23-11-2024 11:57 PM Jerusalem Timing

Daesh progresse en Syrie et Irak, la coalition s’interroge sur sa stratégie

Daesh progresse en Syrie et Irak, la coalition s’interroge sur sa stratégie

Al-Anbar risque de tomber

Les chefs militaires de la coalition anti-jihadistes se réunissent mardi à Washington alors que la campagne de frappes en Syrie et en Irak n'empêche pas la milice takfiriste de l'Etat islamique (Daesh) d'avancer, notamment à Kobané où il a pris position dans le centre-ville.
   
Le président américain Barack Obama participera à cette réunion, inédite depuis le début de la guerre, entre les chefs des armées de 22 pays engagés dans la coalition internationale.
   
En dépit des raids menés quotidiennement par les avions américains et alliés, les jihadistes takfiristes ont atteint lundi pour la première fois le centre de la ville kurde de Kobané, dans le nord de la Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Jusqu'à présent, ils venaient de l'est, avançaient puis reculaient mais cette fois ils se sont bien installés (au centre). Ils contrôlent désormais la moitié de la localité" malgré la résistance farouche des combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG, branche syrienne des rebelles kurdes turcs du PKK), a précisé Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.
   
L'EI cerne "déjà la ville de trois côtés différents", a indiqué à l'AFP Feyza Abdi, élue au conseil municipal de Kobané et réfugiée en Turquie.
   
Mardi matin, des combats faisaient rage dans les faubourgs au nord qui mènent au poste-frontière turc de Mursitpinar. La coalition a mené une nouvelle frappe aérienne sur la zone, selon un journaliste de l'AFP du côté turc de la frontière et des témoins faisant état de plusieurs raids nocturnes.
   
 

Al-Anbar risque de tomber 

En Irak, les jihadistes sunnites ont encore marqué des points notamment à Al-Anbar, où l'armée n'a eu de cesse de perdre du terrain dans la plus vaste province du pays, dont des insurgés contrôlaient déjà certaines parties depuis le début de l'année.
   
Dans ce territoire de l'ouest de l'Irak bordant la Syrie, la Jordanie et l'Arabie saoudite, le dernier retrait de l'armée est survenu dimanche lorsque 300 soldats ont abandonné le camp qu'ils occupaient près de la ville de Hit.
   
Hit, qui était l'un des derniers bastions du gouvernement à Al-Anbar, est "maintenant contrôlée à 100% par l'EI", a assuré un responsable de la police provinciale. Selon l'ONU, les combats pour la prise de la ville ont poussé 180.000 personnes à la fuite.
   
"On peut dire que 85% d'Al-Anbar est sous contrôle de l'EI", estime le n°2 du conseil provincial, Faleh al-Issawi, alors que l'étau se resserre sur Ramadi, chef-lieu d'Al-Anbar dont des quartiers entiers échappent déjà au contrôle des autorités.
   
"Si la situation continue d'évoluer dans la même direction, sans intervention de forces terrestres étrangères dans les 10 jours, alors la prochaine bataille se déroulera aux portes de Bagdad", a-t-il prévenu.
   
 

Divergences avec Ankara 

Au cours de leur réunion sur la base d'Andrew, près de Washington, les 22 chefs militaires discuteront "des défis et de l'avenir de la campagne contre l'EI", a indiqué un porte-parole du plus haut gradé des forces armées américaines, le général Martin Dempsey.
   
Le porte-parole de l'état-major des armées françaises, le colonel Gilles Jaron, a confié que Paris entendait "participer à l'élaboration d'un plan d'action conjointe à visée régionale" et "se mettre d'accord sur les grands aspects stratégiques" contre l'EI.
   
Le président Obama a hâte "de discuter des mesures supplémentaires que la coalition peut prendre pour affaiblir et au bout du compte détruire l'EI", a souligné un porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC).
   
Il n'a toutefois pas évoqué les points de divergence entre les partenaires de la coalition.
L'un de ces désaccords porte sur la création d'une zone tampon à la frontière entre la Syrie et la Turquie, un projet réclamé par Ankara -- qui pour l'instant refuse de participer aux frappes -- et soutenu par Paris mais qui n'est "pas à l'ordre du jour" pour Washington.
   
Le refus d'Ankara de se joindre aux opérations militaires de la coalition notamment à Kobané a ravivé les tensions en Turquie, où des manifestations pro-kurdes ont fait au moins 34 morts la semaine dernière. Lundi soir, l'armée de l'air a bombardé des cibles du PKK dans le sud-est de la Turquie, une première depuis le cessez-le-feu décrété par les rebelles kurdes en mars 2013, selon les services de sécurité turcs.
   
Sur le plan humanitaire, les Nations unies ont commencé à réduire de 40% leur aide alimentaire à 4,2 millions de personnes en Syrie en raison de problèmes budgétaires, a indiqué la directrice adjointe du programme alimentaire mondial (PAM).

 

Avec AFP