L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest a tué au moins 2.811 personnes sur 5.864 cas depuis le début de l’année, selon le dernier bilan de l’OMS arrêté au 18 septembre.
L'épidémie Ebola est entrée dans une phase de croissance "explosive" avec 20.000 personnes risquant d'être infectées d'ici novembre si les mesures de lutte contre le virus ne sont pas renforcées, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
"Sans une amélioration drastique des mesures", il y aura ces prochains mois, non pas des "centaines" de cas et de morts chaque semaine, mais des "milliers", estiment des experts de l'OMS, dans une étude publiée par la revue New England Journal of Medecine.
"En supposant qu'il n'y ait aucun changement au niveau des mesures de contrôle de l'épidémie", il y aura début novembre 9.939 cas au Liberia, 5.925 en Guinée et 5.063 en Sierra Leone, indiquent-ils, soulignant que sept personnes sur dix infectées meurent de la maladie.
Près de 6.000 personnes, soit trois fois moins, sont infectées actuellement.
"Nous sommes dans une troisième phase de croissance de l'épidémie" qui est "explosive", selon un des co-auteurs de l'étude publiée mardi et directeur de la stratégie à l'OMS, le Dr Christopher Dye.
"Si nous n'arrêtons pas l'épidémie très vite, ce ne sera plus un désastre mais une catastrophe", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Genève.
L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest a tué au moins 2.811 personnes sur 5.864 cas depuis le début de l'année, selon le dernier bilan de l'OMS arrêté au 18 septembre.
La très grande mobilité des populations est un des facteurs de contamination les plus importants, à côté de la lenteur de la réaction à l'épidémie, ainsi que du mauvais état des services de santé des trois principaux pays affectés.
"Au Nigeria, où le système de santé est plus solide, le nombre de cas a été limité jusqu'à présent", a expliqué Christl Donnelly, professeur au Imperial College London et co-auteur de l'étude.
Dans ce pays, qui a enregistré huit morts pour 20 cas, la rentrée des classes a eu lieu lundi sur une partie du territoire mais a été reportée à Lagos, capitale économique et première ville touchée.
L'OMS cherche notamment à enrayer la propagation de la maladie au moment de l'inhumation des corps, les cadavres étant particulièrement contagieux.
Des communautés traditionnelles dans les pays les plus touchés par la maladie, comme au Libéria, continuent à laver les corps pour respecter les rites funéraires, malgré les messages de prévention.
Un centre de commandement militaire américain doit être mis en place dans ce pays où les premiers soldats ont commencé à arriver. Un deuxième groupe, sur les 3.000 militaires américains promis par Barack Obama pour lutter contre l'épidémie, est arrivé dimanche à Monrovia.
Un infirmier mordu
En Sierra Leone, autre pays particulièrement touché par l'épidémie, un infirmier étranger mordu par un enfant atteint a été transféré lundi à Genève, selon le gouvernement suisse, qui estime que le risque que cette personne soit infectée est "très faible".
Cet infirmier, qui travaille pour une organisation internationale basée à Genève, est arrivé en Suisse par un vol privé et a été aussitôt admis aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), qui sont préparés pour l'admission de cas suspects.
L'infirmier devrait rester sous surveillance pendant trois semaines, le temps maximum d'incubation du virus.
L'homme a été mordu samedi par un enfant infecté par le virus dans un hôpital en Sierra Leone mais, comme il portait une combinaison de sécurité, la morsure n'a pas entraîné de plaie visible.
L'OMS a publié mardi une étude par pays retraçant l'évolution de l'épidémie. Elle identifie à postériori le premier cas de contamination par le virus, un enfant de deux ans dans le village guinéen forestier de Meliandou, tombé malade le 26 décembre 2013. Il est mort deux jours plus tard mais personne à l'époque n'avait identifié la vraie cause de sa mort .
Ce village, dans la forêt où les chauves-souris, considérées par les scientifiques comme le réservoir naturel du virus, sont nombreuses, est situé près des frontières du Libéria et de la Sierra Leone. Les mouvements de personnes et la consommation de viande d'animaux contaminés tués par les chasseurs (antilopes, écureuils) ont permis la propagation de l'épidémie, souligne l'OMS.
L'épidémie d'Ebola continue de préoccuper l'ONU à New York, où le Conseil de sécurité l'a qualifiée de "menace pour la paix et la sécurité internationales", une première pour une urgence sanitaire.
Une réunion sur la lutte contre l'épidémie est prévue ce jeudi à l'Assemblée générale des Nations unies.