23-11-2024 01:26 PM Jerusalem Timing

La civilisation occidentale est-elle vraiment civilisée?

La civilisation occidentale est-elle vraiment civilisée?

L’imposition par la force des valeurs occidentales rappelle vraiment les méthodes utilisées alors par le régime soviétique.

Témoins directs ou participants: tous se souviennent bien de l'euphorie qui régnait à la fin des années 1980 et au début des années 1990 lors des transformations colossales de la société soviétique, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa Gazeta.

Les Russes, fatigués du joug communiste et respirant les premières bouffées de liberté sous Gorbatchev, étaient en grande majorité prêts à accepter toutes les valeurs de la "grande civilisation occidentale" et s'attendaient à ce que l'Amérique les aide à les adopter.

Mais la réalité fut loin des idéaux et des rêves tant attendus. L'économie du pays avait souffert bien plus que pendant la Seconde Guerre mondiale. Des millions de personnes avaient perdu leurs épargnes et leur emploi. La liberté d'entreprise était en réalité une liberté de racket et de banditisme. Et la privatisation a été baptisée, par certains analystes, de "plus grand braquage du XXe siècle".

Evidemment, on ne peut pas blâmer uniquement l'Occident pour ce qui s'est produit, tout comme on ne peut pas nier que la privatisation et bien d'autres réformes ont été menées avec la participation directe d'innombrables conseillers occidentaux, notamment américains. Le fameux rapport du congrès américain publié en septembre 2000 intitulé "La route de la Russie vers la corruption" décrit en détail le rôle de l'administration Clinton, qui a contribué à cette immense tragédie. Ce rapport a rapidement disparu du site du congrès mais il est toujours possible de le retrouver grâce aux moteurs de recherche.

On ignore pourquoi exactement, en dépit de la volonté de la majorité des Russes, l'Amérique n'a pas voulu intégrer la Russie aux organismes économiques, politiques et militaires occidentaux comme elle cherche à le faire aujourd'hui avec l'Ukraine et la Géorgie.

L'Occident n'était probablement pas intéressé par la renaissance de la Russie comme une puissance mondiale et préférait la voir comme pays-croupion lui fournissant des matières premières et un marché pour exporter ses produits.

Mais un miracle s'est produit: la Russie a réussi à se relever et à entrer dans le top-5 des plus grandes économies mondiales. Tout en remettant en question les valeurs de la civilisation occidentale - ou plutôt les méthodes de leur diffusion - en Russie et dans d'autres régions de la planète.

Les bombardements de la Serbie, les révolutions de couleur, le Printemps arabe, l'invasion de l'Irak, l'attaque de la Libye et de la Syrie sans le mandat de l'Onu, des centaines de milliers de victimes, des millions de réfugiés, le chaos, la destruction, l'apparition d'une nouvelle génération de terroristes à côté desquels Al-Qaïda est presque un exemple de modération – tout cela nuit sérieusement à l'image de l'Occident. Et les événements en Ukraine ont dissipé les dernières illusions sur l'UE comme garant de la justice suprême dans le monde.

Récemment, Bruxelles a enfin accepté d'inclure la Russie aux négociations sur la coopération trilatérale UE-Russie-Ukraine et de reporter jusqu'à 2016 l'entrée en vigueur de l'accord d'association entre l'UE et l'Ukraine. On arrive au final à la solution proposée dès le départ par Poutine et Ianoukovitch, ignorée par l'Occident qui a préféré soutenir le coup d'Etat à Kiev suivi de la guerre civile faisant des milliers de victimes, des centaines de milliers de réfugiés et des destructions colossales dans le sud-est de l'Ukraine.

Certes, les valeurs affichées de la civilisation occidentale restent fortes, tout comme les slogans communistes sur l'équité ou la justice. Mais ces derniers temps, l'imposition par la force des valeurs occidentales rappelle vraiment les méthodes utilisées alors par le régime soviétique.

Ria Novosti