Une majorité des parlementaires ont sévèrement critiqué la colonisation israélienne de territoires palestiniens, et un parlementaire juif a incriminé Israël pour la montée de l’antisémitisme.
Lundi dernier, lors d’un débat à la Chambre des communes au sujet de la reconnaissance de l’État palestinien, les parlementaires britanniques ont lourdement critiqué Israël, en particulier son gouvernement actuel.
Un parlementaire a parlé de la puissance du « lobby juif » aux États-Unis, tandis qu’un autre a insinué qu’Israël était responsable de la montée de l’antisémitisme à travers le monde.
Alors que le parlementaire conservateur James Clappison, vice-président des Amis conservateurs d’Israël, prononçait un discours contre la motion proposée, son collègue Andrew Bridgen s’est levé et a l’a interpellé :
"Mon honorable ami serait-il d’accord sur le fait que, étant donné que le système politique de la superpuissance mondiale que sont nos alliés les États-Unis est fortement soumise à de richissimes et puissants groupes et à la puissance du lobby juif aux États-Unis, il incombe à notre pays et à cette Chambre d’être l’ami sincère mais critique dont Israël a besoin, et que la motion de ce soir pourrait lever l’impasse sur cette région troublée ?" (Andrew Bridgen)
« Il y a des puissants lobbies de tous côtés », a répondu Clappison, « Et je suis sûr que mon honorable ami conviendra des éloges que mérite le secrétaire d’État John Kerry pour sa tentative de ramener les deux parties à la table des négociations ; il mérite clairement notre soutien indéfectible ».
Ultérieurement, Gerald Kaufman, éminent critique de l’État d’Israël et fils de juifs polonais, semblait indiquer que les agissements d’Israël étaient la cause principale de la montée de l’antisémitisme de par le monde, suite notamment à cet été meurtrier à Gaza :
"J’invite les honorables membres des deux côtés de cette Chambre à donner aux Palestiniens les droits qui doivent être les leurs, et à montrer aux Israéliens qu’ils ne peuvent pas annihiler un autre peuple à chaque fois. Ces agissements d’Israël n’ont rien de juifs. Ils causent un tort certain à l’image du judaïsme, et des épisodes d’antisémitisme ont lieu en conséquence. Je souhaite que l’antisémitisme cesse d’avoir lieu d’être, et je désire voir un État palestinien".
(Gerald Kaufman)
L’illégalité des colonies israéliennes, le manque de sérieux lors des négociations du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et l’inégalité des forces entre Israël et la Palestine furent les thèmes récurrents de ce débat.
« Le manque d’équité entre Israël et les Palestiniens est une erreur structurelle qui a saboté toute possibilité d’accord politique durant des décennies », a déclaré Grahame Morris, le parlementaire travailliste à l’origine de ce vote.
"En l’état actuel des choses, Israël n’a aucune raison ni motivation – ou peut être, en d’autres mots, d’intérêt – à entrer dans une phase concrète de négociations. La majorité des politiciens du gouvernement israélien rejettent en bloc toute notion d’un État palestinien. Il n’y a actuellement aucune négociation, et comme l’a admis le secrétaire d’État américain, John Kerry, c’est l’intransigeance israélienne qui est la cause du capotage des derniers pourparlers.
Israël refuse depuis longtemps d’offrir un État palestinien viable par la voie des négociations. Si l’accélération de l’activité de construction des colonies illégales ne suffisait pas à le prouver, en juillet dernier, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a une fois encore refusé d’envisager un État palestinien souverain en Cisjordanie". (Grahame Morris)
D’autres parlementaires ayant voté en faveur de cette mesure ont cependant tenu un autre discours, bien que fortement critique à l’égard de la construction de colonies.
Dans ce que The Guardian a décrit comme étant « peut-être l’intervention la plus importante dans ce débat animé », Sir Richard Ottaway, le président conservateur du Comité restreint des Affaires étrangères, a déclaré que la récente appropriation par le gouvernement Netanyahu des terres de Goush Etzion, en Cisjordanie, a eu raison de son soutien à Israël. Il a déclaré avoir été longtemps un fervent soutien d’Israël : « J’étais ami d’Israël bien avant de devenir Tory. La famille de ma femme a joué un rôle important dans la création de l’État juif ».
Mais il finalement changé d’avis :
"Je réalise désormais qu’Israël a progressivement perdu la faveur de l’opinion publique mondiale. L’annexion des 950 hectares de Cisjordanie il y a quelques mois est la chose qui m’a fait le plus enrager au cours de ma vie politique. Je me suis senti berné, et c’est là quelque chose qui m’a contrarié profondément". (Sir Richard Ottaway)
Certains parlementaires se sont fermement opposés à cette motion.
« On nous dit que 135 membres des Nations-Unies, dont la plupart n’ont que peu de liens avec le Moyen-Orient, bien qu’une partie entretienne des rapports étroits avec cette région, ont reconnu la Palestine en tant qu’État », a déclaré Malcolm Rifkind, président du Comité de renseignement conservateur.
« Cela n’a eu aucun effet. Elle a reçu 24 heures de publicité mais n’a eu aucun impact massif ou significatif sur le cours de l’Histoire. Il y a un énorme risque qu’aujourd’hui, nous voulions nous donner de l’importance, et que notre frustration nous amène à voter cette motion qui n’aura pas l’effet désiré, et rendra peut-être plus difficile encore la résolution des problèmes nécessaires pour obtenir une solution à deux États », a déclaré Rifkind, ancien secrétaire britannique à l’extérieur et juif de confession.
La parlementaire travailliste du Co-operative Party, Louise Ellman, a fulminé l’idée selon laquelle Israël ne voudrait pas la paix :
"Il faudrait rappeler que durant les négociations de paix en cours après les négociations d’Oslo, en l’espace d’un mois [mars 2002], 80 civils israéliens ont été tués et 600 autres blessés dans des attentats suicides dans les rues de Jérusalem, Tel Aviv et Ashkelon ; des actes concertés dont le but était de faire échouer le processus de paix (procéder sur cette voie était la bonne chose à faire), des groupes terroristes envoyés par, entre autres, Yasser Arafat, ont pris pour cible, tué et mutilé des civils israéliens. Le retrait israélien de Gaza, un retrait justifié et unilatéral, a été suivi de tirs de roquettes, de constructions de tunnels terroristes et d’encore plus de morts". (Louise Ellman)
Croach.fr (Traduit à partir de Times of Israel)