Le pouvoir dirigé par le parti justice et développement n’a réalisé aucune revendication kurde.
La bataille d’Ain Arabe ou Kobané, la ville kurde en Syrie, a dévoilé l’ampleur de l’hypocrisie turque envers les Kurdes de Turquie avant ceux de la Syrie même. Le Premier ministre turc Ahmad Davutoglu l’a clairement dit : « Si l’objectif est de renverser le régime du président Assad, la Turquie est prête à intervenir à Ain arabe et dans toute la Syrie ».
« A part ça, que Kobané se résigne devant son sort inéluctable, soit sa chute aux mains de Daesh », a ajouté Oglu, alors que le président turc annonçait aux Turcs qu’Ain arabe était « sur le point de tomber » !
Les demandes d’Ankara faites au président de l’union démocratique kurde en Syrie Saleh Moslem, ont révélé à quel point la phobie des kurdes hante l’esprit politique et militaire turc.
Ankara ne veut aucunement une autonomie kurde à Kobané. Cette opposition turque à l’indépendance des kurdes de Syrie reflète le non-respect d’Ankara de la souveraineté de la Syrie ni le droit à l’autodétermintaion de la population kurde dans le pays voisin.
Comment s’attendre donc à ce que les pourparlers avec le chef de l’opposition kurde en prison Abdallah Ogelan puissent résoudre le problème kurde en Turquie ? alors que l’autonomie et l’expression de l’identité kurde sont l’une des revendications kurdes dans les négociations.
Voici donc le comble de l’hypocrisie turque. Erdogan lui-même annonce devant le Parlement que simultanément à la décision d’aller en guerre contre la Syrie, une commission est formée pour avancer dans le processus de la réconciliation interne dans le pays.
Deux ans se sont presque écoulés au début des pourparlers avec Ogelan, le pouvoir dirigé par le parti justice et développement n’a réalisé aucune revendication kurde principale.
Il était clair dès le début que le processus de pourparlers n’est qu’une grande
arnaque pour les kurdes. Les Kurdes connaissaient ceci mais peut-être qu’ils misaient sur un éveil qui n’aura point lieu au niveau de l’idéologie qui gouverne en Turquie. La même idéologie d’ailleurs qui régit la mentalité du parti au pouvoir depuis le début de XX siècle.
Sur ce point, le parti des travailleurs kurde assume la responsabilité de cette arnaque, lui qui a misé sur une résolution de la crise et l’obtention de certains exploits de la part d’une partie que l’on peut qualifier de « raciste et futile ».
Leila Zana, icone de la lutte kurde, a joué un rôle majeur dans l’adoption d’une telle politique. « Seul le parti de justice et développement est capable de donner aux kurdes leurs droits », avait-elle dit, avant de se trouver actuellement dans un état de désespoir à la vue du siège imposé par Daesh de trois directions et par l’armée turque de la quatrième !
Les événements à Kobané ont mis les points sur les « i ». Erdogan a triché les kurdes pendant deux années consécutives, épargnant ainsi au pays les attaques militaires kurdes contre l’armée turque. Ceci a permis à Erdogan de prendre le souffle pour recommencer la bataille contre le parti kurde partout, et recommencer aussi sa bataille visant à renverser Assad en Syrie.
A Kobané, les kurdes présentent un exemple sur le sacrifice et la défense de la dignité contre deux forces des plus hégémoniques : Daesh et les néo-ottomans à Ankara. Si les Kurdes en Syrie et en Turquie ont pris deux ans de retard pour comprendre l’arnaque d’Erdogan, la chute de Kobané ne signifie pas la fin de la lutte, au contraire, elle connaitra la naissance d’une nouvelle période qui poussera le bourreau à regretter son acte!
Traduit du site assafir