22-11-2024 10:11 PM Jerusalem Timing

Catalogne: consultation symbolique sur l’indépendance, vrai défi à Madrid

Catalogne: consultation symbolique sur l’indépendance, vrai défi à Madrid

Le vote de dimanche est le dernier épisode d’une longue escalade entre Madrid et Barcelone.

Bravant les obstacles posés par Madrid, les nationalistes catalans veulent recueillir dimanche, dans une consultation symbolique, suffisamment de voix pour conduire la Catalogne, une des régions les plus puissantes d'Espagne, vers l'indépendance.

A l'appel du gouvernement catalan d'Artur Mas, les 5,4 millions de résidents de plus de 16 ans sont invités à répondre à deux questions: veulent-ils que la Catalogne soit un Etat ? Et si oui, que cet Etat soit indépendant ?

Pour marquer la fin de campagne, les indépendantistes, emmenés par le président de l'Assemblée de Catalogne, Carme Forcadell, ont lancé vendredi soir un appel solennel à voter oui, et plusieurs lieux symboliques de Barcelone ont été pavoisés aux couleurs régionales. "Nous voterons oui parce que nous ne voulons plus être indépendantistes, mais indépendants", a lancé M. Forcadell.

"Et nous le ferons contre le gouvernement espagnol, qui veut nous empêcher de voter", a-t-il ajouté.

De leur côté, les opposants à la sécession boycotteront cette consultation jugée "illégale et antidémocratique".

Le Tribunal constitutionnel, saisi par Madrid, a par deux fois ordonné la suspension du scrutin, en attendant de se prononcer sur le fond.

Madrid n'y voit qu'un referendum déguisé et estime que la Constitution ne permet pas aux régions d'organiser une consultation sur des questions  concernant l'ensemble de la nation.

Artur Mas, qui s'est fait réélire en 2012 en promettant cette consultation à une région soulevée par une vague indépendantiste, a passé outre aux injonctions du Tribunal constitutionnel. Il affirme ne pas sortir de la légalité puisque le scrutin de dimanche, encadré par des volontaires, n'est pas, à l'en croire, un referendum.

Concerts de casseroles    

Alors que tous les soirs, les militants organisent des concerts de casseroles pour protester contre le Tribunal, il a appelé les Catalans à voter "sans crainte", puisqu’ils ne feront qu'exercer leur droit d'expression. "L'Etat espagnol est l'adversaire", les électeurs sont en état de "légitime défense".

Le vote de dimanche est le dernier épisode d'une longue escalade entre Madrid et Barcelone, métropole d'une région produisant près d'un cinquième de la richesse nationale.

En 2010, alors que la Catalogne était frappée de plein fouet par la crise économique, une décision du Tribunal constitutionnel avait déclenché la colère des nationalistes. Elle amendait le statut d'autonomie, pourtant négocié avec Madrid, et refusait toute valeur juridique au concept de "nation catalane" que reconnaissait ce texte.

Arrivé au pouvoir peu après, Artur Mas avait tenté sans succès en 2012 d'obtenir de Madrid un "pacte fiscal" qui aurait permis à la Catalogne de collecter ses impôts et d'en gérer le produit.

Devant l'intransigeance du gouvernement, il avait promis de consulter la population sur ses aspirations à l'indépendance. Faute de majorité absolue après les élections de 2012, il doit gouverner avec les voix des radicaux d'Esquerra republicana catalana (ERC), qui exigent qu'il tienne sa promesse et prônent la rupture avec Madrid.

Barcelone a eu beau modifier l'organisation du scrutin, renoncer à créer une commission électorale ou utiliser les listes électorales, Madrid et le Tribunal constitutionnel considèrent toujours qu'il s'agit d'un referendum.

Pourtant le ministre de la Justice Rafael Catala a fait savoir jeudi qu'il n'y aurait pas lieu à poursuivre en justice le gouvernement catalan s'il s'abstenait de participer activement à la consultation .

L'exécutif à Barcelone, qui a déjà distribué urnes et bulletins de vote, assurait vendredi qu'il laisserait la main aux 41.000 volontaires.

Selon ses adversaires, la consultation est symbolique et peu crédible puisque seuls les indépendantistes devraient voter. Selon un dernier sondage, près de 50% souhaiteraient la sécession, malgré l'inquiétude des grandes entreprises craignant de se couper des marchés espagnols et européens.

Artur Mas, lui, compte sur une forte participation pour renforcer sa position face à Madrid. Les résultats sont attendus lundi et il a annoncé qu'il écrirait ensuite au chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy pour lui proposer de reprendre des négociations.

Elles porteraient sur un pacte fiscal et un referendum en bonne et due forme, pour permettre  aux Catalans de se prononcer sur une éventuelle sécession, comme en Ecosse 18 septembre. Les Ecossais ont dit non à l'indépendance. Mariano Rajoy a toujours refusé un referendum.