22-11-2024 07:17 PM Jerusalem Timing

En Europe, des musulmans effrayés se mobilisent contre les "jihadistes" de l’EI

En Europe, des musulmans effrayés se mobilisent contre les

Effrayés par EI, des musulmans craignent d’être assimilés aux actes commis et la radicalisation de certains de ses membres.

Journée contre la haine et l'injustice en Allemagne, marche en Norvège,  campagne twitter à travers le monde lancée d'Angleterre, et appels en France contre l'organisation Etat islamique : des musulmans en Europe se mobilisent contre les jihadistes en Irak et en Syrie.
   
Effrayés par EI, des musulmans craignent d'être assimilés aux actes commis et la radicalisation de certains de ses membres. La mobilisation est toutefois
variable selon les Etats.
   
En Angleterre, la Fondation Active Change a lancé un hashtag "Pas en mon nom" (#notinmyname) qui encourage les twittos musulmans à faire des messages anti-EI. La campagne est un succès avec des milliers de messages sur twitter venant de toute la planète.
   
En France, "les musulmans condamnent de manière très ferme cet +Etat+ qui n'a rien d'islam", affirme à l'AFP Abderrahmane Dahmane, président du Conseil des démocrates musulmans de France, un des initiateurs d'appels lancés récemment contre EI par des responsables religieux, des mosquées et des associations.
   
Mais il reconnait que la plus grande communauté musulmane d'Europe est restée "silencieuse dans sa majorité. Pourquoi? Pour une raison très simple: ils en ont ras-le-bol de l'islamophobie, de la discrimination".
   
"Si nous sommes arrivés à cette situation c'est à cause de la démission (...) des hiérarques musulmans à travers le monde", analyse Ghaleb Bencheikh, président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, soulignant: "Le vocabulaire, les mots de l'islam ont été confisqués par des criminels et des terroristes. Les mots fatwa jihad, califat... ont été dévoyés. Jihad était un effort dans la voie de Dieu, c'est devenu un synonyme de barbarie".
   

No-Future
 
 Et s'il admet que des jeunes sont "tentés par le jihad" en raison de "facteurs endogènes" à l'islam comme "le manque de formation des imams" ou "de discours surannés", il rappelle que la radicalisation est aussi une "réponse au malaise ou à la crise".
   
Pour Abdelasiem El Difraoui, auteur de "Al-Qaïda par l'image" (Editions PUF), "Le musulman moyen est affolé, effrayé";  EI est "une secte qui n'a plus grand-chose à avoir avec l'islam, cela va à l'encontre de l'orthodoxie sunnite".
   
Il souligne que la radicalisation est l'oeuvre d'une "infime minorité".

"Avant on avait les cheveux verts pour aller choquer sa grand-mère. On était punk maintenant c'est plus chic de devenir jihadiste. C'est une forme du No-Future, mais il y a aussi le fait que la jeunesse adore une certaine forme d'ultraviolence", dit-il à l'AFP.
   
"Merah (auteur de plusieurs meurtres en 2012 en France), Nemmouche (auteur présumé d'un attentat meurtrier en mai au musée juif de Bruxelles), ce sont des cas pathologiques, des petites frappes jihadistes, ils avaient Zéro connaissance des textes. Ils devaient connaitre quelques sourates et c'est tout. Ils se radicalisent à une vitesse folle et n'ont pas le temps d'apprendre les textes. C'est de +l'Instant Mujahidin", ajoute-t-il.
   
"Il ne faut pas céder à la tentative de déstabilisation psychologique de EI", conclut-il.  
   
En Allemagne (4 millions de musulmans, soit 5% de la population), quelques 2.000 mosquées, à Berlin, Hambourg, Munich ou Hanovre, ont participé vendredi à une journée "Musulmans contre la haine et l'injustice", à l'appel de l'une des principales organisations de la communauté.
   
Les images avec des musulmans priant notamment à Berlin, dans Kreuzberg, surnommée la petite Istanbul, ont marqué mais le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) relève qu'il existe "un sentiment d'hostilité croissant envers les musulmans". Et Fazli Altin, président de la fédération islamique de Berlin de regretter "que des gens qui ont grandi et été éduqué ici, qui font partie de cette société, doivent encore expliquer qu'ils ne sont pas des criminels".  
   
Spécialiste de l'islamisme, Ahmad Mansour assure que la majorité des musulmans ne soutiennent pas EI, mais certains refusent de voir que l'islam radical peut venir "de leurs rangs. Beaucoup de jeunes pensent qu'EI n'existe pas, que c'est un complot de l'Occident pour discréditer l'islam", explique-t-il dans le quotidien Die Zeit.
   
Parmi les autres mobilisations, quelque 5.000 personnes, selon les organisateurs, ont participé fin août en Norvège à une marche à l'appel de jeunes musulmans derrière lesquelles se sont rangées les principales organisations musulmanes du pays. L'action de prévention est aussi dans les mosquées, selon les imams.