Ils envisageront l’éventualité d’envoyer des forces terrestres en Irak
Les Etats-Unis ont l'intention de viser les "sanctuaires" et infrastructures du groupe Etat islamique (EI) dans le cadre de ses futures frappes en Syrie, une campagne aérienne "acharnée et longue".
En outre, le Pentagone n'exclut plus d'envoyer certains de ses conseillers militaires au combat pour épauler l'armée irakienne dans son offensive contre les jihadistes, qui contrôlent de larges pans de territoires en Irak et en Syrie voisine.
"Si nous en arrivons au point où j'estime que nos conseillers doivent accompagner les troupes irakiennes dans leur offensive contre des cibles de l'Etat islamique, c'est ce que je recommanderai au président" Barack Obama, a déclaré le général Martin Dempsey, le plus haut gradé américain lors d'une audition au Sénat.
Ces missions se feront "au cas par cas", a-t-il ajouté.
Ces déclarations contrastent avec les assurances répétées de Barack Obama de n'envoyer aucune troupe américaine au combat en Irak, un peu plus de deux ans et demi après le retrait des derniers soldats américains du pays.
Washington a envoyé près de 300 conseillers militaires pour épauler les troupes irakiennes et quelque 300 autres doivent bientôt arriver.
Depuis le 8 août, les forces aériennes américaines ont lancé 162 raids contre des cibles jihadistes en Irak.
La future campagne aérienne en Syrie, a souligné le secrétaire à la Défense Chuck Hagel lors de la même audition au Sénat, visera "les sanctuaires de l'Etat islamique en Syrie. Cela comprend ses centres de commandement, ses capacités logistiques et ses infrastructures".
Elle "sera acharnée et longue", a renchéri le général Dempsey.
L'intervention des deux hommes devant la commission des Forces armées du Sénat a été ponctuée par les protestations des militants pacifistes du groupe "Code Pink".
Première frappe près de Bagdad
Des 162 raids aériens américains, la majorité ont visé des cibles de l'EI autour du barrage stratégique de Mossoul, au nord du pays. Mais pour la première fois, des avions de chasse américains ont visé une position du groupe près de Bagdad, à 25 km au sud-ouest de la capitale.
La ville de Sadr al-Youssoufiya est située entre le bastion jihadiste de Falloudjah et la zone d'affrontements de Jourf al-Sakhr, où l'armée irakienne appuyée par des milices alliées a du mal à tenir ses positions.
Plus au nord du pays, les combattants kurdes ont repris mardi plusieurs villages chrétiens après des combats contre les jihadistes.
Face à l'offensive lancée contre l'EI, les branches maghrébine (Aqmi) et yéménite (Aqpa) d'Al-Qaïda ont exhorté dans un communiqué commun leurs "frères moujahidines en Irak et au Levant à cesser de s'entretuer et à s'unir contre la campagne de l'Amérique et de sa coalition diabolique".
L'appel se réfère aux divergences entre le groupe EI, qui a pris ses distances avec Al-Qaïda et proclamé un califat sur une partie de l'Irak et de la Syrie, et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, qui est restée fidèle au chef de l'organisation Ayman Al-Zawahiri.
A la coalition anti-EI, les deux branches d'Al-Qaïda "promettent des journées noires", une menace à peine voilée d'actions violentes contre les pays occidentaux et leurs alliés arabes.
Un jet syrien abattu à Raqa
Cet appel commun a été publié au lendemain de l'engagement pris, lors d'une conférence à Paris, par 27 pays arabes et occidentaux et trois organisations internationales "à soutenir le nouveau gouvernement irakien" par "tous les moyens nécessaires, y compris une aide militaire appropriée".
La Syrie a critiqué mardi le fait de n'avoir pas été conviée aux discussions, estimant que "la lutte anti-terroriste ne devrait pas être une (séance) de relations publiques".
Le régime de Damas a perdu mardi un avion militaire, abattu par l'EI alors qu'il était en train de bombarder Raqa, le principal bastion du groupe jihadiste en Syrie, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Par ailleurs, la Turquie, qui ne participera pas aux opérations militaires aux côtés des Etats-Unis, envisage d'établir une zone-tampon le long de sa frontière avec la Syrie et l'Irak.