Ces entretiens "ont créé un élan important pour changer de vitesse et remettre les relations entre la Chine et le Japon sur les rails".
Les ministres chinois et japonais des Affaires étrangères ont tenu samedi à Pékin leurs premiers entretiens en plus de deux ans, au lendemain de l'annonce par les deux rivaux asiatiques de leur engagement à faire baisser la tension.
Wang Yi et son homologue japonais Fumio Kishida se sont rencontrés en marge des travaux préparatoires au sommet du Forum de coopération économique de l'Asie-Pacifique Apec.
Aucune rencontre de ce niveau n'avait eu lieu depuis septembre 2012, peu avant que les relations entre Tokyo et Pékin ne s'enveniment à propos de leur souveraineté revendiquée sur un petit archipel en mer de Chine orientale--administré par le Japon mais revendiqué par la Chine.
Vendredi, les deux pays ont publié deux communiqués distincts mais similaires, annonçant "s'être mis d'accord pour reprendre progressivement le dialogue politique, diplomatique et dans le domaine de la sécurité".
Le ministre chinois a qualifié l'accord "d'avancée majeure" lors de son entretien avec Kishida, selon l'agence Chine nouvelle.
Ce dernier a jugé que ces entretiens "ont créé un élan important pour changer de vitesse et remettre les relations entre la Chine et le Japon sur les rails", selon ses propos diffusés sur la chaîne japonaise NHK.
Le chef de la diplomatie japonaise a souligné l'importance d'une rencontre entre le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre Shinzo Abe, les deux dirigeants n'ayant encore jamais eu d'entretien particulier depuis leur arrivée au pouvoir, respectivement fin 2012 et début 2013, a indiqué de son côté l'agence japonaise Kyoto.
L'accord de vendredi est généralement perçu comme devant permettre un tel sommet, en marge de celui de l'Apec, qui débutera lundi à Pékin. Mais aucune confirmation officielle d'une telle rencontre, très attendue, n'a encore été annoncée.
Le dernier sommet date de la visite à Pékin en décembre 2011 du Premier ministre japonais d'alors, Yoshihiko Noda, reçu par le prédécesseur du président Xi, Hu Jintao.
Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, s'est félicité de la rencontre: "Toute avancée que les deux pays peuvent faire pour améliorer les relations et réduire les tensions est utile, non seulement pour eux, mais pour la région", a-t-il dit devant la presse à Pékin.
Tokyo, qui se refusait jusqu'à présent à reconnaître l'existence d'un conflit de souveraineté, a pris acte des "différends" sur les îles disputées et dit avec Pékin dans le communiqué vouloir "éviter tout incident et dégradation de la situation par la mise en place de mécanismes de dialogue et de consultation en cas de crise".
Accompagné de gesticulations militaires autour du petit archipel, le contentieux territorial a été aggravé par les visites de responsables nippons à un sanctuaire où sont honorés les militaires tués au combat, dont des criminels de guerre du dernier conflit mondial.
Selon le communiqué chinois, les deux parties "reconnaissent que des positions différentes existent entre elles au sujet des tensions" sur les Diaoyu/Senkaku. Le texte japonais souligne lui que Tokyo et Pékin "reconnaissent qu'ils ont des vues différentes quant à l'apparition de situations tendues".
La presse officielle chinoise a perçu la reconnaissance d'un différend comme une reculade japonaise.
Le quotidien Global Times a ainsi estimé samedi dans un éditorial que "maintenant que le Japon a accepté de s'asseoir avec la Chine pour discuter de la gestion de la crise, cela équivaut à admettre que la querelle sur la souveraineté des îles Diaoyu constitue une réalité nouvelle".
"Que Abe se soit évertué à rencontrer les dirigeants chinois, cela montre qu'il ne peut plus se permettre ses agissements intempestifs", commente encore le journal.
Mais au Japon, le Yomiuri Shimbun, plus influent quotidien, arguait que la référence aux "vues différentes" dans le communiqué japonais "n'entamait pas la position du Japon selon laquelle il n'y a pas de contentieux territorial".
Et de citer un responsable non identifié de la diplomatie japonaise selon qui "le Japon n'a fait aucune concession sur (la question) territoriale".