"Le partenariat avec les pays arabes réactionnaires pourra être une tactique utile mais il est nuisible pour les intérêts stratégiques américains »
Le nouveau partenariat américano-saoudien dans la lutte contre le terrorisme a fait couler beaucoup d’encre et de salive dans la presse occidentale, qui a mis en doute l’efficacité d’un tel partenariat alors que l’Arabie est le pays qui exporte le plus grand nombre de terroristes au monde.
Sur ce sujet, le chercheur et analyste politique Seymon Handerson a estimé dans la revue « The new Republic » que l’essence de « l’intérêt » américain envers Riyad est le maintien des prix bas du pétrole. Il a mis en garde contre le partenariat de la lutte contre le terrorisme avec l’Arabie, qui a envoyé des jeunes radicaux pour combattre en Afghanistan, en Tchétchénie, en Bosnie et ailleurs.
A cela s’ajoute, les propos de l’ancien chef des renseignements saoudiens Bandar ben Sultan qui a reçu des ordres du roi Abdallah de se débarrasser du président Assad, de contourner le Hezbollah au Liban et de couper la tête du serpent (Iran : ndlr). Bandar avait dit qu’il « obéira aux ordres du roi même ceci nécessitait l’enrôlement de tout jihadiste méprisable qu’on peut rencontrer ».
Pourquoi l’Arabie participe-t-elle aux frappes contre Daesh ? Handerson explique que la famille Saoud continuera à chercher un équilibre entre la menace des terroristes égorgeurs des gens et une frappe stratégique contre l’Iran à travers le renversement du pouvoir en Syrie.
Du point de vue saoudien, l’invasion par Daesh du nord et de l’Ouest de l’Irak a « contribué à la chute de Maliki à Bagdad, considéré comme une marionnette aux mains de Téhéran ».
« Et malgré le soutien officiel saoudien du nouveau gouvernement en Irak, la plupart de Saoudiens considéreraient que Daesh fait le travail de Dieu », estime-t-il.
Tout en mettant en garde Washington contre un comportement hypocrite de la part de Riyad, un autre journaliste, Gary Leupp a écrit au site Counter Punch que la crainte saoudienne de Daesh a poussé le royaume à se soumettre aux pressions américaines et à participer à la campagne contre lui.
Toutefois, comme d’autres journalistes américains, Leupp a indiqué que l’Arabie craint aussi « un mouvement de contestation chiite dans le pays, soutenu par l’Iran et qui menacerait les régions pétrolières du pays et mèneraient à l’indépendance de ces régions du royaume ».
« L’offensive contre Daesh n’est qu’une partie du jeu », ont affirmé des analystes dans des articles à « New York Times ». Selon eux, la participation de Riyad et des pays du Golfe à la coalition internationale « reflète les espoirs de ces derniers que Washington les aide dans le renversement d’Assad en fin de compte ».
Pour le Washington Post, ce partenariat poussera les Etats-Unis à amoindrir les pressions sur les régimes qui ont réprimé le printemps arabe et cesseront de réclamer l’instauration de la démocratie.
Et le journaliste de terminer : « Le partenariat avec les pays arabes réactionnaires pourra être une tactique utile dans certaines campagnes comme celle contre Daesh mais il est nuisible pour les intérêts stratégiques américains ».
Source: alhadathnews