Clinton demande à tous les Etats africains d’appeler Kadhafi à quitter le pouvoir.
Deux puissantes explosions ont secoué mardi soir le centre de Tripoli épargné pendant trois jours par les bombardements de l'Otan, alors que la rébellion a pris le contrôle d'un village
clé dans l'ouest de la Libye après avoir essuyé de grosses pertes dans l'est.
Les détonations ont été entendues vers 23H30 heure locale (21H30 GMT) dans la capitale, selon un journaliste de l'AFP. L'agence officielle libyenne Jana a précisé peu après que les raids de l'Otan avaient visé des "sites civils dans la zone de la cité Al-Fernaj".
Les combats entre les forces de Mouammar Kadhafi et les rebelles ont fait rage ces derniers jours sur la ligne de front entre Ajdabiya et Brega, où 21 rebelles ont été tués lundi.
Dans l'ouest du pays en revanche, les rebelles ont réussi à prendre pour la première fois le contrôle du village Al-Rayaniya, selon un journaliste de l'AFP sur place, qui a compté deux morts et une dizaine de blessés parmi les rebelles à l'hôpital local.
Le village Al-Rayaniya est situé sur la route entre les villes de Zenten et Yefren tenues par les insurgés. L'objectif de la rébellion est de faire la jonction entre Zenten et Yefren en prenant le contrôle des villages les séparant et toujours aux mains des pro-Kadhafi.
Selon l’AFP, plusieurs soldats du régime ont été faits prisonniers, dont beaucoup sont des mercenaires, provenant d'Afrique noire ou d'Algérie voisine. L'un d'eux a déclaré à l'AFP que Tripoli recrutait dans les tribus touaregs, dans le désert.
Entretemps, une dizaine d'obus et de roquettes sont tombés en territoire tunisien lors d'affrontements continus dans le nord-ouest entre pro-Kadhafi et insurgés, près du poste de Dehiba, selon des témoins, provoquant l'ire de Tunis.
Parallèlement, la rébellion a remporté de nouveaux succès diplomatiques avec la reconnaissance par le Canada et Panama de son organe politique, le Conseil national de transition (CNT), comme "représentant légitime" du peuple libyen, la Tunisie se disant prête à faire de même si le CNT le lui demande. Au total, 15 pays ont déjà reconnu la rébellion.
Clinton demande à tous les Etats africains d'appeler Kadhafi à quitter le pouvoir
Face à l'attitude de défi du dirigeant libyen, au pouvoir depuis plus de 40 ans, Washington tente de l'isoler de plus en plus, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton demandant "à tous les Etats africains (...) d'appeler Kadhafi à quitter le pouvoir" et "d'expulser les diplomates pro-Kadhafi".
Déjà hostile à l'intervention de l'Otan, le président sud-africain Jacob Zuma est monté au créneau en accusant l'Alliance d'outrepasser la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU "pour obtenir un changement de régime, pour des assassinats politiques et pour une occupation militaire étrangère".
Devant le risque d'un conflit prolongé, le commandant suprême allié pour la transformation de l'Otan, le général français Stéphane Abrial, a jugé que "si les opérations durent plus longtemps, la question des ressources deviendra critique".
Pour sa part, le chef de la Royal Navy, l'amiral Mark Stanhope, a averti, quant à lui, que les priorités de la Grande-Bretagne en Libye devraient être repensées si l'opération lancée par l'Otan durait plus de six mois.