27-11-2024 04:22 AM Jerusalem Timing

Coalition US/OTAN: Pourquoi Kerry veut-il impliquer l’Iran?

Coalition US/OTAN: Pourquoi Kerry veut-il impliquer l’Iran?

Une explication iranienne donnée par l’agence Irib

Quelques jours après la réaction de Téhéran à ses propos concernant l’adhésion de l’Iran à la coalition anti-Daesh, John Kerry a demandé, de nouveau à Téhéran de coopérer avec la coalition.

Les autorités américaines poursuivent leurs efforts, pour convaincre les pays d'adhérer à la coalition internationale qu’ils veulent former contre les terroristes de l’Etat islamique (Daesh).

La semaine dernière, lors d’une audition, devant le Sénat américain, le secrétaire d’Etat John Kerry a annoncé que cinquante pays ont, déjà, adhéré à la coalition internationale, pour combattre les terroristes de Daesh.
Pourtant, lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, samedi soir, le secrétaire d’Etat américain a insisté de nouveau sur la nécessité d’une coopération de la République islamique d’Iran avec la coalition internationale, pour lutter contre les terroristes de l’Etat islamique, (Daesh).
Le lendemain matin, le quotidien "Washington Post" a écrit : «Les Etats-Unis demandent l’aide de l’Iran, pour lutter contre les terroristes de l’EI».  

Mais pourquoi les Etats-Unis insistent-ils pour que l’Iran joue un rôle, dans la coalition contre Daesh, tandis que les hautes autorités iraniennes ont rejeté cette demande ?

La coalition internationale formée de cinquante pays est-elle incapable de se battre contre les miliciens de Daesh ? Quel est le rôle attribué à chacun des pays de cette coalition ? Tandis que les responsables américains ne parlent que du nombre des pays qui adhèrent à cette coalition, quel rôle devrait jouer cette coalition aussi, un rôle politique et diplomatique ? Pour répondre à ces questions, il faut vérifier d’abord le niveau des engagements de chacun des pays qui forment la coalition internationale contre les terroristes de Daesh.

La Grande-Bretagne, allié principal de Washington, qui a annoncé, dès le début, son soutien total à l’action militaire des Etats-Unis, affirme que ses militaires ne participeront pas aux opérations militaires contre les terroristes de Daesh.  La chaîne de télévision CNN a rapporté que Londres ne veut pas envoyer ses militaires dans la région, mais est prêt à envoyer des aides militaires et humanitaires en Irak. Or, depuis un siècle, notamment après la fin de la guerre froide, la Grande-Bretagne a toujours participé aux opérations militaires, aux côtés des Etats-Unis.

Vendredi, les avions de l’armée française ont participé, pour la première fois, aux opérations aériennes contre les positions des terroristes de Daesh. Certains analystes croient que la France pourra remplir ainsi la place traditionnelle de l’armée britannique. Mais d’autres observateurs disent que ces opérations aériennes ne sont qu’un geste plutôt politique, car la France n’est pas en mesure de pouvoir aider étroitement les Etats-Unis dans la guerre contre les terroristes de l’Etat islamique.  
A ce propos, le quotidien "Al-Raï" a écrit: «Les attaques aériennes, en Irak, ont été effectuées, par la France, à la demande officielle du gouvernement de Bagdad. Ces opérations pourraient rendre le terrain favorable à ce que Paris joue, en Irak, un rôle similaire à celui qu’elle souhaite pourvoir joue, en Libye, à la demande du gouvernement de Tripoli. Autrement dit, la France veut participer à la coalition militaire contre Daes, en Irak, afin de pouvoir justifier, ensuite, son implication, dans la crise actuelle, en Libye».

En outre, il faut souligner que la France a annoncé qu’elle participera aux opérations militaires contre les positions des terroristes de Daesh, uniquement en Irak, ce qui veut dire que pour les dirigeants français, l’intervention contre Daesh en Syrie est totalement, exclue.

Il y a ensuite d’autres alliés occidentaux des Etats-Unis, dont la participation à la coalition militaire contre Daesh serait relativement, faible, en raison de leurs capacités militaires limitées. C’est le cas des pays comme le Canada, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, l’Albanie, la Croatie, l’Australie et la Nouvelle Zélande, qui ne pourront jouer un rôle décisif dans la guerre en Irak. En d’autres termes, ces pays ne pourront apporter aux Etats-Unis qu’une aide logistique et humanitaire.

