Un conseiller du ministre iranien des AE l’explique dans un article publié dans le journal libanais assafir.
Le conseiller du ministre iranien des affaires étrangères Mohammad Ali Husseini a expliqué les raisons pour lesquelles la République islamique d’Iran refuse de participer à la coalition contre l’Etat Islamique (EI-Daesh).
Daesh comme Taliban
Dans un article publié dans le journal libanais assafir, Husseini assimile Daesh aux Taliban d’Afghanistan. « Tous deux ont été disséminés par les Etats-Unis pour défendre leurs intérêts stratégiques et redessiner la carte du Moyen Orient », estime-t-il.
Concernant les premiers, le conseiller iranien constate qu’il y avait un double objectif de leur création: le premier étant celui de décharger les énergies islamistes du monde islamique contre le communisme et le second celui d’attiser l’islamophobie en permettant aux Talibans toutes les transgressions et toutes les violences possibles.
« Ce projet a atteint son paroxysme avec le 11 septembre qui a été exploité par les Américains pour fournir le prétexte à leur lutte contre le terrorisme et intervenir militairement en Afghanistan », conclut-il.
Husseini perçoit le même processus de pour l’EI. « Daesh est intervenu dès le début pour éliminer l’Etat en Syrie. En plus de son rôle militaire sur le terrain contre l’Etat syrien, Daesh a utilisé les mêmes procédés que ceux des Talibans en attisant la même haine contre l’Islam», écrit-il.
Il estime que le paroxysme de ce projet a été atteint avec l’annonce du califat islamique, une annonce escortée par la terreur et toutes sortes d’atrocités « ce qui a donné le prétexte pour une ingérence militaire dans la région ».
Un laxisme prémédité
Et l’auteur de s’interroger sur ce laxisme prémédité: « plus de 100 mille personnes ont été tuées aussi bien par Daesh que le Nosra d’une façon atroce et ostentatoire en Syrie, au Liban et en Irak, durant ces trois dernières années, sans pour autant que la Communauté internationale ne bronche pour au moins empêcher le financement de ces bandes criminelles et terroristes et leurs mercenaires. Pourquoi le financement de ce monstre et son ravitaillement en fonds et en armements a-t-il été admis par les occidentaux durant ces trois années ? ».
Les Américains au courant
Concernant l’attaque de Daesh à Mossoul le 6 juin dernier, Husseini rappelle que les documents ont révélé que les Américains étaient bel et bien au courant de ses préparatifs. « Le fait de prétendre qu’ils n’étaient pas au courant de ce plan militaire avec tous les satellites les plus sophistiqués qu’ils possèdent est vraiment une allégation ridicule », estime-t-il. Signalant qu’à ce moment les Nations Unies tiraient la sonnette d’arme en révélant que l’an 2003 a été le plus sanguinaire depuis 2008.
« En trois mois, Daesh a tué quelques 5500 personnes dont 90% sont des civils et puis tout à coup , trois mois après les crimes de Daesh, les Etats-Unis, la Grande Bretagne et le France et l’Otan entrent en jeu et décident de combattre Daesh, sans nullement s’intéresser aux condition de création de cette bande, ni aux facteurs de son évolution », constate-t-il avec suspicion.
Pas de volonté sérieuse
Une suspicion d’autant plus ferme que « tous ces agissements internationaux ne montrent pas du tout qu’il existe une volonté réelle et sérieuse pour couper les ressources militaires et financières de Daesh et de tous les autres groupuscules qui lui ressemblent ».
Parmi ces mesures adéquates négligées, Husseini énumère : « Il n’y a pas de restrictions ou d’interdiction pour proscrire ces groupuscules terroristes, ni des mesures juridiques contre leurs dirigeants et leurs membres, ni même des tentatives de sanctionner les medias qui les soutiennent et les encouragent. Si ces mesures avaient été prises au début, le recours à la force militaire n’aurait aucune raison d’être ».
