir l'enrichissement d'uranium, n'a jamais changé », ajoutant qu’ « Israël fait tout son possible pour empêcher la conclusion d’un mauvais accord entre les deux parties, meme s'il est parfaitement conscient de la limite de son pouvoir d’influence ».
Il faut dire que Steinitz en tant que chef de la délégation israélienne, compte se rendre à Washington la semaine prochaine pour coordonner les positions entre les deux pays en vue de la reprise des négociations entre l'Iran et les grandes puissances.
La délégation comprendra, en plus de Steinitz, le conseiller à la sécurité nationale dans le cabinet du Premier ministre, Youssi Cohen, et le chef du département et de la stratégie du ministère des Affaires étrangères, Jeremy Ascharov, et d'autres fonctionnaires de la Division du renseignement militaire et de la Commission de l'énergie atomique sans compter des gens du Mossad et du ministère de la Sécurité .
Selon le journal Haaretz, les négociations sur le programme nucléaire iranien font partie du dialogue stratégique annuel entre Israël et les Etats-Unis.
En ce qui concerne les préoccupations israéliennes, le quotidien estime qu'«Israël veut s'assurer que ce qui se passe en Irak, ne conduira pas à un changement dans la position des pays occidentaux envers l'Iran ». En effet, le scénario que craint l’entité sioniste est celui d’une coopération entre l'Iran et les Etats-Unis en Irak, où se trouve le principal champ de bataille contre l’«Etat islamique» ou Daesh.
Scénario qui a évolué en hantise chez les responsables israéliens et ce malgré les assurances des responsables américains qui ont clarifié à Israël, il y a deux mois, que la lutte contre l’«Etat islamique» et le programme nucléaire iranien sont «deux questions tout à fait distinctes».
Mais ce qui a augmenté les appréhensions israéliennes, c’est le soutien iranien- applaudi par les Etats-Unis- à Haider Abadi, au lieu de Nouri al-Maliki au poste de Premier ministre.
Selon un responsable israélien, cité par le site d’informations israélien Wallah « si cela avait eu lieu avant trois années, l'Iran aurait protesté et jugé une telle nomination comme une ingérence dans les affaires intérieures de l'Irak, au lieu de cela elle a soutenu l'initiative américaine et a donné son feu vert » .
A ce titre, l’ex- président de l'Institut d'études de sécurité nationale et ancien chef de la Division du renseignement militaire (AMAN), le général Amos Yadlin, a affirmé que « le danger immédiat pour Israël de la part de Daesh est que ni Israël ni le monde n’est préoccupé par le programme nucléaire iranien ce qui constitue en soi une véritable menace stratégique, à la fois pour la sécurité du monde ou pour la sécurité d'Israël ».
Dans son dernier article paru dans le journal Yediot Ahronot, Yadlin indique que « l'objectif stratégique de la politique de sécurité nationale israélienne reste inchangée: empêcher le développement nucléaire de l'Iran, empêcher la conclusion d’un accord entre l’Iran et les grandes puissances, car cela réduira le contrôle sur ses activités nucléaires et préservera sa capacité de se lancer dans l’armement nucléaire dans un laps de temps court ».
Quant à la menace de Daesh sur Israël, Yadlin estime qu' « elle n'est pas fondamentalement différente de la menace d’Al-Qaïda, en ce sens que cette dernière coexiste avec Israël depuis plus d'une décennie ».
Un chercheur au Centre d’études de Moshe Dayan sur le Moyen-Orient et en Afrique», Nahum Shilo, a publié un article sur le site Wallah dans lequel il souligne que «toute intervention militaire américaine contre Daesh en Irak ou en Syrie, impose aux États-Unis de coordonner avec les forces militaires pro-iraniennes ».
Selon Shilo « l'Iran est le plus grand gagnant des exploits de Daesh sur le terrain, car il sera en mesure de demander aux États-Unis de fixer un prix en échange de ses services dans la guerre contre Daesh. Ce prix pourrait être une certaine flexibilité de Washington dans les pourparlers de Genève, accompagné d’une levée des sanctions économiques ».
Shilo a souligné que « l'élimination de Daesh en cette période aura un impact négatif sur les intérêts d'Israël car ce qui intéresse cette dernière c’est de prolonger la confrontation interne en Syrie, afin d’affaiblir les deux parties, et permettre ainsi à Israël de préparer de nouvelles solutions de rechange afin de traiter avec la nouvelle situation en Syrie ».
Shilo a noté que « le règlement du conflit en faveur du régime du président Bachar al-Assad constituera un défi militaire et politique pour Israël », soulignant que « ce résultat signifie le renforcement de l'axe iranien dans la région ».