Par conséquent, après la Grande-Bretagne et la France qui pourraient aider de manière significative l’armée américaine dans ses opérations en Irak, il y a la Turquie, qui possède la deuxième grande armée de l’OTAN et qui partage des frontières commune avec l’Irak et la Syrie. La situation très privilégiée de la base aérienne turque à Incirlik, les liens qui existent entre le gouvernement d’Ankara et les groupes armés, en Syrie, et les groupes sunnites, en Irak, auraient pu jouer un rôle très vital, pour la coalition internationale. Cependant, le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan a préféré limiter sa coopération avec la coalition, à un niveau logistique, sans s’attribuer un rôle majeur.
Dans les meilleurs des cas, on pourra peut-être espérer que la Turquie mettra fin à la livraison d’armes aux rebelles, à l’intérieur de la Syrie, et s’abstiendra d’acheter le pétrole volé de l’Irak et de la Syrie, aux terroristes de Daesh. Les experts estiment que la Turquie ne veut pas s’impliquer, dans une guerre contre les terroristes de Daesh. En outre, il y a des analystes qui disent que Daesh et le gouvernement d’Ankara sont dans le même camp et que les Turcs ne veulent pas trahir leurs alliés, en soutenant la coalition formée par les Etats-Unis. En tout état de cause, il serait difficile pour les Américains de voir les Turcs s’abstenir de coopérer avec eux, quelle qu’en soit les raisons.

Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a dit que l’Arabie saoudite est la pièce maîtresse de la coalition internationale contre les terroristes de l’Etat islamique, (Daesh). La Maison Blanche souhaite donc que la France prenne la place de la Grande-Bretagne, et que l’Arabie saoudite prenne la place de la Turquie, dans la coalition internationale contre les terroristes de Daesh. Mais les experts militaires croient qu’il serait une grande erreur de s’attendre à ce que l’Arabie saoudite puisse jouer un rôle majeur dans les opérations militaires. Depuis un siècle, l’Arabie saoudite n’a jamais eu une armée puissante, et Riyad n’est pas capable de jouer le rôle d’un allié militaire important, pour les Etats-Unis. Ces experts croient que, dans les meilleurs des cas, Riad doit se contenter d’assurer le financement des opérations et autoriser les forces de la coalition à se servir de ses bases militaires. En outre, elle peut pousser ses alliés régionaux, dans le Sud du golfe Persique, (Emirats arabes unis, Qatar, Bahreïn, Koweït et Oman), à coopérer militairement avec la coalition internationale.

En tout état de cause, il est difficile d’imaginer l’Arabie saoudite jouer un rôle déterminant, dans les opérations terrestres contre les terroristes de l’Etat islamique, (Daesh), en Irak. En outre, tout le monde sait que le but principal de la participation de l’Arabie saoudite d’entrer dans la coalition américaine est de pousser les Etats-Unis à faire la guerre contre le gouvernement du Président syrien, Bachar al-Assad. Or, il semblerait que la Maison Blanche ne souhaite pas s’impliquer, dans la guerre contre Damas, et d’entrer dans une confrontation géostratégique contre l’Iran et la Russie.

La Jordanie peut, théoriquement, soutenir l’action militaire des Etats-Unis contre Daesh, mais le gouvernement d’Amman craint la réaction de son opinion publique, en raison de la puissance considérable des courants salafistes et takfiristes à l’intérieur de la Jordanie. C’est pourquoi, jusqu’à présent, Amman préfère adopter une position ambigüe. Les autorités jordaniennes ont d’ailleurs annoncé plusieurs fois que leur pays ne participera pas aux opérations militaires contre les terroristes de l’Etat islamique, (Daesh).

Enfin, l’Egypte n’a pas encore adopté de position transparente vis-à-vis du rôle qu’elle veut jouer au sein de la coalition internationale, malgré les déclarations des autorités du Caire et du Président Abdel Fattah al-Sissi, qui soutiennent la guerre contre les terroristes de Daesh. Néanmoins, les grands dignitaires religieux égyptiens ont annoncé, dans leurs communiqués, qu’ils considèrent comme contraire à l’Islam les activités des terroristes de Daesh.

En tout état de cause, en dépit des prétentions du gouvernement américain, qui dit que près de 50 pays ont adhéré à sa coalition internationale contre Daesh, il existe des inégalités et des différends paralysants, à l’intérieur de cette soi-disant coalition. Malgré toute leur propagande, les dirigeants des Etats-Unis savent très bien que pour donner à leur coalition une chance de réussite dans leur action contre Daesh, ils ont strictement besoin d’une coopération de la seule véritable puissance régionale du Moyen-Orient, à savoir, la République islamique d’Iran.