25-11-2024 07:44 PM Jerusalem Timing

Syrie: qui peut être derrière la décapitation de la milice Ahrar al-Cham??

Syrie:  qui peut être derrière la décapitation de la milice Ahrar al-Cham??

Certains dans le mouvement voulaient combattre Daesh et s’allier aux Américains. D’autres, tout le contraire. D’aucuns étaient rongés par le regret pour la perte de la Syrie.Il était l’ennemi numéro un du pouvoir.

47 dont 20 chefs militaires et religieux, à leur tête  Hassan Abboud (photo en bas et à droite):  c'est le bilan final de l’attentat perpétré mardi soir lors d’une réunion des dirigeants de l’une des principales milices rebelles en Syrie, Ahrar al-Cham.

Une catastrophe pour ce mouvement, aux thèses très proches de celles d’Al-Qaïda et qui a été le premier à porter les armes contre les forces gouvernementales syriennes.

Il serait derrière le massacre de Deraa perpétré entre le mois de mars et d’avril 2011, contre une soixantaine de soldats réguliers. C’est à dire quelques jours après l’éclatement des premières manifestations pacifiques en Syrie.

Un massacre longtemps occulté par les medias, mais qui  est sans aucun doute la preuve indéniable de la militarisation de la rébellion contre le pouvoir syrien. Une militarisation qui a précédé la répression qui s’en suivit.

 

 

Dans la cave

Réunis dans la cave d’une maison dans la ville Ram-Hamdane située dans la province d’Idleb, au nord-ouest du pays, les membres du commandement de ce mouvement ont tous péri dans l’explosion d’une bombe placée dans le couloir menant à la salle de réunion.

Selon l’OSDH, ils sont morts soit par des éclats soit par étouffement car ils ne pouvaient pas quitter la pièce.

 

Tout en étant le numéro des Ahrar al-Cham, Hassane Abboud occupait le poste de directeur du bureau politique du Front islamique (FI), coalition de 18 milices, toutes appartenances confondues, et qui combat non seulement les forces régulières syriennes mais aussi les miliciens takfiristes de Daesh (Etat islamique-EI). Ces derniers ont été chassés par les rebelles de la région d'Idleb en mars 2014.

Le FI contrôle la majeure partie de la province d'Idleb, à l'exception de son chef-lieu éponyme qui est aux mains du pouvoir syrien.

Parmi les tués figurent aussi aussi Mahmoud Tiba, ( Abou Abdel-Malek le religieux) qui présidait l’Instance religieuse du FI, Abou Talha le militaire, le chef militaire de la milice, Abou Youssef Banach, l’émir du secteur d’Idleb ainsi que le frère de Abboud.

 

Le grand absent !!

La gravité de l'attentat réside surtout dans le fait que la réunion était ultra-secrètes, et seuls les plus proches savaient son emplacement.

Du coup, il en découle que c'est dans les plus proches qu'ils fait chercher ses auteurs. Les soupcçons et les doutes commencent à planer.

 Selon le journal libanais al-Akhbar, le grand absent de cette liste est le réel fondateur des Ahrar al-Cham, Mohammad Ayman Mouwaffak Abou-l- Toute ( Abou-l-Abbas al-Chami). On ne sait pas s’il participait à cette rencontre et il semble étrange qu’il se soit absenté à une réunion aussi importante.

 

Le premier rival  

Dans les coulisses du FI, tout le monde crie au complot. Une source indique que la région de l’attentat est sous l’emprise des hommes de Jamal Maarouf , le chef de la milice du Front des Révolutionnaires de Syrie et n’exclut pas « l’implication d’experts étrangers dans l’attentat ».
Certains ont même accusé Zahrane Allouche, commandant d’une autre milice composante du FI, Jaïch al-Islam. Sans donner d’explication, relate al-Akhbar.

Il est vrai qu’Abboud peut se présenter comme étant son premier rival pour commander le FI.

Dans une vidéo postée sur Youtube, Ahrar al-Cham a annoncé avoir nommé Hachem al-Cheikh, connu sous le nom d'Abou Jaber, comme nouveau chef, et Abou Saleh Tahane comme commandant militaire.

Le groupe a affirmé qu'il serait "plus déterminé que jamais à continuer sur le chemin de la libération de notre nation des dictateurs et la dépendance aux étrangers et de leur arrogance".

 

Bien avant l’ASL

Mais les observateurs s’attendent à ce que la milice se disloque comme une autre milice, al-Tawhid, proche des Frères Musulmans, et qui n’a presque plus de présence, directement après la mort de son chef, Abdel-Qader al-Saleh ( Haji Marea) (Photo à droite). Ce dernier était d’ailleurs un compagnon de route de Abboud, lequel répétait  souvent que son mouvement Ahrar al-Cham avait été fondé bien avant la milice de l’Armée syrienne libre (ASL).

Depuis, et selon al-Hadath News, ce mouvement dispose de liens importants avec des services de renseignements régionaux, surtout les qataris et turcs tout en comptant d’importants courants lesquels ont de commun leur appartenance au courant salafiste proche d’Al-Qaïda. Et il est l’un des premiers à avoir profité de l’expérience des miliciens des courant jihadistes étrangers, connus sous l’appellation des « Mouhajirines ».

