La coopération commerciale et économique entre Moscou et Ankara pourrait devenir l’un des piliers de l’élargissement de l’Union eurasiatique...
La politique antirusse mise en œuvre par les Etats-Unis et l’Union européenne pousse au reformatage de tout l’espace eurasiatique. La Turquie pourrait y jouer un rôle actif. Le gouvernement turc a déjà annoncé sa volonté de créer une zone de libre-échange avec les Etats membres de l’Union économique eurasiatique.
La coopération commerciale et économique entre Moscou et Ankara pourrait devenir l’un des piliers de l’élargissement de l’Union eurasiatique (Russie, Biélorussie, Kazakhstan) au-delà des frontières de l’ex-Union soviétique.
La principale raison pour laquelle la Turquie est en quête de nouveaux partenaires est la dépendance du pays des hydrocarbures importés qui atteint 90% et 98% en ce concerne respectivement le pétrole et le gaz. Selon les experts turcs, le besoin en hydrocarbures augmente tous les ans de près de 5% et cette tendance à la hausse restera d’actualité pour encore quinze prochaines années. Enfin, il ne faut pas sous-estimer les avantages que présente la Turquie côté infrastructures : le pays se trouve à la croisée des principales artères de transport de l’Europe, des pays de la mer Noire, du Caucase et de l’Asie centrale. Ce n’est pas le hasard que la Turquie se montre intéressée par une autre structure eurasiatique, Organisation de coopération de Shanghai (OCS), rappelle le directeur du centre de recherche « Proche-Orient-Caucase » de l’Institut des Etats contemporains à Moscou Stanislav Tarassov.
« L’OCS a accordé à la Turquie le statut de partenaire de discussion. Il est à noter que les politiques et les médias turcs n’y ont alors fait aucune importance. Mais depuis peu la Turquie se montre assez active quant à son adhésion à l’OCS ».
Avec cela il ne faut pas surestimer les perspectives de la réorientation de la Turquie (qui est d’ailleurs pays membre de l’OTAN) vers une intégration eurasiatique. Il y a d’autres acteurs influents qui évoluent dans cet espace, fait remarquer le directeur de l’Institut des études orientales de l’Académie des sciences de Russie Vitali Naoumkine.
« On comprend parfaitement le désir de la Turquie de participer activement à l’intégration tant en Europe qu’en Asie et ce, dans les formats les plus divers. Cependant ce genre de processus impose plusieurs étapes à un pays souhaitant y participer. Il faut par ailleurs tenir compte des intérêts des autres Etats. En ce qui concerne l’OCS il s’agit notamment de l’Inde et du Pakistan ».
La tendance saute aux yeux. Le gouvernement turc a déjà annoncé vouloir utiliser les monnaies nationales dans ses échanges avec la Russie. C’est-à-dire que l’Union européenne qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, va devoir subir une rude concurrence de la part d’un autre acteur économique et commercial. Quant à la participation turque à la fois à l’UE, à l’OTAN, à l’OCS et à l’Union eurasiatique, elle offre une importe marge de manœuvre à Ankara et à Moscou.
La Voix de la Russie