29-11-2024 05:55 PM Jerusalem Timing

Ukraine: Poutine en position de force..

Ukraine: Poutine en position de force..

"Après l’intervention de ses soldats en Ukraine, Poutine n’a pas besoin d’une trêve, c’est l’Ukraine qui en a besoin. On ne peut vaincre Poutine que par la force mais l’Ukraine n’en a pas les moyens"


L'annonce mercredi d'un cessez-le-feu imminent dans l'est de l'Ukraine survient à un moment très opportun à la fois pour Kiev et pour Moscou : l'armée ukrainienne est en effet incapable d'y mater la rébellion prorusse tandis que Moscou cherche à éviter de nouvelles sanctions occidentales, selon des analystes.
   
Le président ukrainien Petro Porochenko a annoncé s'être mis d'accord avec son homologue russe Vladimir Poutine sur un "régime de cessez-le-feu" après leur entretien téléphonique mercredi à la veille d'un sommet de l'Otan qui doit formuler une réponse à l'"agression russe" en Ukraine, l'Union européenne ayant de son côté donné à la Russie jusqu'à la fin de la semaine pour changer de cap sous peine de nouvelles sanctions.
   
Accusé par les Occidentaux de soutenir les séparatistes et d'avoir déployé ces derniers jours des troupes régulières en Ukraine, le Kremlin a souligné qu'il n'était pas "partie prenante au conflit" et ne pouvait donc pas discuter d'un cessez-le-feu.  
 
 
Mais l'homme fort de la Russie a par la suite présenté un plan en sept points de règlement de la crise en Ukraine, disant espérer un "accord final" entre Kiev et les rebelles prorusses vendredi. Ces derniers ont laissé entendre qu'ils étaient prêts à mettre fin aux actions militaires si l'armée ukrainienne se retirait des localités situées dans la région.
   
"Cela ressemble étrangement à une manoeuvre russe pour contrecarrer les sanctions européennes", écrit mercredi Holger Schmieding, économiste en chef de la banque allemande Berenberg Bank dont le siège est à Londres.
   
"Dans le passé, la Russie n'a pas tenu ses engagements (...) mais face à la menace d'une réponse plus dure de la part des Occidentaux, il y a un maigre espoir que Poutine s'arrête et que le conflit soit gelé", ajoute-t-il.
 
   
Sur le terrain: les Russes, en position de force
   
Après une série de succès militaires, les forces ukrainiennes ont cédé du terrain ces derniers jours et ont perdu au moins 87 hommes dans une bataillepour la ville stratégique d'Ilovaïsk où elles ont été encerclées et confrontées aux "forces russes", selon elles.
 
Moscou dément toute implication dans le conflit, mais des témoignages se multiplient en Russie de la part de proches de soldats russes tués ou blessés en Ukraine.
   
"Il faut que les gens cessent de mourir", a résumé mercredi le président ukrainien, le conflit ayant déjà fait 2.600 morts en moins de cinq mois.
   
"On est actuellement dans une situation dans laquelle toutes les parties pourraient accepter la fin des hostilités", analyse Olexandre Souchko, directeur de l'institut de la coopération euratlantique à Kiev.
 
Pour l'Ukraine, il est "impossible" en l'état actuel des choses de chasser les séparatistes de l'Est et le cessez-le-feu est "un compromis qu'on peut accepter et qui correspond aux intérêts nationaux", souligne-t-il.
   
Ce pays a relancé son projet d'adhésion à l'Otan et a demandé qu'une "aide pratique" soit décidée au sommet jeudi et vendredi au Royaume-Uni, mais les options sont très limitées, selon les experts. L'Union européenne a d'ores et déjà rejeté la demande de Kiev de lui fournir des armes.
   
 
Quant aux Russes, ils sont en position de force : "Leurs troupes ont réussi à élargir le territoire contrôlé en Ukraine, prendre position sur la côte et menacer le port stratégique de Marioupol (sur la mer d'Azov), ce sont des positions très fortes avant des négociations", ajoute Olexandre Souchko.  
 
 En même temps, Vladimir Poutine "paie cher pour sa politique dans le Donbass et il peut accepter une certaine désescalade à cette étape", note l'expert ukrainien tout en disant douter du respect d'un cessez-le-feu s'il est décidé.
   
Même son de cloche chez l'expert ukrainien Vassyl Filiptchouk, du centre international d'analyses stratégiques à Kiev.
   
