« C’est une tentative d’éviter de condamner Daesh que de condamner le Hezbollah »,
Rien d’étonnant que dans la nouvelle tactique de sa stratégie médiatique et politique, le courant du Futur assimile le Hezbollah à la milice takfiriste Daesh.
Ce parti fondé par le défunt Premier ministre libanais Rafic Hariri est en campagne contre le parti de la résistance libanaise depuis belles lurettes, extérieurement depuis la guerre israélienne contre le Liban en 2006.
Le but qu’il affiche est de désarmer le Hezbollah et de confier la stratégie militaire de la défense du Liban à la structure étatique.
Mais son but réel, celui de mettre fin à la participation du Liban à l’axe de la résistance contre l’ennemi sioniste n’est jamais déclaré.
Tout observateur avisé ne peut qu’en déduire que la finalité d’une telle revendication est de conclure un accord de paix avec Israël, à l’instar de l’Égypte, de la Jordanie, sans oublier l’Arabie saoudite et les autres pays du Golfe, en catimini.
Mais rares sont les partisans de ce courant qui l’affichent ostensiblement. Après la libération du sud en l’an 2000, la communauté sunnite au Liban soutenait fervemment la résistance. À plus de 80%. Elle l’est restée jusqu’en 2006, date du lancement de cette campagne de diabolisation. Au fil du matraquage médiatique et politique, ce soutien s’est érodé. Mais il s’est toutefois fixé autour de 30%.
Les tentatives d’amadouer voire de tromper la communauté sunnite explique entre autre les moyens sournois déployés par ce parti qui ne dévoile jamais ses réels objectifs.
Car dans les faits, c’est depuis l’assassinat de Rafic Hariri en 2004 que certains caciques du courant du Futur se sont mis à diaboliser le Hezbollah, en lui pointant le doigt accusateur. Mais les révélations en grandes pompes d’un accord tacite entre le défunt Rafic Hariri et le numéro un de la résistance Sayed Hassan Nasrallah pour préserver la résistance jusqu’à la fin du conflit arabo-israélien aura eu pour effet d’adoucir leur ton, de reporter leurs stratèges.
Mais à aucun moment, avant ou après 2006, ils n’y ont renoncé. Il y eut des épisodes clés : lorsque le Premier ministre Fouad Siniora a ordonné le démantèlement du réseau de téléphonie du Hezbollah et l’expulsion d’un directeur général de l’aéroport et l’affrontement qui en ont débouché en 2008. Durant les rencontres du dialogue national. Avec le lancement du Tribunal spécial sur le Liban et les accusations qu’il a proférées... et jusqu’au soutien à l’insurrection contre le pouvoir syrien.
Parmi les menaces utilisées par le courant du Futur, a été brandie celle de «réveiller le géant sunnite», comme le disait certains de ces caciques. Accusant le Hezbollah d’extrémisme chiite, ils prévoyaient l’éclatement de l’extrémisme sunnite. A défaut de défendre politiquement et rationnellement leur cause, voire pour mieux la camoufler, ils se sont employés à attiser les différences communautaires et dogmatiques.
Embarrassés par la montée en puissance de Daesh (et du front al-Nosra), le Futur réagit par « réflexion », c’est-à-dire en accusant autrui de ses propres vices, et en usant des amalgames les plus pervers et les plus mensongers. Alors qu’aucun dénominateur commun ne peut assimiler le Hezbollah à Daesh.
Ce n’est pas par hasard que ce soit de nouveau Siniora qui se lance dans cette diatribe manipulatrice, d’autant qu’il s’adressait à un auditoire chrétien, particulièrement préoccupé par la volonté de Daesh d’envahir le Liban.
« Je considère que vous, qui êtes réunis ici, êtes beaucoup plus proches de moi, bien beaucoup plus que de ceux qui brandissent à Téhéran la bannière de la wilayat el-Fakih qui franchit les frontières politiques et de ceux qui brandissent la bannière du calife gouverneur de Mossoul et Raqqa. Parce que vous ressemblez au Liban, au peuple libanais, et à l’histoire du Liban, à son présent et son avenir », a dit Siniora depuis deux jours.
Bien entendu, il n’a pas manqué de critiquer « ceux qui envoient les jeunes à la mort », en allusion à la participation du Hezbollah en Syrie.
Ces derniers temps, la plupart des communautés libanaises, dont les sunnites modérés saluent ce qu’elles considèrent être, en plus du courage du Hezbollah, mais aussi sa sagacité ! Voir Walid Joumblatt, ancien allié du Futur et qui s’en démarque de jour en jour.
Et Siniora donne son explication de la montée de cet extrémisme, en occultant ses réelles causes, comme pour le justifier : « la tyrannie, le despotisme, l’interdiction des libertés sont les proliférateurs de l’extrémisme » dit-il, en donnant comme exemple les cas irakien, libyen et syrien.
Il ne faut pas s’attendre à ce qu’il l’attribue à la pensée religieuse qui la régit, le wahhabisme, lequel apostasie tous ceux qui donnent une lecture différente de la sienne du Texte sacré. Pour la simple raison que c’est la religion d’Etat en Arabie, son parrain régional. Il n'explique pas non plus pourquoi les ingérences de sa majesté le monarque d’Arabie dans le pays des cèdres (et en Syrie... et en Irak... et au Pakistan.. et en Afghanistan..) sont permises et ne sont pas elles aussi transfrontalières !
Cette tentative de Siniora et avant elle celle du ministre de la justice, Achraf Rifi, (également un cacique du Futur et ancien chef des Forces de sécurité générale), tente aussi de camoufler les dénis têtus de son courant et du camp du 14-mars de reconnaitre la présence d’Al-Qaïda au Liban et son influence dans la région. Dénis qui se sont avérés incorrects, si ce n’est mensongers, et qui dévoilent par derrière les ébauches vicieuses de couvrir cette milice criminnelle.
« C’est une tentative d’éviter de condamner Daesh que de condamner le Hezbollah », explique un responsable du Hezbollah pour le journal assafir, sous le couvert de l’anonymat.
Selon lui, elle cache en elle une velléité de fournir un environnement favorable à Daesh, au niveau populaire, parce que le Futur n’a nullement l’intention de l’affronter pour des raisons aussi bien électorales que politiques et pour ses intérêts.
« Cela fait aussi partie du plan mis au point pour ternir l’image du Hezbollah et l’acculer sans cesse en position d’accusé. Cette politique ne date pas d’hier. Elle remonte à plusieurs années. Elle incarne la pensée exterminatrice culturellement et politiquement de ceux qui sont par derrière », poursuit ce responsable.
Une extermination qui montre qui s'assimile le plus à Daesh, lequel se concentre sur l'élimination physique surtout.
Bien plus qu'ils ne se ressemblent, le Futur et l'Etat Islamique se complètent.