Un expert américain explique pourquoi le complot américano-saoudien contre la Russie est voué à l’échec.
La guerre médiatique initiée par les médias occidentaux devrait connaître une fin lamentable, estime le journaliste indépendant et le politologue américain F. William Engdahl.
Cette offensive visait, au départ, à ternir la politique intérieure et internationale de la Russie. Elle n'a pourtant pas apporté le résultat escompté: les données du sondage mené par le Centre panrusse d'étude de l'opinion publique (VtsIOM), rendues publiques récemment, montrent qu'une majorité écrasante de Russes – 87% - juge la critique étrangère de la Russie infondée. Pratiquement 90% des personnes interrogées sont persuadées que ces tentatives de dénigrement sont dues à la politique indépendante du président Vladimir Poutine. Les sanctions économiques des USA et de plusieurs pays européens mettent en évidence l'irritation de moins en moins contrôlée de ces États face à une Russie menée par un leader puissant.
Le sang-froid avec lequel Vladimir Poutine se réfère aux normes internationales pour réagir aux attaques de ses homologues occidentaux témoigne de l'intransigeance de sa volonté politique - ce qui irrite forcément l'Occident. Tout comme ses missions de maintien de la paix, dans un contexte de multiplication des guerres régionales dues à la "démocratisation" à l'américaine dans plusieurs pays. Toutefois, selon les analystes, même un plan aussi perfide pour neutraliser Poutine sur l'arène politique mondiale est utopique. Ce dernier bénéficie d'un soutien indiscutable dans son pays, comme en témoigne sa cote de popularité stable et incroyablement élevée pour un homme politique au pouvoir depuis aussi longtemps, impassible face aux difficultés économiques et aux divergences intérieures concernant la Crimée. Alors que peuvent faire les "amis de la Russie"?
Selon les dernières ententes secrètes en date entre le secrétaire d’État américain John Kerry et le roi Abdallah d'Arabie saoudite, le nouveau plan d'affaiblissement de la Russie s'appuie sur un dumping du cours du pétrole. L'Arabie saoudite compte en effet "inonder" les marchés mondiaux avec du pétrole bon marché.
F. William Engdahl explique pourquoi ce complot américano-saoudien contre la Russie est voué à l'échec.
Alors même que les conflits s'intensifient dans cette région, la plus riche du monde en pétrole, les cours commencent à chuter. C'est une tendance anormale. Depuis la prise inattendue d'une région pétrolifère irakienne autour de Mossoul et de Kirkuk par l'Etat islamique en juin dernier, le pétrole Brent a perdu 20%, chutant de 112 à 88 dollars le baril. Aucune baisse de la demande pétrolière n'est pourtant enregistrée dans l'ensemble, ou en Chine, et les réserves d'huile de schiste aux USA n'ont pas augmenté.
Que s'est-il réellement passé? Les États-Unis et l'Arabie saoudite avaient déjà utilisé un tel stratagème contre l'URSS - en 1986, des quantités supplémentaires de pétrole avaient été fournies sur le marché. Aujourd'hui, ayant en ligne de mire les marchés asiatiques, les Saoudiens ont commencé à vendre leur pétrole à des tarifs plus bas. Selon certaines informations, ils vendent au principal consommateur de la région – la Chine – le baril à 50-60 dollars au lieu du tarif habituel de 100 dollars. Bien évidemment, toute cette manœuvre est coordonnée par le Trésor américain via le Bureau de la lutte antiterroriste et du renseignement financier, ainsi que certains acteurs de Wall Street qui contrôlent le commerce de produits dérivés du pétrole. Résultat des courses: une panique croissante chaque jour sur le marché; la Chine satisfaite de pouvoir acheter du pétrole bon marché; et de lourdes pertes économiques pour la Russie et l'Iran.
Selon Rachid Abanmi, président du Centre saoudien de politique pétrolière et d'évaluations stratégiques, la baisse dramatique des tarifs est effectivement dictée par le plus gros membre de l'Opep – l'Arabie saoudite. Selon la version officielle, les Saoudiens cherchent de nouveaux marchés dans un contexte général de baisse de la demande pétrolière. D'après Abanmi, l'objectif est de faire pression sur la Syrie et l'Iran - à cause de son programme nucléaire - mais surtout de porter une attaque dévastatrice contre l'économie russe, seule menace réelle pour l'hégémonie des États-Unis dans le monde contemporain. En se servant du conflit ukrainien pour tenter d'écarter Poutine de la scène politique, les USA ont lancé le mécanisme de sanctions antirusses, qui n'a encore donné aucun résultat. En lançant la propagande "américaine classique",
anti-Poutine, dans les médias, les USA ont décidé de s'attaquer à l'un des secteurs fondamentaux de l'économie russe – l'exploitation pétrolière.
Comme on l'a dit, une telle stratégie avait déjà été utilisée par les USA et l'Arabie saoudite en 1986, qui avaient inondé le marché de pétrole bon marché à tel point que le cours était passéen-dessous de 10 dollars le baril, brisant l'économie de l'Union soviétique et de l'Irak.
Les Américains et les Saoudiens espèrent aujourd'hui refaire le coup.
Les guerres actuelles en Ukraine et en Syrie, soutenues par les États-Unis, sont au fond deux fronts d'une même lutte stratégique visant à affaiblir la Russie et évincer Poutine de l'arène politique. Ces conflits visent à empêcher l'apparition, en Eurasie, d'un centre de pouvoir qui ne s'inscrirait pas dans le Nouvel ordre mondial contrôlé par les USA. Sur chacun de ces fronts, le but stratégique est de contrôler les flux d'hydrocarbures: notamment les gazoducs entre la Russie et l'Europe via l'Ukraine; et entre l'Iran, la Syrie et l'Europe via la Syrie.
La guerre énergétique des USA contre la Russie est vouée à l'échec parce que la Russie de Poutine a eu le temps d'entreprendre des mesures stratégiques, avec la Chine et d'autres nations amies, pour réduire sa dépendance envers l'Occident. Les guerres pétrolières ne font que pousser la Russie à se focaliser sur la garantie de ses intérêts nationaux et à abandonner le système de gouvernance mondiale par le dollar. Si le dollar n'était plus une devise de réserve pour le commerce international – qui plus est pour le commerce pétrolier – le Trésor américain courrait à la catastrophe.
La Russie de Poutine va aujourd'hui dans le bon sens, et sa coopération avec la Chine et d'autres alliés commencera bientôt à porter ses fruits.