"Après l'intervention de ses soldats en Ukraine, Poutine n'a pas besoin d'une trêve, c'est l'Ukraine qui en a besoin. On ne peut vaincre Poutine que par la force mais l'Ukraine n'en a pas les moyens", souligne-t-il.
   
"Le temps joue pour Poutine", renchérit l'expert russe Nikolaï Petrov. "Il prend l'initiative parce qu'il est en position de force. Kiev et les
Occidentaux n'ont pas d'autre choix que d'accepter ces propositions à l'approche de l'hiver", quand les opérations sont plus difficiles à mener.
   
Les dirigeants des Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk Alexandre Zakhartchenko et Igor Plotnitski ont déclaré qu'ils étaient prêts à donner l'ordre de cesser le feu dans l'est de l'Ukraine vendredi.

« Nous sommes prêts à donner l'ordre de cesser le feu le 5 septembre si l'on parvient à aboutir à un accord et si les représentants de l'Ukraine signent un plan de règlement politique du conflit », stipule une déclaration commune de deux dirigeants.

Précédemment le président d'Ukraine Piotr Porochenko a déclaré qu'il donnerait l'ordre de cesser le feu dans l'est de l'Ukraine vendredi à 14H00 au cours de la rencontre du groupe de contact sur l'Ukraine à Minsk.

Depuis le début du conflit, qui a fait près de 2.600 morts en près de cinq mois et contraint plus d'un demi-million d'Ukrainiens à fuir leurs domiciles, Kiev et les Occidentaux accusent Moscou de soutenir les séparatistes de l'Est de l'Ukraine en leur fournissant armes et combattants.
   
Au moins 87 soldats ukrainiens ont été tués dans la bataille d'Ilovaïsk, à 20 km de Donetsk, où ils sont restés encerclés pendant plus de huit jours fin août, a annoncé mercredi un responsable militaire régional.
   

Plan Poutine, une chance pour l’Ukraine

    
Justement quel est le plan de Poutine?


A Oulan-Bator a été annoncé un plan de paix en sept points proposé par le président russe. Il a ensuite été publié en intégralité sur le site du président.

"Premièrement, cesser les opérations offensives actives des forces armées, des unités d'autodéfense armées dans le sud-est de l'Ukraine sur les axes Donetsk et Lougansk", indique le président.

Le deuxième point suggéré par le chef d'Etat propose de retirer les unités militaires ukrainiennes à une distance suffisante pour rendre impossible les bombardements des communes par l'artillerie et tous les types de lance-roquettes multiples.

"Troisièmement, prévoir la mise en place d'un contrôle international objectif et efficace pour veiller au respect des conditions du cessez-le-feu et surveiller la situation dans cette zone de sécurité. Quatrièmement, exclure l'utilisation de l'aviation militaire contre la population civile et les communes dans la zone de conflit", indique le communiqué sur le site présidentiel.

Cinquième point: organiser l'échange de prisonniers au format "tous contre tous" sans aucune condition préalable.

Sixième point: ouvrir des couloirs humanitaires pour les réfugiés et les cargaisons humanitaires dans les villes et les communes du Donbass – les régions de Donetsk et de Lougansk.

"Enfin septièmement, assurer la possibilité d'envoyer dans les communes touchées du Donbass des brigades de maintenance pour réparer les sites d'infrastructure sociale et de première nécessité, leur apporter de l'aide."


Poutine a sorti le grand jeu

Lors de la réception solennelle à l'occasion du 75ème anniversaire de la victoire de la bataille de Khalkhin Gol,  en rappelant des périodes historiques du siècle dernier notamment l'immense importance de cette victoire de Khalkhin Gol qui a permis de repousser de plus de 2 ans l'entrée du Japon dans la Seconde Guerre mondiale.

Vladimir Poutine a rappelé que même pendant la période la plus difficile de la Grande Guerre patriotique pour la Russie, le Japon, allié de l'Allemagne nazie, n'avait pas osé attaquer l'union soviétique, ce qui avait permis fin 1941 de projeter d'Extrême-Orient et de Sibérie des unités vers l'ouest, qui ont joué un rôle décisif dans la bataille de Moscou.

Le chef de l'Etat a également noté la contribution à cette victoire de la Mongolie grâce à la fourniture de matériel militaire, de chevaux, de vêtements chauds et de nourriture.


Toutefois, l'information principale ne concernait pas la visite actuelle. Hier matin, le porte-parole du président russe Dmitri Peskov a déclaré que les dirigeants russe et ukrainien s'étaient entretenus au téléphone.

