Israël est en train de décalquer l’expérience libanaise.
L’entité sioniste se prépare pour occuper les villages druzes du Golan syrien, tout en soutenant les milices armées supposées vouloir y massacrer la population.
Selon des sources sécuritaires libanaises qui se sont confiées pour le journal libanais al-Akhbar, les villages druzes concernés s’étendent du versant orientale de la montagne « jabal el-Cheikh » jusqu’à la province de Damas.
Une région stratégique pour y édifier une barrière de sécurité, similaire à celle qui avait été érigée au Liban dans les années 80 et 90 du siècle dernier.
Le prétexte affiché : protéger les habitants druzes des massacres des groupuscules armés dans cette région.
Les druzes entre Kabboul et Karra
Les medias israéliens ont commencé à faire la promotion de ce scénario, propageant selon le Maariv que ce sont « les druzes du Golan occupé qui adressé une demande aux autorités israéliennes d’annexer la localité Hadar qui se trouve du côté syrien parce qu’ils craignent qu’elle ne fasse l’objet d’attaques meurtrières ».
Une information qui ne rime pas avec les déclarations de notables druzes syriens de cette région, par la voix du grand cheikh Abou Nabih Kabboul, qui a assuré pour al-Kahbar que c’est l’armée syrienne qui dispose du soutien total de sa communauté.
Mais c’est plus précisément l’ancien député israélien druze de la Knesset et membre du Likoud, Ayyoub al-Qarra qui est derrière cette soi-disant revendication.
Cet homme d’affaires affairiste est celui qui a facilité les liaisons entre un certain nombre d’opposants syriens et des représentants du gouvernement israélien et du Mossad, lors de l’éclatement de la crise syrienne, (de l’aveu de journaux européens).
« J’ai des demandes de la part de notables druzes pour les protéger, et à mon tour je demanderai au ministre de la défense Moshé Yaalone d’opérer un remaniement de la frontière pour annexer la localité Hadar au territoire israélien, sinon, il y aura des massacres là-bas », a-t-il déclaré pour le Maariv. Il ajoute qu’Israël se doit de s’ingérer pour y installer une poche sinon les séquelles seront catastrophiques.
Des parties libanaise et jordanienne impliquées
Parallèlement à cette campagne médiatique israélienne, une campagne parallèle est réalisée par des medias arabes et sur les réseaux sociaux, mettant en garde contre des massacres que les terroristes veulent commettre contre les villages druzes, et que l’armée syrienne sera incapable d’empêcher.
On y incite aussi les habitants druzes de la région de Souweïda contre les forces régulières. Selon al-Akhbar, ces incitateurs sont liés à des parties libanaises lesquelles coordonnent avec des parties stationnées en Jordanie, avec l’entière collaboration des services de renseignements jordaniens.
Sur le terrain, il est bien vrai que Hadar fait partie des villages qui font l’objet d’attaques des milices insurgées, qui œuvrent pour les séparer de Damas, les assiéger, contrôler l’autoroute internationale et finalement les envahir.
Or ces milices que Qarra feigne appréhender sont en parfaite harmonie avec Israël.
C’est grâce à l’artillerie et l’aviation israéliennes que la branche syrienne d’Al-Qaïda, le front al-Nosra et ses alliés du Front des révolutionnaires de Syrie se sont emparés la semaine passée du passage frontalier de Quneitra et qu’ils occupent désormais le secteur centrale de la bande qui côtoie le Golan occupé sachant que le secteur sud avait été envahi depuis l’année dernière.
Le Nosra ne combattra jamais Israël
Ce soutien aux milices insurgées au sud de la Syrie n’est d’ailleurs pas un secret de coccinelle en Israël. Les medias israéliens l’évoquent ouvertement, soulagés que l’armée syrienne se soit éloignée de la frontière.
Cela fait d’ailleurs un certain moment que ces medias rassurent l’opinion publique israélienne qu’elle n’a rien à craindre de la milice syrienne d’Al-Qaïda. Mercredi encore, dans un entretien avec la radio israélienne, une source sécuritaire assure que selon les estimations de l’armée israélienne, les miliciens syriens, dont ceux du front al-Nosra ne mèneront jamais d’opérations offensives contre Israël.
« Ni maintenant en plein combat contre l’armée syrienne ni dans l’avenir après la fin de ce combat ».
Cette source indique aussi que l’armée a cependant pris des mesures préventives tout au long de la frontière pour empêcher toute attaque imprévue du côté syrien. « En dépit de ces estimations, nous devons rappeler tout le monde, y compris aux miliciens dans le côté syrien, .., que tout acte contre hostile à Israël veut dire qu’ils perdront leur force militaire », a-t-il ajouté.
Comment Tsahal aide le Nosra
Ces medias expliquent aussi comment l’armée israélienne porte assistance à ces milices takfiristes.
Elle ne se contente pas de leur permettre d’utiliser les territoires qu’elle occupe dans le Golan, pour livrer combat aux soldats syriens réguliers et aux combattants des comités de défense populaires, mais elle leur fournit multiples moyens de combat, et parfois intervient directement.
Dans un reportage de la Première chaine de télévision israélienne, on voit les miliciens entrer dans les territoires occupés par Israël dans le Golan, et prendre des positions de combat contre les unités de l’armée régulière du bataillon 90 tandis que l’armée israélienne surveille ce qui se passe.
Pour sa part, l’AFP a rendu compte Jeudi, que l'armée israélienne a ouvert le feu et atteint une position de l'armée syrienne jeudi sur le plateau du Golan «en représailles à un tir venu de l'autre côté de la ligne de démarcation », a-t-elle indiqué.
Toujours selon l’AFP, les premiers éléments recueillis sur place suggèrent qu'il s'agissait d'un tir perdu provenant des combats entre rebelles et soldats de l'armée régulière syrienne.
Des sources syriennes avaient quant à elles assuré pour al-Akhbar qu’en général, ce sont les rebelles qui tirent sur le Golan occupé pour donner un prétexte à l’armée israélienne de répliquer contre les positions de l’armée syrienne. Ils ont recours à cette manœuvre lorsqu’ils se trouvent en mauvaise posture.
Sous l’œil de la résistance et de l’armée
Pour les services de la résistance libanaise, ces faits n’ont rien de nouveau. Cela fait deux ans qu’ils sont observés. Ils assurent qu’en plus du soutien logistique et opérationnel, Tsahal fournit à ces milices des munitions, des armements, des appareils de communications modernes ainsi que des informations sur l’armée syrienne.
« Les Israéliens voudraient relier le front syrien au front libanais du Jabal al-Cheikh et son invasion des villages druzes lui permettra de contourner le sud libanais, de Hasbayya à Rachayya », assurent des sources sécuritaires citées par al-Akhbar, selon lesquelles l’ennemi israélien est en train de décalquer l’expérience libanaise en formant une sorte d’armée Lahad syrienne.
« En même temps, des forces de résistances syriennes locales sont en train de se former et de s’équiper, tout comme la résistance libanaise », a-t-il avertit.
Et de conclure : « toute avancée terrestre israélienne va enflammer le front sud, elle fera face à une résistance farouche qui va lui infliger de lourdes pertes ».
Il est vrai que l’expérience libanaise ne date pas de si longtemps !