Les experts ne peuvent se débarrasser de l’impression que les Etats-Unis n’arrivent pas à déterminer leurs objectifs et tâches dans cette région.
Une partie du nouveau lot d’armements américains parachutés, destinés aux Kurdes défendant la ville syrienne de Kobané, s’est retrouvée entre les mains des djihadistes de l’EI.
De l’avis des experts, cet incident scandaleux prouve une fois de plus la nécessité de la coopération entre la coalition occidentale et Damas.
Qui plus est, les djihadistes mènent leurs opérations avec toujours plus de succès, estime l'expert russe pour le Proche-Orient et le Caucase, Stanislav Tarassov.
" Les combats sont menés sur deux directions : syrienne et irakienne. Un front uni s’est en fait formé. Les hostilités peuvent éventuellement s’étendre aux régions frontalières de Turquie. Les opérations sur le terrain contre les islamistes ne sont menées que par des détachements kurdes. Partiellement les combats engagent des militants du Parti des Travailleurs du Kurdistan, considéré en Turquie comme terroriste. L’EI contrôle actuellement près de la moitié de l’Irak et un tiers de la Syrie. C’est du territoire énorme. On doit reconnaître que le potentiel des djihadistes reste encore assez important. Les unités de l’EI, forts d'effectifs représentant au total quelque 50.000 hommes, mènent les opérations professionnellement. Ce n’est plus une guérilla, même si les djihadistes pratiquent une guerre de partisans. "
Les experts ne peuvent se débarrasser de l’impression que les Etats-Unis n’arrivent pas à déterminer leurs objectifs et tâches dans cette région. Selon M. Tarassov, les Américains disposent actuellement au Proche-Orient d’un groupe armé de 150.000 -170.000 hommes, d’une infrastructure de combat importante. A la fois des experts du Pentagone déclarent que sans une opération au sol on ne saura pas vaincre l’EI. Si les Etats-Unis et leurs alliés s’y décident, une opération plein format ne prendra que deux ou trois semaines au maximum.
Or les Américains se retiennent pour le moment de faire ce pas. Ils évoquent d’autres délais : deux-trois ans. Qui plus est, ils sont en train de former une coalition disparate, en disant à leurs alliés qu’il faut se préparer à une guerre durable. On se demande dans quel but tout cela est fait. Les Américains prétendent que leur objectif principal est l’Etat islamique. Tandis que la Turquie pointe Bachar al-Assad.
Autrement dit, dans le camp des adversaires de l’EI on constate divergences et hésitations. Il ne fait aucun doute que les forces coalisées ne manqueront pas l’occasion de détruire le régime de Bachar al-Assad. Il reste à savoir laquelle des deux cibles – M. Assad ou l’EI – elles considèrent comme prioritaire à l’étape donnée. Si ce sont les islamistes, l’Occident pourrait délaisser sa doctrine d'exportation de la démocratie et prendre Damas sinon pour allié, du moins pour compagnon de route.
Cela permettrait de réduire les dépenses et de préserver énormément de vies de soldats de la coalition. D’autant plus qu’une telle démarche s’inscrirait très bien dans les valeurs de base, que la Maison Blanche "est attachée" à défendre à travers le monde.
La Voix de la Russie