Les jihadistes "deviennent plus adroits dans l’utilisation des appareils électroniques,ne plantent plus de drapeaux, ne se déplacent plus dans de longs convois et n’établissent pas de quartiers généraux visibles".
Des avions de la coalition internationale ont mené plusieurs frappes mercredi pour aider les forces kurdes à freiner l'avancée des jihadistes Daesh dans la ville syrienne de Kobané.
Trois semaines après avoir lancé le 16 septembre une offensive pour prendre la ville kurde stratégique de Aïn al-Arab (Kobané en kyrde), à la frontière turque, les jihadistes takfiristes du groupe Etat islamique (EI-Daesh) combattaient mercredi rue par rue les forces kurdes des YPG (Unités de protection du peuple kurde), moins nombreuses et moins bien armées.
Six frappes ont été lancées contre les positions de l'EI au sud de Kobané (Aïn el-Arab en arabe) et dans le sud de la ville, selon l'armée américaine.
Grâce à ces raids, "les YPG ont repoussé les forces de l'EI" qui avaient réussi à pénétrer lundi dans la ville, selon Idriss Nahsen, un responsable local.
Mais ces bombardements n'ont pas empêché l'EI de lancer une nouvelle offensive dans l'est de la ville pour "reprendre les zones qu'il a perdues" ces dernières 24 heures et "de violents combats s'y déroulent ", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) après avoir fait état de plus de 400 morts dans les combats en trois semaines.
Des rues 'pleines de cadavres'
Selon le général Martin Dempsey, plus haut gradé américain, pour tenter d'éviter les frappes, les jihadistes "deviennent plus adroits dans l'utilisation des appareils électroniques", "ne plantent plus de drapeaux, ne se déplacent plus dans de longs convois et n'établissent pas de quartiers généraux visibles et identifiables".
Mustafa Ebdi, militant et journaliste de Kobané, a affirmé sur son compte Facebook que "les rues du quartier de Maqtala" dans le sud-est de la ville, étaient "pleines des cadavres" de jihadistes.
Des centaines de civils sont encore dans la ville, a-t-il ajouté, faisant état d'une situation humanitaire "difficile", les gens manquant d'eau et de nourriture.
Le général Dempsey a affirmé que la majorité des habitants avaient fui Kobané mais "il ne fait aucun doute" que les jihadistes vont se livrer "à d'horribles atrocités s'ils en ont l'occasion".
Les militants kurdes ont dit eux aussi craindre des représailles des jihadistes qui sèment la terreur dans les vastes régions sous leur contrôle en Syrie et en Irak, où ils commettent viols, exécutions et persécutions.
S'ils réussissaient à conquérir Kobané, l'EI s'assurerait le contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.
'Zone tampon'
Alors que l'offensive jihadiste a poussé à la fuite quelque 300.000 habitants de Kobané et ses environs, dont plus de 200.000 ont trouvé refuge en Turquie, le président français François Hollande a soutenu l'idée turque d'une création d'une "zone tampon entre la Syrie et la Turquie pour accueillir et protéger" les déplacés.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a aussi plaidé pour une opération militaire terrestre, mais le scepticisme demeure sur la possibilité de voir des troupes turques franchir la frontière.
Si les frappes ont quelque peu aidé les combattants kurdes à reprendre des positions à l'EI, elles ne suffiront pas à sauver Kobané, ont prévenu des experts. Une intervention de troupes au sol, arabes ou turques, Washington ayant exclu une présence autre qu'aérienne, est seule à même de réellement inverser la tendance.
Avec AFP