La proposition turque de zone-tampon et de zone d’interdiction aérienne est loin de susciter l’enthousiasme parmi ses alliés.
La Turquie a affirmé lundi ne pas avoir conclu de "nouvel accord" avec les Etats-Unis autorisant l'accès de ses bases à la coalition internationale qui mènent des frappes contre les takfiristes en Syrie et en Irak, démentant des affirmations américaines.
"Aucune décision n'a été prise sur (la base aérienne turque d') Incirlik", a assuré le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu dans une déclaration reprise par l'agence gouvernementale turque Anatolie.
"Il n'y a pas de nouvel accord avec les Etats-Unis", avait précédemment annoncé à l'AFP une source gouvernementale turque s'exprimant sous couvert de l'anonymat.
Dimanche, un responsable américain de la Défense avait déclaré, sous couvert de l'anonymat, que le gouvernement d'Ankara avait autorisé l'armée américaine à utiliser ses installations pour mener des opérations contre le groupe Etat islamique (EI).
"Nous menons d'intenses négociations avec nos alliés, mais il n'y a pas de nouveau développement concernant Incirlik", a confirmé le porte-parole du Bülent Arinç en rendant compte à la presse des travaux du Conseil des ministres.
L'accord actuellement en vigueur entre la Turquie et les Etats-Unis n'autorise l'accès de l'armée américaine à cette base que pour des missions logistiques ou humanitaires.
Située près de la ville d'Adana, elle se trouve à environ 300 km à peine de Kobané et à peine plus de Raqa, le quartier général des forces takfiristes de Daesh.
La Turquie refuse pour l'instant de se joindre à la coalition militaire internationale dirigée par les Etats-Unis au motif que les frappes aériennes dirigées contre les takfiristes pourraient renforcer par ricochet le camp du président syrien Bachar al-Assad.
Soutien à l'opposition confirmé
Les autorités turques ont posé comme préalable à leur participation la création d'une zone-tampon et d'une zone d'interdiction aérienne dans le nord de la Syrie, l'entraînement et l'armement des rebelles de l'opposition syrienne « modérée » et la réaffirmation de l'objectif de renverser l'actuel pouvoir en Syrie.
Pressée par les Etats-Unis de s'impliquer davantage dans la lutte contre Daesh, la Turquie a accepté de "soutenir les efforts d'entraînement et d'équipement" des rebelles de l'opposition syrienne « modérée », un des volets de la stratégie américaine.
Annoncé par Washington, ce premier geste a été confirmé par M. Cavusoglu.
"Avec les Etats-Unis, nous sommes entièrement d'accord sur le projet +équiper et entraîner+", a-t-il déclaré, "en fait, nous sommes parvenus à un consensus là-dessus".
"Nous croyons depuis longtemps à la nécessité de renforcer l'opposition modérée (...) si elle avait été vraiment soutenue par des livraisons d'armes et politiquement, il aurait été possible de faire tomber le tyran Assad", a confirmé M. Arinç.
"Les négociations continuent pour déterminer la meilleure place pour la faire (la formation) sur le territoire turc", a précisé le vice-Premier ministre.
En revanche, la proposition turque de zone-tampon et de zone d'interdiction aérienne, destinée à protéger les secteurs du pays contrôlés par l'opposition, est loin de susciter l'enthousiasme parmi ses alliés.
Elle nécessiterait une résolution du Conseil de sécurité des Nations-unies, et donc l'accord improbable de la Russie, l'un des alliés de la Syrie.