24-11-2024 05:37 AM Jerusalem Timing

La rencontre Obama–Erdogan promet d’être explosive

La rencontre Obama–Erdogan promet d’être explosive

La relation entre la Turquie et Daesh pose problème et pour cause..



Pour  la première fois après 17 mois du face à face entre le président Barack Obama et le nouveau président turc, Recep Tayyip Erdogan, les deux hommes vont se rencontrer en marge du sommet de l'OTAN organisé au Pays de Galles en Grande-Bretagne.

La dernière rencontre entre les deux présidents avait eu lieu  en mai de l'année dernière à Washington, où ils ont décidé de renormaliser les relations avec Israël suite aux  excuses du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu envers Ankara concernant l'incident de la flottille humanitaire  «Marmara».

 Mais Erdogan n'a pas tenu ses promesses et a persisté à utiliser la carte israélienne dans ses calculs internes auprès de l'opinion publique.

Selon l’expert en affaires turques du quotidien libanais aSafir, Mohammad Noureddine , la rencontre entre Obama et Erdogan risque d'être brève : deux questions sont en fait à l’ordre du jour de cette réunion. La question des  écoutes américaines  contre des responsables turcs et celle de la formation d’une coalition internationale – sur  proposition américaine- afin de lutter contre  l'organisation Etat islamique ou Daesh et ce conformément à la résolution 2170 du Conseil de sécurité, qui a appelé à la lutte contre le terrorisme.

Bien que le renforcement du  terrorisme dans la région sert en fait les  intérêts de l'Occident et d’Israël, il n’empêche que  la Turquie a une différente  approche, tant au niveau de ses tactiques que des lignes rouges qu’il ne faut pas violer et donc tout cela fera l'objet de discussion entre les deux présidents.

Or ce qui est étonnant, c’est l’attitude officiel de la Turquie envers Daesh alors que cette dernière détient toujours  49 employés du consulat de la Turquie à Mossoul, sans compter le consul lui-même. Le gouvernement turc a interdit la publication de toute information sur cette affaire dans les médias turcs.

Cependant, le silence sur le consulat de Turquie à Mossoul, en plus du silence concernant la résolution 2170  du Conseil de sécurité, et la question de la formation d'une coalition internationale contre le terrorisme sont pour le moins qu’on puisse dire significatifs.

Mais encore ..

Le nouveau président du parti au pouvoir, le parti pour le développement et la justice, le Premier ministre Ahmed Davutoglu, a omis de citer dans son discours le terme terrorisme au Moyen-Orient, ainsi que dans le programme du nouveau gouvernement, qui doit être soumis au vote de confiance du Parlement, il n’y a aucune référence à Daesh ni même au terrorisme régional.

Et ce mutisme envers Daesh n’a aucun lien avec la prétention de ne pas vouloir nuire aux otages diplomatiques puisque la position laxiste de la Turquie  envers ces organisations terroristes est telle bien avant que Daesh ne s’étende en Irak  ou ne détienne les  diplomates turcs. D’ailleurs, les responsables turcs ont souvent répétés que ces organisations sont la création du régime syrien, pas une seule fois ils les ont  décrites comme terroristes.

Cette position ne transparait pas uniquement dans les discours mais bien plus elle se traduit dans les faits.

 Ainsi le  soutien de la Turquie en logistique, en armes, en argent pour Daesh n’est plus un secret puisque des dizaines de rapports ,  d’articles et d’ enquêtes ont prouvé cette relation par des documents qui sont parus dans les médias occidentaux et turcs, sans compter le discours des dirigeants  en Turquie et  les aveux des chefs de Daesh qui ont avoué qu’Ankara leur a déployé le tapis rouge .

Et souvent les journaux turcs ont publié les noms et les faits de ce qu’ils   appellent la ligne du Jihad qui s'étendait de Ghazi à Alep, et qui s’étend désormais  d'Istanbul à Falloujah. Et n’est-il pas étonnant que la prière de l'Aïd al-Fitr de l’année dernière, a eu lieu dans la banlieue d'Istanbul et que ses organisateurs lancent un appel au jihad et demandent  à prêter serment d'allégeance à Abou Baqr al-Baghdadi, sans que le gouvernement  ne réagisse !!

Encore plus révélateur du  soutien de la Turquie pour ces organisations terroristes en Syrie est la ligne des camions de la mort, des camions que  la justice turque a révélé  leur contenu militaire en  images : des missiles et des munitions. D’où le gouvernement s’est vu obligé de publier un décret interdisant l'inspection de ces camions qui appartiennent au service de renseignement turc, et ce à  n'importe quel point de  sécurité en Turquie alors qu’il avait affirmé qu’il s’agissait d’aide humanitaire destinée aux turkmènes en Syrie.

Autre indice,  Erdogan a approuvé une intervention américaine contre  Damas dans l’affaire des armes chimiques sans une résolution du Conseil de sécurité, alors qu’il s’est fermement opposé  à des frappes aériennes américaines contre Daesh en Irak.

Si l'on tient compte du fait que l'autorité du parti d'Erdogan  est le partenaire, mais aussi le sponsor officiel des  «Frères musulmans» dans la région, on peut comprendre la position de la Turquie envers Daesh et donc celle des  dirigeants des Frères musulmans envers Daesh.  En particulier Sheikh Youssef al-Qardawi , qui a qualifié « la croisade de Daesh » de révolte sunnite contre l’hégémonie des chiites exercée par l’ex-Premier ministre chiite Nouri al-Maliki.

Cette relation entre la Turquie et les Frères musulmans  transparait dans les derniers propos du président du bureau politique de Hamas Khaled Meshaal dans lesquelles il a remercié chaleureusement la  Turquie pour son  soutien à la bande de Gaza, reniant totalement les pays ou les parties qui ont véritablement soutenu les différentes factions de la résistance palestinienne.

Le député Atilla Kart, du parti du peuple républicain a révélé hier que  90 jeunes turcs ont été tués lors de leur participation dans les batailles de Daesh et du Front alNosra contre les forces syriennes.

Kart a souligné que  Daesh jouit en Turquie d’un large  champ d’activités dans un grand nombre de domaines, voire  à Ankara ...


Il a ajouté  que « le soutien turc à Daesh se situe à trois niveaux : le premier consiste en  combattants qui ont participé auparavant dans les guerres en Afghanistan, en Tchétchénie et en Bosnie, le deuxième en la collecte de dons , aussi les associations et les écoles, et le troisième est d’assurer le  déplacement d'un endroit à l'autre pour recruter des jeunes ».

Et de poursuivre : « Ces activités sont protégées soit officiellement ou bien les autorités turques fait semblant d’ignorer ce genre d’activités. Le gouvernement n'explique pas et ne fournit pas de données»..

Et de rappeler que «le soutien du gouvernement a commencé envers l'Armée syrienne libre, puis pour le Front alNosra et aujourd’hui envers Daesh».

Selon des récents  rapports turcs,  quatre à cinq mille combattants d'origine turque se battent dans les rangs de Daesh seul, ce qui reflète combien cette organisation est bien perçue en Turquie.

Selon un récent sondage, 12 pour cent des militants du parti au pouvoir (soit environ trois millions d'électeurs, ainsi que leurs familles) ne voit pas en Daesh une organisation terroriste.