Mikati a bien compris le message : « Ils veulent montrer une fois de plus que je n’ai pas de pouvoir et que je n’ai pas de popularité".
Plus de vingt personnes ont perdu la vie dans les accrochages qui ont éclaté vendredi à Tripoli (nord Liban), parallèlement à la visite du nouveau Premier ministre Najib Mikati à la ville. Pour les analystes et la presse libanaise, cet incident émane d'une décision politique visant à saboter la visite de Mikati, venu fêter la naissance du gouvernement libanais.Le message adressé à Mikati est clair : « Même si son gouvernement est formé de trente ministres tripolitains, il n’aura pas de place dans cette ville. Il n’a pas le pouvoir de prendre des décisions au nom de Tripoli, qu’il soit député ou Premier ministre ».
En effet, Najib Mikati était au courant à l'avance de tout ce qu’on lui préparait sur le terrain : les appels téléphoniques détectés par les services sécuritaires concernés, les imprimeries qui ont publié des communiqués appelant aux manifestations contre le régime syrien après la prière du vendredi...
Malgré ces données, le nouveau Premier ministre a décidé de ne pas annuler sa visite. Au moment où il recevait les félicitations populaires à Tripoli, d'où il est originaire, une bombe fut lancée depuis Tabbané vers le Mont Mohsen, deux villes en conflit.
Plus de 250 hommes armés se sont déployés dans les rues de Tabbané, entrainant un déploiement similaire au Mont Mohsen. Des affrontements armés ont éclaté entre les deux camps, au cours desquels des bombes, des roquettes RPG, et des mitrailleuses ont été utilisées.
En quelques minutes, la ville s’est transformée en un champ de bataille, créant un état d’horreur parmi la population.
Mikati a bien compris le message : « Ils veulent montrer une fois de plus que je n’ai pas de pouvoir et que je n’ai pas de popularité », a-t-il dit.
Il a donné ses instructions au ministre de la défense et au commandant de l’armée pour préserver la sécurité.
Aussitôt, une campagne militaire et sécuritaire a été lancée par l’armée pour arrêter tous ceux qui portent les armes.
Politiquement, il semble que le Premier ministre s’apprête à prendre une décision majeure dans les prochaines heures et il informera les nouveaux constituants du cabinet de sa teneur. Certains analystes pensent qu’il s’agit d’accélérer la mission de la commission chargée de rédiger la déclaration gouvernementale pour la finaliser dans un délai record.
Il s’agirait également de recevoir la confiance parlementaire au début du mois prochain, d’ouvrir le dossier des nominations sécuritaires et administratives, dont certains dirigeants sont soupçonnés d’implication directe dans la mauvaise situation politique, économique et sécuritaire du pays, et de gérer la frontière libano-syrienne que certaines parties utilisent pour porter un coup dur aux relations entre les deux pays.
Selon le quotidien Assafir, Mikati a présidé une réunion nocturne des services de sécurité avant l’entrée de l’armée dans les zones de combats. Il a informé une délégation des cadres de la ville Bab Tabbané et le parti arabe démocratique de l’intention de l’armée d’imposer la sécurité à partir de minuit. L’armée a alors commencé à s’avancer vers les fronts de combats.