La patriarche d’Antioche et de tout l’Orient M. Lahham est derrière l’expulsion d’un sénateur pro israélien d’une rencontre sur les Chrétiens d’Orient et qui a assimilé Daesh au Hezbollah et Hamas.
Ce fut un séjour truffé de surprises que celui des patriarches des Chrétiens d’Orient qui se sont rendus à Washington pour participer au congrès de défense des Chrétiens d’Orient organisé cette semaine.
Il y a eu entre autre l’expulsion d’un congressman pro israélien, après avoir été hué par les participants, pour avoir vanté les mérites d’Israël pour les Chrétiens et assimilé Daesh au Hezbollah et le Hamas.
Il y a eu aussi les aveux surprenants du président américain Barak Obama rencontré en marge du congrès, sur le rôle de Bachar al-Assad pour protéger les Chrétiens d’Orient.
Concernant le premier évènement, son déclic est venu d’un sénateur américain républicain Ted Cruze , qui a tenu à faire sa propagande de conservateur pro israélien durant le diner organisé pour ces guides spirituels d’Orient, en présence aussi de personnalités chrétiennes syriennes, libanaises, irakiennes et autres et aussi avec la participation d’élus américains, républicains et démocrates.
Thème centrale de sa diatribe : chrétiens et juifs devraient s’unir contre tous les autres. « Nous sommes venus ici défendre les Chrétiens, les Juifs et les peuples croyants contre tous ceux avec lesquels nous sommes en désaccord avec leurs préceptes religieux », avait-il dit. Qualifiant l’extrémisme religieux de « cancer multifacette », il s’est emballé contre ce qu’il a considéré être «une campagne d’extermination collégiale menée par des groupes radicaux à l’image de Daesh, le Hezbollah et le Hamas ».
C’est à ce moment que les voix se sont élevées dans l’audience, selon la correspondante du journal assafir, réclamant de le faire taire. Mais il a poursuivi encore plus fort: « les Chrétiens n’ont d’allié meilleur qu’Israël ». A ce moment, ce fut le tollé dans la salle.
Sans tarder, le patriarche Lahham est sorti de la salle « est-il venu pour nous insulter », a-t-il rétorqué. « Ce sont eux qui ont sorti les juifs du Liban et de la Syrie, et de l’Irak », pouvait-on entendre sur la vidéo postée sur You Tube, rejetant de la sorte un muthe de la campagne sioniste sur les raisons du départ des juifs des pays arabes. Et projetant ce mythe sur la condition des Chrétiens et leur appréhensions
Elu pour le Texas depuis 2012, grâce au soutien « the party » financé par un groupe de richissimes juifs, Cruz est connu pour ses positions extrémistes qui prônent les solutions violentes et bellicistes, surtout au Moyen Orient.
Pour le patriarche maronite libanais Béchara Raï: « cet homme a essayé de torpiller le succès et le sérieux de cette rencontre, mais il n’y parviendra pas ».
Finalement, l’un des organisateurs de la rencontre, le président du groupe de Défense des Chrétiens d’Orient, Toufik Baaklini est intervenu pour demander à l’élu américain de partir.
En sortant, celui-ci ne pouvait maitriser son emportement, prétendant que «son cœur pleurait pour les Chrétiens d’Orient ». « Si vous ne serez pas avec Israël et les juifs, je ne m’arrêterait pas », a-t-il conclu en sortant.
Maudite, la Syrie
Bien moins retentissante a été le retrait de la délégation du parti libanais pro saoudien du Courant du Futur qui était également invité à la rencontre. Mais sans aucun lien avec la provocation du sénateur américain, semble-t-il.
Selon le journal al-Akhbar, ses membres, les députés Atef Majdelani, Jean Ogassapiane et le conseiller de Saad Hariri Ghattas Khoury ont été entendus en sortant en train de maudire la Syrie et l’Etat syrien et rien sur les propos de l’élu pro israélien.
M.Lahham de nouveau
A ce titre aussi, le patriarche Lahham s’est distingué.
Il a refusé de participer à une autre séance, consacrée en principe à la condition des Chrétiens, mais qu’il a jugée ambigüe de par ses sujets et la personnalité des intervenants.
Justement, l’un d’entre eux est également un congressman, Chris Smith. Il devait y prononcer une allocution qu’il avait rédigée l’année précédente et dans laquelle il voulait condamner le président syrien Bachar al-Assad et réclamer qu’il soit traduit devant la justice internationale. Ce que monseigneur Lahham a jugé comme étant hors du sujet prévu et « une exploitation de l’occasion pour lancer des positions hostiles aux régimes, aux peuples et à la coexistence ».
Omaba: Bachar a protégé les chrétiens
Pour sa part, le président américain semble s’être efforcé d'éviter de commettre les erreurs des congresmen.
Il a fait la deuxième grande surprise de ce séjour, durant la rencontre de 35 minutes sur les minorités dans la région, avec une délégation des patriarches d’Orient à la Maison Blanche, en présence de la secrétaire d’Etat Suzanne Rice: « Nous savons que Bachar al-Assad a protégé les Chrétiens de Syrie » a-t-il dit.
L’auditoire était d’autant plus étonné, rapporte une source proche de la délégation qui s’est confié pour le journal al-Akhbar, que le président américain a utilisé le terme « gouvernement syrien », à la place de « régime syrien », comme cela était devenu courant dans la rhétorique occidentale ces trois dernières années de la crise syrienne.
L’auditoire était tellement ébahi que personne n’a soufflé mot. Seul un membre de la délégation a eu le courage de lui répliquer : « dans ce cas vous devez cesser de parler d’une opposition syrienne modérée ». Il n’a pas été identifié.
On rapporte aussi que le président américain a parlé des raids que son armée compte mener contre les positions de Daesh en Syrie, en disant qu’ils devraient selon lui « aider le processus politique » en allusion aux deux rencontres de Genève 1 et 2.
Evoquant des erreurs commises en Irak, « que nous ne répèterons plus », Obama a réitéré le soutien de son pays pour l’armée libanaise, estimant que « l’armement qui lui a été donné est la meilleure riposte de Washington à Daesh au Liban ».