Kerry a lancé dimanche un appel ferme aux Israéliens et Palestiniens à reprendre leurs négociations de paix.
La bande de Gaza "reste une poudrière", a averti dimanche le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon lors d'une conférence des donateurs internationaux au Caire pour la reconstruction de l'enclave palestinienne ravagée par 50 jours d'une guerre meurtrière avec Israël cet été.
"Gaza reste une poudrière, les habitants y ont désespérément besoin de voir des résultats dans leur vie quotidienne" de ces nouvelles promesses financières de la communauté internationale, a déclaré Ban Ki-moon dans son discours.
"En 2009, la communauté internationale s'était déjà réunie" en Egypte pour la reconstruction de Gaza, dévastée par trois guerre ces six dernières années, a rappelé M. Ban. "Nous avions promis notre soutien et nous étions convenus de reconstruire et, aujourd'hui, nous sommes à nouveau ici (...), le cycle construction-destructions se poursuit, il empire", a-t-il regretté.
Kerry lance un appel ferme aux Israéliens et Palestiniens
De son côté, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui va tenter de relancer le processus de paix israélo-palestinien moribond depuis avril, a promis une aide de 212 millions de dollars de Washington pour la reconstruction de Gaza.
M. Kerry était présent au Caire avec une trentaine d'autres chefs de la diplomatie pour cette nouvelle conférence internationale pour la reconstruction de l'enclave palestinienne de Gaza, co-organisée par l'Egypte et la Norvège.
Kerry a lancé dimanche un appel ferme aux Israéliens et Palestiniens à reprendre leurs négociations de paix.
"Un cessez-le-feu, ce n'est pas la paix. Nous devons nous rasseoir à la table (des négociations) et aider les parties à faire des choix difficiles, de vrais choix", a lancé John Kerry, en faisant référence aux pourparlers indirects engagés ces dernières semaines par les deux camps.
"Ces choix dépassent un simple cessez-le-feu parce que même le cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la paix, même le cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la sécurité pour Israël et un Etat et leur dignité pour les Palestiniens", a ajouté M. Kerry.
A l'ouverture, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, dont le pays parraine des pourparlers indirects pour une trêve durable à Gaza, a déclaré à l'adresse d'Israël qu'il était "temps de mettre fin au conflit avec les Palestiniens".
"Nous avons besoin d'une nouvelle solution pour établir un état palestinien avec Jérusalem-est pour capitale", a immédiatement réaffirmé le président palestinien Mahmoud Abbas, assis à ses côtés, pressant la "communauté internationale de faire le maximum pour fixer une limite dans le temps afin de mettre un terme à l'occupation (israélienne, ndlr) et entamer des négociations sérieuses".
Mais la perspective d'une relance des négociations a été fraîchement accueillie par le ministre des Affaires étrangères d'Israël, qui n'a pas été invité au Caire.
"Il faut voir dans quel cadre et sur quels points porteraient ces négociations. Si elles ne portent que sur les exigences palestiniennes alors c'est peine perdu", a tranché Avigdor Lieberman, dans un entretien à un site d'information.
Gaza est à genoux
La bande de Gaza est à genoux après trois guerres en six ans et un blocus israélien de huit ans.
Quelque 100.000 Palestiniens se retrouvent sans abri dans cette bande de territoire exigu et surpeuplé, où 45% de la population active était au chômage avant même cette guerre, dernier avatar d'une crise israélo-palestinienne qui dure depuis près de sept décennies.
L'Autorité palestinienne a présenté un projet de reconstruction de Gaza de 76 pages, pour un montant de quatre milliards de dollars dont la plus grande partie est affectée à la construction de logements.
Le PIB de l'enclave devrait s'effondrer de 20% au cours des neuf premiers mois de 2014 par rapport à 2013. Mais, si le besoin d'argent est énorme, les motifs de réticence sont considérables.
La conférence pourrait produire un montant de promesses élevé, mais "un certain pessimisme est de rigueur, les gens en ont assez de payer sans horizon politique", affirmait récemment un diplomate sous couvert d'anonymat.
Les Etats-Unis sont les seuls pour le moment à avoir pris un engagement pour verser 400 millions de dollars sur un an avec l'ajout de 212 millions annoncé par M. Kerry. Mais l'Europe et les pays arabes devraient aussi promettre des sommes importantes.
Une grande partie de la communauté internationale espère pouvoir miser à terme sur une plus grande stabilité politique à Gaza avec la réconciliation récente entre l'Autorité palestinienne, dominée par le parti nationaliste Fatah de Mahmoud Abbas, et le Hamas, qui contrôle l'enclave mais est considéré comme un mouvement terroriste par Israël, les Etats-Unis et certains pays européens.
Le gouvernement d'union palestinien s'est réuni dans la bande de Gaza jeudi pour la première fois depuis sa formation en juin, après des années de déchirements entre Hamas et Fatah.
Il s'agit d'envoyer aux donateurs un message clair: l'argent destiné à la reconstruction sera bien utilisé par une autorité composée de personnalités indépendantes.