Les musulmans seraient les plus visés par une telle mesure.
Claude Guéant a décidé de durcir les conditions d'accès à la nationalité française pour les étrangers notamment par mariage après la validation de la loi sur l'immigration par le Conseil constitutionnel, se rapprochant ainsi un peu plus de l'électorat du Front national.
Signe de cette volonté, le ministre de l'Intérieur a récemment refusé la nationalité française à un Algérien marié à une Française pour "défaut d'assimilation", jugeant que les conditions dans lesquelles vivait le couple ne respectaient pas le principe d'égalité homme-femme.
Claude Guéant entend désormais dit-il, clarifier une situation qui aboutit à ce qu'environ 130.000 étrangers acquièrent la nationalité française chaque année, dont 16.000 par mariage.
Selon Europe 1, qui a révélé l'affaire, l'Algérien auquel Claude Guéant refuse la nationalité n'a pas commis de faits graves, n'est pas non plus bigame ou polygame et son épouse ne porte pas le voile intégral.
Entendre Claude Guéant commenter ce cas peut laisser penser qu’il en existe des milliers ainsi et qu’il y a urgence de faire « des questions d'identité et d'assimilation des immigrés l'une des priorités de son ministère ».
Quatre années de mariage sont nécessaires pour devenir Français par mariage et le gouvernement peut s'opposer à l'acquisition de nationalité en cas d'indignité ou de défaut d'assimilation, comme une situation effective de polygamie. Pour l'acquisition de nationalité par mariage, elle impose désormais, outre une "communauté de vie effective et matérielle", une "connaissance suffisante" du français.
La maîtrise de la langue sera donc évaluée de manière "beaucoup plus objective" en s'inspirant des référentiels linguistiques européens.
Les affaires de ces étrangers ou néo-français qui ne s’intègrent pas à la société française se sont multipliées ces dernières années et les médias en ont fait leurs choux gras, et les politiques ont opportunément appuyé sur la plaie pour mieux diviser les Français.
Polygamie, excision, non-respect de la femme, voile intégral, prières dans les rues, piscines non mixte, sont presque devenus des sujets marronniers au journal télévisé. Évidemment les musulmans de France sont les principaux visés.
Le but est de distiller l’idée que les musulmans ne sont pas vraiment compatibles avec l’image que l’on se fait de la France.
Pourtant dans une dépêche AFP, Patrick Weill, historien de l’immigration et directeur de recherche au CNRS, a tenu à recadrer le débat en précisant quelques statistiques. Ainsi la France refuserait chaque année à une vingtaine d’étrangers la nationalité par mariage. Dans 90% des cas, la décision est justifiée par un « défaut d’assimilation».
Même en prenant le cas extrême où la vingtaine de refus tient au défaut d’assimilation et notamment la partie liée au rejet des valeurs de la société française c'est-à-dire par les musulmans selon le discours dominant, on a du mal à comprendre l’emballement médiatique sur si peu de cas.
Patrick Weill rappelle qu’il y a eu en 2009, 16 355 étrangers qui ont acquis la nationalité française par mariage. On a donc l’intervention d’un ministre de l’Intérieur, des polémiques qui s’enchainent sur les différents médias, une stigmatisation d’une communauté pour 0,12% de refus.
Claude Guéant devrait s'occuper des vrais problèmes touchant les Français, il pourrait par exemple se pencher sur le rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), où l’on apprend que plus de 50 000 enfants en France seraient victimes de pratiques sectaires qui se traduisent par des « maltraitances physiques ou morales ».
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