Le spectre de Daesh

Justement, et selon le journal libanais assafir, le mouvement des Ahrar al-Cham faisait l’objet de pressions externes et de tiraillements internes sur fond de la position à prendre à l’encore de la milice de l’Etat islamique (EI-Daesh) et sa promiscuité d’Al-Qaïda.

Surtout que certaines de ses brigades ont refusé de combattre l’EI et d’autres ont même fait dissension, pour prêter allégeance à son émir, Abou Bakr al-Bagdadi, dans le gouvernorat de Raqqa ainsi qu’à Deir Ezzor, où ces dissensions ont permis à Daesh d’y étendre sa suprématie.

Toujours selon les sources d’assafir, ce sont près de 5.000 des trente mille miliciens de ce mouvement qui ont refusé de combattre l’EI.
La crise s’était exacerbée par l’indécision des chefs religieux du mouvement avaient du mal à expliquer pourquoi il fallait combattre « les frères de la méthode » de Daesh, lesquels appartiennent à la même école jihadiste que celle des Ahrar  et qu’il est inadmissible pour les frères de la même méthode de s’entretuer.

 

Négocier avec les Américains

En même temps, ce mouvement faisait l’objet d’une surveillance minutieuse de la part de plusieurs services de renseignements régionaux et internationaux. Ils voulaient récolter des données sur ses méthodes et son comportement dans le but de le récupérer, en le démarquant de toute la mouvance d’Al-Qaïda, surtout depuis qu’il s’est emparé du passage frontalier avec la Turquie, Bab al-Hawa et des dépôts d’armements de l’ASL.
Et c’est dans cette perspective que les Etats-Unis avaient annoncé ouvertement vouloir négocier avec ce mouvement.

Signes de conversion

Ces derniers temps, ses dirigeants avaient donné des signes qu’il était disposés à se reconvertir : en rejoignant les rangs de la coalition pro saoudienne du Front al-Nosra et en signant une charte d’honneur révolutionnaire lequel stipulait que le mouvement se démarque des combattants étrangers et en renonçant quelque peu à ses revendications sur l’Etat islamique auquel il aspirait en Syrie.

Ils se sont contentés d’une allusion à l’application de la « charia Islamique », à l’instar de ce qui est courant dans la plupart des pays arabes.
Alors qu’au moment de sa fondation, sa charte s’engageait à mettre en place un Etat Islamique et à refuser la démocratie.
Cette position avait alors encouragé les renseignements qataris à se rapprocher de lui par le biais de la Turquie pour le rapprocher davantage des combattants qualifiés de modérés par les occidentaux.

 

L’aversion pour les laïcs

Les Qataris entretenaient des liens très étroits avec le chef militaire des ahrar al-Cham, Abou Talha, le seul habilité à percevoir et à utiliser l’aide financière et militaire qu’ils offraient au mouvement. Ce qui a d’ailleurs attisé encore plus les rivalités entre ses différents courants.

Certains d’entre eux ne pardonneront jamais à leurs dirigeants d’avoir rejoint les rangs du FI, lequel compte parmi ses 18 milices le mouvement laïc Hazam, très apprécié des occidentaux.

Repentir et excuses  

Le journal Assafir rapporte une altercation intéressante entre un théoricien du mouvement salafiste jihadiste, le jordanien Iyyad al-Kannibi,  et les dirigeants des Ahrar, dont Abou Yazan al-Chami de l’autre. Il était membre du comité de planification du mouvement.

Ce dernier a demandé au premier lequel  accusait la coalition de suivre à la lettre « un agenda étranger », « de cesser de suspecter ou de répudier les factions qui n’appartiennent pas au salafisme jihadiste ».

Il a surtout fait une déclaration retentissante  qui dévoile le changement en cours de son mouvement : «  Oui j’étais un salafiste jihadiste et j’ai été emprisonné dans les prisons du régime pour cette accusation. Aujourd’hui je demande pardon à Dieu et je me repentis et je m’excuse auprès de mon peuple de lui avoir infligé ces batailles donkichotistes dont il pouvait bien se passer».
Une excuse beaucoup trop tardive, et qui concerne aussi les syriens loyalistes.

 

Élément plutôt louche : ce défenseur de la conversion des Ahrar, a présenté sa démission du mouvement, lui et  Abou Youssef al-Badaoui l’émir d’Idleb très peu de temps avant ce mardi fatidique.

La boucle n'est certes pas encore bouclée.
   
      
   

 

Terrain: L'aéroport de Hama sécurisé

Sur le terrain, l’armée syrienne a repris tout l’entourage de l’aéroport de Hama situé dans la province occidentale de Hama.

«  Les combattants qui menaçaient l’aéroport militaire de Hama a partir duquel décollaient les avions de combats  syriens ont été délogés, a indiqué l’OSDH, selon lequel l’opération militaire syrienne a été supervisée par un haut officier Souheil Hussein, connu sous le pseudonyme al-Nimr (le tigre).

En même temps, les forces gouvernementales sont en train d’avancer du côté de la localité de Halfaya, qui est le fief de la milice d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra. Il y est question selon le site d’information al-hadath news de la mort de son commandant général, Abou Ali le sudiste.

Le Nosra a également perdu son chef religieux pour la région d’Idleb, de nationalité jordanienne, dans des tirs d’origine inconnue dans le village al-kiniat dans la province de la ville de Jisr al-Choghour.