"Les chefs d'Etat ont échangé leurs points de vue sur les actions prioritaires à engager pour faire cesser le plus vite possible l'effusion de sang dans le sud-est de l'Ukraine", a déclaréDmitri Peskov. Le service de presse de Vladimir Poutine a souligné que les positions des deux présidents concernant les éventuelles solutions pour sortir de crise coïncidaient sur bien des points.


Les USA courent au secours des forces ukraines

Le président Obama a par ailleurs annoncé que des forces aériennes supplémentaires viendraient s'entraîner dans la région des Etats baltes et que 200 parachutistes américains participeraient à un exercice militaire international à la mi-septembre dans l'ouest de l'Ukraine auquel prendront part une douzaine de pays.
   
"Il s'agit d'un exercice de maintien de la paix", a déclaré le colonel Steven Warren, porte-parole du Pentagone.  
   
C'est la première fois que des troupes américaines seront envoyées dans le pays depuis le début de la crise qui met aux prises Kiev et des séparatistes prorusses.
   
Washington et les pays européens ont pris plusieurs séries de sanctions à l'encontre de Moscou, accusé de violer l'intégrité territoriale de l'Ukraine en envoyant des troupes et du matériel militaire.
   
Mais, comme l'a rappelé le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel mercredi sur CNN: "nous n'allons pas aller jusqu'à l'affrontement militaire avec la Russie".
   
L'exercice militaire, annoncé plus tôt mercredi par le ministère polonais de la Défense, doit se dérouler du 13 au 26 septembre à Yavoriv, à environ 60 kilomètres de Lviv, selon le porte-parole du Pentagone.
   
Les manoeuvres "Rapid Trident 14", prévues de longue date, se dérouleront en coopération avec des unités ukrainiennes et réuniront, entre autres, des soldats polonais, roumains, moldaves, bulgares, espagnols, estoniens, britanniques, allemands, lituaniens et norvégiens.


Le Readiness action plan de l'OTAN: un retour à l'ère de la guerre froide

De son côté, l'OTAN envisage d'adopter pendant son sommet de jeudi et vendredi au Royaume-Uni un plan de réactivité (Readiness action plan, RAP), en réponse à l'attitude de la Russie dans la crise ukrainienne.
   
L'Otan, qui estime que la Russie a déployé plus de 1.000 hommes sur le territoire ukrainien, compte pouvoir déployer "en quelques jours" des milliers de soldats des armées de l'air, de terre, et de la marine, appuyés par des forces spéciales, selon son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen.
   
Selon le New York Times, l'Alliance atlantique veut mettre sur pied une force de 4.000 hommes capable de répondre en 48 heures, avec le soutien de certains anciens pays du bloc soviétique comme la Pologne, aux mouvements de troupes russes.

 
Le projet de développer des unités très réactives au sein de l'Otan en réponse à la crise ukrainienne devrait coûter "quelques centaines de millions d'euros" par an, a estimé mercredi un général de l'Alliance, estimant que c'est le prix d'une "défense crédible".
   
"Maintenir des gens en alerte, ça a un certain coût mais si vraiment on s'organise bien et si ces forces sont bien préparées, c'est un investissement (...) qui sera rentabilisé très vite dans la mesure où on sera plus efficace", a déclaré le général Jean-Paul Paloméros qui dirige l'un des deux commandements stratégiques de l'Otan à Norfolk (Etats-Unis).
   
"C'est le coût à payer pour avoir une défense et une alliance crédible", a ajouté le commandant suprême de l'Alliance chargé de la transformation dans un entretien à l'AFP.
   
Ce plan de réactivité (Readiness action plan, RAP) pourrait être opérationnel "d'ici la fin de l'année", a expliqué le général Paloméros.
   
"Il faut le soutenir financièrement, mais aussi dans le temps parce qu'il ne suffit pas d'être réactif un mois, deux mois, six mois... A partir du moment où l'Otan a décidé qu'elle devait posséder ces capacités, elle doit les posséder sur le très long terme", a-t-il jugé.
   
Observant que les Occidentaux affrontaient des "menaces protéiformes", le général a estimé que "la réponse est très clairement d'abord des forces crédibles, bien entrainées, bien équipées, modernisées". Mais il faut "aussi des forces très souples d'emploi et très réactives et ça c'est la leçon que nous enseignent l'histoire récente, les crises actuelles (...), le monde va très vite: on l'a vu dans la crise ukrainienne et on le voit dans le sud, en particulier en Irak".
 



Avec Ria Novosti et La Voix de la Russie