L’instauration d’un cessez-le-feu le 5 septembre a certes permis un apaisement du conflit, qui a fait selon l’ONU plus de 3.600 morts en six mois.
Le président ukrainien Petro Porochenko a annoncé samedi une rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine lors d'un sommet vendredi prochain à Milan, au moment où le processus de paix s'enlise dans l'Est de l'Ukraine.
L'instauration d'un cessez-le-feu le 5 septembre a certes permis un apaisement du conflit, qui a fait selon l'ONU plus de 3.600 morts en six mois.
Mais les combats entre forces ukrainiennes et prorusses continuent de faire des victimes, civiles et militaires, tous les jours sur plusieurs "points chauds" sur la ligne de front et notamment dans le fief séparatiste de Donetsk.
Les bilans fournis samedi par les autorités locales font état de quatre civils tués vendredi (trois à Donetsk et un dans la région voisine de Lougansk), tandis que l'armée ukrainienne a annoncé la mort d'un garde frontière dans la région de Donetsk.
En déplacement à Kharkiv, dans l'est du pays et au nord de la zone rebelle, le président pro-occidental a confirmé sa participation au sommet ASEM (Dialogue Asie-Europe) qui réunira des dirigeants de l'Union européenne et plusieurs pays asiatiques les 16 et 17 octobre. Il y rencontrera vendredi Poutine en présence de dirigeants européens dont la chancelière allemande Angela Merkel et les Premiers ministres italien Matteo Renzi et britannique David Cameron.
"Je ne m'attends pas à des négociations faciles" mais "je suis optimiste", a prévenu Porochenko.
Kiev et les Occidentaux, qui ont introduit des sanctions économiques sans précédent contre Moscou, accusent la Russie d'avoir armé les rebelles et
d'avoir déployé en août des troupes régulières pour les soutenir.
Si l'entretien doit se concentrer sur la recherche de la paix dans le bassin houiller russophone du Donbass, les deux chefs d'Etat vont aussi évoquer, selon Porochenko, la coupure des livraisons de gaz russe à l'Ukraine, qui doit faire également l'objet de négociations à Berlin le 21 octobre.
Combats moins intenses
L'idée d'une nouvelle rencontre entre les présidents, mise sur la table cette semaine par le Kremlin, rappelle leur premier entretien lors des cérémonies du Débarquement le 6 juin en Normandie sous le patronage de Merkel et du président français François Hollande.
Depuis, Poutine et Porochenko se sont retrouvés fin août, lors d'une discussion en tête-à-tête en marge d'un sommet régional à Minsk, au Bélarus.
Cette rencontre a été suivie de la signature de l'accord de cessez-le-feu dans la capitale du Bélarus le 5 septembre.
La semaine à venir s'annonce intense sur le plan diplomatique puisque le sommet de Milan sera précédé d'une rencontre consacrée notamment à la crise ukrainienne entre le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et son homologue américain John Kerry à Paris mardi.
Avant cette séquence, l'heure semble à l'apaisement sur le terrain, même si séparatistes et représentants de Kiev s'accusent mutuellement de ne pas respecter l'accord de Minsk, qui était censé permettre la création d'une zone tampon entre les parties.
"Dans l'ensemble, il y a des progrès dans les négociations", a affirmé à Kiev un porte-parole militaire, Andriï Lyssenko. "Nous espérons des résultats importants la semaine prochaine, qui dépendront du respect par la Russie de ses obligations".
Il a ajouté qu'une "diminution de l'intensité des tirs" des rebelles avait déjà été constatée.
Le nouveau gouverneur nommé jeudi par Porochenko pour diriger l'administration de la région de Donetsk, Olexandre Kikhtenko, s'est dit prêt à des discussions avec les rebelles, à condition qu'elles soient "constructives".
"Nous allons exiger de la partie adverse le respect des accords de Minsk et nous allons nous-mêmes les appliquer", a assuré ce général. "Conformément à ces accords, une zone tampon sera formée et les armes lourdes seront retirées à une distance déterminée".
Côté rebelle, le Premier ministre de la république séparatiste autoproclamé de Donetsk (DNR), Alexandre Zakhartchenko, s'est également dit prêt à retirer ses armes lourdes du front à condition qu'un cessez-le-feu soit respecté pendant cinq jours.
Mais des journalistes de l'AFP sur place ont continué d'entendre des tirs réguliers après cette annonce. La ligne de démarcation continue par ailleurs de faire débat: Zakhartchenko a affirmé vendredi un accord avec Kiev sur le sujet qui attribuerait aux rebelles des territoires actuellement contrôlés par les forces loyalistes, ce que Kiev a fermement démenti.