Le laisser-paser de la Banque mondiale
Il continue en reprenant la comparaison avec les Talibans. sur le laisser passer des institutions financières internationales :
« Comme la Banque Mondiale avait ignoré la circulation des fonds qui provenaient du trafic de la drogue réalisé par les Taliban s en Afghanistan, il a fait de même en ignorant les sources de financement de Daesh. Celles-ci au début provenaient en grande partie de dons étrangers et un peu moins des opérations de trafic et des rançons perçues après des prises d’otage. Et puis il y a eu la prise par Daesh des puits de pétrole à Raqqa en Syrie puis à Mossoul en Irak et le pillage de la Banque centrale à Mossoul ce qui a permis à cette organisation de devenir l’une des plus riches du monde. .. Les rapports signalaient que le pétrole était vendus aux pays voisins, en l’occurrence à la Turquie à des pris très bas entre 25 et 60 dollars pour chaque baril ».
Exon Mobil vend le pétrole de Daesh
S’agissant des chiffres des rentrées pétrolières de Daesh, le conseiller iranien se réfère aux données rendues publiques par Hussein Allaoui, un conseiller du ministère du pétrole irakien et Louay Khatib l’un des membres de la fondation Brookings et conseiller du parlement irakien pour l’énergie.
« Les rentrées pétrolières de Daesh sont de l’ordre de 2 millions de dollars par jour. Chaque jour, 210 camions citernes transportant du pétrole franchissent la frontière irakienne, la plupart vers la Turquie. Alors que des rapports non officiels assurent que Daesh vend l’équivalent de 125.000 barils quotidiennement et que ses rentrées sont entre trois et 5 millions de dollars. Sachant que le pétrole volé par les terroristes de la Syrie est vendu à travers la société Exon Mobil dans les marchés internationaux. Alors que le pétrole de Mossoul est vendu via la société publique de pétrole d’un pays limitrophe de l’Irak et ce avec un soutien américain total ».
Et Husseini de s’interroger : « pourquoi le système bancaire qui adopte les mesures les plus sévères pour empêcher la circulation des fonds iraniens légaux est-il incapable de prendre les mesures adéquates pour empêcher les échanges de millions de dollars qui résultent de la vente par Daesh du pétrole syrien ou irakien alors que Conseil de sécurité détient toutes les méthodes adéquates ? »
Substituer le sionisme par l’Islam : le cancer
Plus encore, estime Husseini, le terrorisme takfiriste et contrairement à ses slogans religieux ne vise qu’à servir les intérêts de l’entité sioniste et ses protecteurs.
« Les objectifs les plus importants de ce scenario ont été de renverser l’Etat syrien, le second étant de répandre l’islamophobie et d’attiser l’animosité contre l’Islam en remplaçant la sionisme par l’Islam... Les atrocités de Daesh ont surclassé celles des Sionistes à Gaza et ont été utilisées pour blanchir les mains des sionistes souillées de sang palestinien. Même le fait de détruire les mosquées, les églises et les mausolées par Daesh donne l’alibi devant l’opinion publique internationale pour mettre à exécution son agenda secret de détruire la mosquée d’AlAqsa pour construire le temple de Sleïmane à sa place ».
Toujours selon Husseini, ce n’est pas par hasard qu’Obama a qualifié Daesh de cancer, le 3 septembre dernier, empruntant un terme qui été utilisé pour la première fois par l’Imam Khomeiny pour décrire Israël !
Cette velléité de substitution n’en est que plus forte avec l’exploitation par Israël du phénomène Daesh.
A ce titre, Husseini rappelle les déclarations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou dans lesquels il dit : « les Etats sunnites de la région devraient savoir qu’Israël n’est pas leur ennemi mais que nous devons lutter ensemble ».
« La fitna de ces takfiristes est bien plus qu’une déviation de la religion islamique. C’est un complot qui correspond parfaitement aux objectifs de l’entité sioniste c’est pour cela que nous voyons que le courant takfiriste ne fait rien contre le projet sioniste et ne vise que les Musulmans. C’est pour cela que l’Iran ne peut en aucun y faire part, parce qu’il est de A à Z au service de ceux qui l’ont mis au point » conclut le conseiller iranien.
Et Husseini de terminer l’article : « la République islamique a été l’un des premiers pays à faire face à toutes les formes d’organisations terroristes et takfiristes armées en Syrie et en Irak ... elle considère que tout projet adopté pour faire face à cette crise n’a aucune chance de réussir tant qu’il n’est pas global, radical et non sélectif et tant qu’il ne vise pas à éliminer ces organisation tout en respectant la souveraineté nationale de l’Irak et de la Syrie ».
Traduit par notre site