Les auteurs des derniers attentats en Egypte affirment agir en représailles à la répression meurtrière lancée par le nouveau pouvoir contre les partisans de M. Morsi
Deux officiers de police ont été tués dimanche dans un attentat à la bombe dans le centre du Caire, a annoncé le ministère de l'Intérieur, les policiers en Egypte étant fréquemment les cibles d'attentats revendiqués par des groupes jihadistes.
L'explosion, très puissante, est survenue devant l'une des entrées du ministère des Affaires étrangères, selon un journaliste de l'AFP sur place. A proximité, un gros arbre littéralement coupé en deux a enfoncé le toit d'une voiture.
Deux lieutenants-colonels de la police ont péri, l'un sur le coup, l'autre a succombé à ses blessures à l'hôpital, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, qui évoque également "plusieurs blessés".
Depuis que l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, des groupes jihadistes revendiquent régulièrement des attentats qui ont fait, selon le gouvernement, des centaines de morts dans les rangs de la police et des militaires.
Les auteurs affirment agir en représailles à la répression meurtrière lancée par le nouveau pouvoir contre les partisans de M. Morsi.
Les policiers de faction devant les édifices publics ou aux postes de contrôle routier sont les principales cibles de ces attentats.
Le groupe jihadiste Ansar Beït al-Maqdess, basé dans le Sinaï et qui assure s'inspirer d'Al-Qaïda, a revendiqué la plupart des attaques pour, selon lui, venger les manifestants pro-Morsi décimés dans les rues par les forces de sécurité dans les mois qui ont suivi la destitution et l'arrestation de M. Morsi.
Plus de 1.400 personnes -des manifestants pour l'immense majorité- ont été tuées dans des manifestations pro-Morsi en quelques mois, dont plus de la moitié en quelques heures seulement le 14 août 2013, quand policiers et soldats ont ouvert le feu pour disperser deux rassemblements au centre du Caire.
Depuis, plus de 15.000 membres ou sympathisants de la confrérie islamiste des Frères musulmans de M. Morsi sont emprisonnés, dont la quasi-totalité de leurs leaders qui, à l'instar de l'ex-président en personne, encourent la peine de mort ou y ont été condamnés dans divers procès.
Des centaines de ses partisans ont également été condamnés à la peine capitale lors de procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente" du monde.
Le pouvoir du nouveau président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée qui avait destitué M. Morsi, a décrété les Frères musulmans "organisation terroriste". Or, la confrérie avait remporté toutes les élections depuis la chute de Hosni Moubarak début 2011, à l'issue d'une révolte populaire.
Ansar Beït al-Maqdess avait revendiqué un attentat qui a tué mardi six policiers dans la péninsule du Sinaï, bastion du groupe jihadiste. Un attentat à la voiture piégée perpétré par ce groupe avait également manqué le peu, en septembre 2013 en plein centre du Caire, le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim accusé par les islamistes d'être l'un des principaux artisans de la répression.
M. Ibrahim avait affirmé il y a une semaine que la police avait tué et arrêté plusieurs jihadistes.