Le mufti de la république a insulté une délégation palestinienne venue lui rendre visite pour régler un problème de territoire
“Le mufti de la République libanaise Mohammad Qabbani a attaqué une délégation palestinienne venue lui rendre visite samedi dernier », a révélé le réseau d’informations palestiniennes, citant des sources palestiniennes informées.
Selon cette source et un communiqué publié par le mouvement de la Libération de la Palestine affilié au Fatah à Beyrouth, la délégation palestinienne a voulu régler un différend au sujet du complexe adDaouk pour les réfugiés dans le camp de Sabra à Beyrouth.
Ce différend oppose le directeur général de la Maison des vieux, Azzam Houri et le directeur de l’association Al Maqassed Mohammad Amine Daouk d'un côté aux Palestiniens de l'autre, au sujet d’un territoire abritant le complexe Daouk jouxtant le camp Chatila.
Selon la partie palestinienne, cette terre fut un don de la part d’Omar Daouk pour les réfugiés en 1952. Il leur avait demandé d’en profiter jusqu’à ce qu’ils reviennent à leur patrie.
En 1966, un verdict judiciaire a été donné en ce sens. Alors que pour le directeur de la Maison des vieux, cette terre appartient aux legs et les Palestiniens l'ont confisquée d’une façon illégitime.
Afin de régler le problème, les deux parties se sont rendues chez le mufti Qabbani, sur son invitation.
Lorsque la délégation palestinienne est arrivée au bureau du mufti, Houri et Daouk tenaient un point de presse sur cette affaire.
Lorsque les représentants palestiniens sont entrés chez le mufti de la République, très proche du courant du Futur, ils ont été choqués de la réaction de ce dernier qui a commencé à crier et à les insulter !
Selon le communiqué du Fatah, Qabbani a dit à la délégation, formée des représentants des comités populaires et des secrétaires des factions palestiniennes à Beyrouth : « Nous vous avons accueillis mais nous ne voulons plus de vous ».
Il les a accusés de commettre « une violation et d’usurper les terres des legs ». « Vous êtes des marchands, mais je défendrai les legs quel que soit le prix », a-t-il dit.
Les participants à la réunion étaient choqués : « Nous avons cru qu’il voulait écouter notre point de vue pour nous faire réunir ensemble », a indiqué un représentant des factions palestiniennes.
Mais après une demi-heure, Houri et Daouk ont affirmé à la presse que « la Maison des Vieux est une maison caritative qui aide les gens depuis 60 ans, et les Palestiniens confisquent cette terre de legs depuis 40 ans. Leurs attaques ont repris ces deux derniers mois avec la construction de nouvelles maisons ».
Un membre de la délégation palestinienne s’est adressé alors à Qabbani en disant que les propos tenus par Daouk et Houri ne sont pas exacts. Mais le mufti a immédiatement réagi avec nervosité : « Si, leurs propos sont exacts, vous usurpez les biens des legs islamiques et ce n’est pas permis. Vous utilisez cette terre pour des fins commerciales. Vos armes ne me font plus peur ».
Lorsqu’un participant à la réunion lui dit que « nous sommes là parce que nous voulons votre arbitrage , et personne n’a évoqué les armes », le mufti répondit : « je ne suis pas un juge, je suis une partie et je possède une épée » !
Et d’ajouter : « Nous vous avons accueillis mais nous ne voulons plus de vous. Partez. Quelle ordure ! Vous n’allez jamais triompher, et votre cause ne réussira pas ».
Le mufti a même voulu contacter par téléphone le chef du Parlement Nabih Berri pour s’excuser de lui parce qu’il était contre lui dans sa guerre contre les camps des réfugiés !
Un participant palestinien a dit : « Nous avons tenté de l’empêcher de contacter le Président Berri et l’appareil de téléphone a failli tomber par terre ». Le mufti a dit vers la fin de la réunion : « Vous allez me faire mourir , je suis un homme malade. Je suis contre vous, je vais raser le complexe Daouk. Même s’il y a une mosquée construite là-bas, je vais la détruire de mes mains ».
Le compte rendu de la réunion est parvenu aux mains du chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. L’ancien Premier ministre Fouad Siniora et la députée Bahiya Hariri ont appelé le secrétaire du mouvement Fatah Fathi abou alAradat pour tenter de calmer la situation.
De plus, une délégation de la maison d’alFatwa s’est rendue à l’ambassade palestinienne pour s’excuser de ce qu’a dit le mufti. L’un des participants a alors ironisé : « Si nous n’étions pas cinq personnes à la réunion, personne ne nous aurait crus » !