Contrairement aux allégations de la porte-parole de la maison Blanche Psaki
Plus que de l’avoir prévenue ou informée, Washington a coordonné avec Damas dans sa lutte contre Daesh.
Trois canaux sont entrés en jeu pour cette mission auprès des autorités syriennes, assure le présentateur de la chaine de télévision panarabe al-Mayadeen et chroniqueur du journal al-Akhbar Sami Kouleib : l’Irak, les Nations Unies et la Russie.
Il ne s’agissait pas seulement d’informer les autorités syriennes mais de coordonner réellement avec elles. Des informations révèlent aussi qu’il y a eu des messages très positifs de la part de certaines capitales européennes, à leur tête Berlin. Dernièrement, des délégations américains, militaires et des renseignements ont même visité Damas.
Le canal le plus visible a été sans aucun doute celui de l’Irak, par l’intermédiaire du conseiller du Premier ministre, Faleh al-Fayyad. Il a rencontré le président syrien à deux reprises, lui a livré un message sur les cibles et les rendez-vous des frappes et lui a assuré que les sites réguliers seront épargnés. Il ne pouvait avoir obtenu ces données que des Américains en personne.
Toujours selon Kouleib, qui tient ses informations de sources syriennes haut-placées, une démarche similaire a eu lieu à travers l’ambassadeur de la Russie à Damas. Sans compter les informations qui avaient été fournies dans le même sens aux Iraniens et au délégué syrien de l’ONU, Bachar al-Jaafari.
Concernant les démentis américains, poursuit Kouleib, ils font sourire les dirigeants syriens selon lesquels toutes leurs assertions sur ces contacts américains sont enregistrées.
Tout en étant prudents, ils saluent quand même les frappes de la coalition contre leurs ennemis Daesh et le Nosra. Constat syrien pertinent : la Qatar a fait part aux raids alors que son poulain le front al-Nosra risque d’être bombardé aussi.
Les Syriens ne semblent pas inquiétés par les milliers de rebelles syriens que 12 pays comptent entrainer pour les renvoyer combattre le régime. Ce n’est pas la première fois qu’ils essaient de le faire et ils ont déjà échoué.
Ils se sentent d’autant plus rassurés que l’armée syrienne réalise toujours des avancées sur le terrain, les quantités d’armes russes envoyées en Syrie sont en hausse et les positions de l’Iran et du Hezbollah demeurent inébranlables.
Il y a aussi la visite également rassurante de l’émissaire du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Di Mistura et qui est perçu par lui-même comme étant « un aveu de reconnaissance ». Alors que le ministre allemand des Affaires étrangères a dit dans l’une de ses dernières réunions : « toute notre politique sur la Syrie a été un grand fiasco. Nous devons refaire nos calculs ».
Les Américains ont même informé leurs partenaires arabes que la collaboration avec l’Iran, la Russie et Assad demeure une probabilité dans l’avenir. L’essentiel pour lui étant pour le moment « d’extraire le cancer de Daesh de l’environnement sunnite ».
Bien entendu, les dirigeants syriens ne dorment pas sur leurs oreilles non plus. Les garanties américaines données à Damas ne suffisent pas à les rassurer surtout que « l’Histoire des Etats-Unis n’y encourage pas ».
Le plus récent de ces mensonges qu’il garde encore en mémoire est celui de l’Otan à la Russie lorsqu’elle lui a assuré qu’elle ne voulait intervenir en Libye que pour une assistance humanitaire.
Sans oublier non plus que les alliés des Etats-Unis sont ceux-là mêmes qui ont facilité l’avènement du terrorisme en Syrie.
En attendant, deux avions, un américain et un syrien, sont en train de bombarder un même ennemi. Lorsqu’ils se rencontrent, une coordination s’impose.
A partir du journal al-Akhbar