"L’enjeu n’est cependant pas une révolution: il s’agit, sans moyen coercitif, d’exercer une pression politique sur le régime de Bachar al-Assad".
Séparément, ils condamnent avec fermeté la répression sanglante en Syrie. A un échelon régional, ils ont décidé de sanctions. Mais au plan international, et singulièrement à l'ONU, les mêmes pays ont échoué à s'entendre, décrédibilisant leur aura et pouvoir.
L'enjeu n'est cependant pas une révolution: il s'agit, sans moyen coercitif, d'exercer une pression politique sur le régime de Bachar al-Assad.
"Le projet de résolution en débat à l'ONU est un premier texte, une résolution déclaratoire qui ne permet pas le recours à la force", souligne un haut responsable français sous couvert d'anonymat.
La division est si profonde, si remplie d'arrières-pensées, qu'elle a permis à deux poids lourds du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine, détentrices d'un droit de veto sur ses décisions, d'aller jusqu'à boycotter ce week-end des discussions d'experts de l'ONU sur un projet de résolution condamnant Damas.
L'Europe - France, Grande-Bretagne, Allemagne et Portugal notamment -, pousse à l'adoption d'un texte accusant la Syrie d'un soi-disant recours disproportionné à la force pour mater des manifestations.
Le précédent libyen, avec l'adoption de résolutions menaçant Mouammar Kadhafi de Cour pénale internationale et autorisant le recours "à tous les moyens" pour protéger des populations civiles, joue contre Londres et Paris.
Plusieurs capitales, Moscou en tête, jugent qu'avec des hélicoptères engagés dans les combats, les textes onusiens ont été détournés de leur finalité.
A la différence du dossier libyen, "la Ligue arabe n'a pas pris position" sur la Syrie et la peur de l'instabilité est aussi moteur de divisions, relève-t-on de sources diplomatiques. "Un changement de régime en Syrie provoquerait-il une guerre civile dans ce pays ? Si la réponse est oui, alors ne faisons rien", ajoute-t-on de mêmes sources.
A côté de l'Europe, les Etats-Unis donnent de la voix, soutiennent l'approbation d'un texte et ont, comme l'Union européenne, pris des sanctions contre des responsables syriens. "Une transition doit avoir lieu. Si le président Assad ne dirige pas cette transition, alors il doit se retirer" vient de répéter une énième fois la Maison Blanche.
Parmi les pays récalcitrants à l'adoption d'un texte, deux groupes sont à distinguer.
La Russie et la Chine ont le pouvoir de l'interdire à l'ONU. Leurs arguments traditionnels reposent sur un principe de non-ingérence et sur le fait, souligne Moscou, proche de Damas,que la situation intérieure en Syrie ne menace pas la stabilité régionale et mondiale.
Le deuxième groupe est composé de pays émergents comme le Brésil, l'Afrique
du Sud et l'Inde. Candidats à un siège permanent à l'ONU, ces pays peuvent profiter de l'opposition frontale russe et chinoise pour refuser de soutenir un texte. Neuf voix sur les 15 membres du Conseil de sécurité sont nécessaires - sans veto - pour l'approbation d'une résolution.
A la différence de Mouammar Kadhafi, vite mis hors jeu par la communauté internationale, le président Assad ne l'a pas été, pas même par ceux qui sont les plus prompts à condamner son action.
"Il n'est pas trop tard pour Assad mais le temps est compté", disait-on encore récemment de source proche de la présidence française. "Il a perdu sa légitimité en agissant comme il l'a fait. Y a-t-il une possibilité qu'il la recouvre? Oui. Avons-nous beaucoup d'espoirs en ce sens ? Non", avait ajouté cette source.