22-11-2024 05:48 AM Jerusalem Timing

Brésil: Dilma Rousseff en position de force à deux jours de la présidentielle

Brésil: Dilma Rousseff en position de force à deux jours de la présidentielle

Un total de 142,8 millions d’électeurs brésiliens sont appelés aux urnes pour élire le président, mais aussi leurs 27 gouverneurs, 513 députés fédéraux, 1.069 députés régionaux et 27 sénateurs (un tiers du Sénat) parmi plus de 26.

La présidente brésilienne de gauche Dilma Rousseff, bien que fragilisée sur l'économie et bousculée par l'écologiste Marina Silva, a repris la main et aborde en force le premier tour de la présidentielle dimanche dans le géant émergent d'Amérique latine.
  
Candidate à un second mandat de quatre ans, l'héritière politique de l'ex-président Lula (2003-2010) est donnée favorite du premier tour dimanche et en ballotage favorable lors d'un probable et encore très ouvert second tour le 26 octobre.
  
Face à la promesse de "la nouvelle politique" incarné par la candidate du changement, l'écologiste Marina Silva, Mme Rousseff se pose en garante des avancées socio-économiques qui ont permis à 40 millions de pauvres d'accéder à la classe moyenne et à la consommation en 12 ans de pouvoir du Parti des travailleurs (PT, gauche).
  
Au terme d'une campagne aux rebondissements digne d'une télénovéla, Mme Rousseff obtiendrait dimanche 40% des voix, selon les deux derniers sondages de la campagne publiés jeudi soir, quelque heures avant le dernier grand débat électoral de la TV Globo suivi par quelque 50 millions de téléspectateurs.
  
L'atypique Marina Silva avait fait une irruption spectaculaire dans la campagne en assumant la candidature du Parti socialiste brésilien (PSB) à la place de son allié Eduardo Campos, tué en août dans un accident d'avion. Elle avait compté jusqu'à 10 points d'avance sur Dilma Rousseff en cas de second tour.
  
Mais cette dissidente du PT, ancienne ministre de l'Environnement de Lula (2003-2008) et fervente évangélique a plié sous la contre-offensive musclée de Mme Rousseff et de la puissante machine électorale du PT.
  
Née dans une famille pauvre d'Amazonie où elle a travaillé dur, enfant, comme récolteuse de latex, Marina Silva serait a priori qualifiée pour le second tour, avec 24 à 25% des voix.
  
Elle garderait ainsi intact son rêve de devenir la première présidente noire du Brésil, dans la perspective d'un second tour équilibré où elle bénéficierait de plus de reports de voix et d'un temps de parole télévisé égal à celui de la présidente.
  
 

"Sans peur"

 Mais il lui faudra d'abord résister au retour d'Aecio Neves, le candidat du Parti social-démocrate brésilien (PSDB), rival historique du PT, qui s'est peu à peu hissé entre 19 et 21% des intentions de vote.
  
Sur TV Globo, les candidats se sont livrés à des joutes croisées prévisibles lors du débat télévisé qui a clôturé la campagne électorale, ultime opportunité de faire bouger les lignes avec le scrutin.
  
Mme Rousseff a mis en avant ses très populaires programmes d'aides sociales en faveur des démunis, le chèque alimentaire "Bolsa Familia", qui profite à 14 millions de Brésiliens, et les 3,6 millions de logements populaires en construction ou déjà livrés de "Minha Casa, Minha vida".
  
Aecio Neves et Marina Silva l'ont matraquée sur sa gestion économique, sanctionnée par la montée de l'inflation (6,5%), quatre années de croissance au ralenti et l'entrée en récession de la septième économie mondiale au premier semestre.
  
Ils ont tenté de la pousser dans ses retranchements sur la retentissante affaire de pots-de-vin versés à des parlementaires de sa majorité par le géant pétrolier public Petrobras.
  
Il s'agit du deuxième grand scandale de corruption qui éclabousse le PT après l'affaire dite du Mensalao, portant sur des achats de vote de députés alliés sous le premier mandat de Lula.
  
Présentée par ses rivaux comme insuffisamment préparée pour la fonction, Marina Silva a exhorté les Brésiliens à "Votez sans peur!", à la fin du débat.
"Qui a le plus de d'expérience et de capacité pour poursuivre l'action entreprise? De compromis réel avec les travailleurs et de détermination pour entreprendre les réformes nécessaires?", leur a demandé sur un ton ferme Dilma Rousseff.
  
Un total de 142,8 millions d'électeurs brésiliens sont appelés aux urnes pour élire le président, mais aussi leurs 27 gouverneurs, 513 députés fédéraux, 1.069 députés régionaux et 27 sénateurs (un tiers du Sénat) parmi plus de 26.000 candidats.
  
Le résultat des législatives, disputées, sur un tour à la proportionnelle, sera connu dès dimanche.
  
Des dizaines de milliers de policiers seront mobilisés pour garantir la sécurité des opérations de vote.
A Rio de Janeiro, les effectifs seront doublés par rapport à la normale, à 22.253 hommes, après une série de fusillades dans plusieurs favelas dites "pacifiées" qui ont fait cinq morts ces derniers jours.