L’Otan enquête sur le raid de Tripoli et reconnait avoir frappé accidentellement des rebelles libyens jeudi.
Neuf personnes, dont cinq membres d'une même famille, ont été tuées et 18 autres blessées dans la nuit de samedi à dimanche, dans un raid de l'Otan contre leurs maisons dans un quartier populaire de Tripoli, ont affirmé les autorités libyennes.
Deux enfants de moins de deux ans figurent parmi les tués. Un précédent bilan faisait état de cinq morts de la même famille, dont l'habitation a été bombardée dimanche très tôt.
"Le bilan s'élève maintenant à neuf martyrs, dont cinq de la même famille, et dix-huit blessés", a déclaré le porte-parole Moussa Ibrahim.
"Les quatre autres personnes ont été tuées alors qu'elles passaient devant l'habitation au moment du raid", a-t-il précisé.
L'immeuble de deux étages, dans lequel résidaient cinq familles, a été détruit par le bombardement dans le quartier populaire d'Al-Arada, dans l'est de Tripoli. Au moins deux autres maisons voisines ont été endommagées, selon un journaliste de l'AFP.
Deux corps ont été retirés des décombres devant les correspondants de la presse internationale, emmenés par les autorités sur place, où des dizaines d'habitants et de curieux étaient rassemblés.
A l'hôpital de Tripoli, les journalistes ont par ailleurs pu voir les corps de deux enfants de moins de deux ans et celui d'une femme, tous membres de la même famille, selon les autorités.
Le régime libyen a accusé l'Alliance atlantique de commettre des "barbaries", en visant "délibérément des civils".
L'Otan reconnait avoir frappé « accidentellement » des rebelles libyens jeudi
"Nous sommes au courant des affirmations du régime libyen et nous sommes en train de vérifier cela", a indiqué à l'AFP un responsable de l'Alliance atlantique, sous couvert de l'anonymat, à propos du raid des avions alliés mené dans la nuit de samedi à dimanche à Tripoli.
Par ailleurs, l'Alliance atlantique a annoncé samedi qu'un avion de l'Otan a « accidentellement » frappé une colonne des forces rebelles libyennes dans la région de Brega (est) le 16 juin.
L'alliance a précisé dans un communiqué qu'après avoir examiné les rapports sur une de ses frappes aériennes, elle a constaté qu'elle avait frappé des forces rebelles dans la région de Brega jeudi.
"Nous regrettons toute perte en vies humaines ou toute blessure dues à cet incident" conclut le communiqué de l'Otan.
Des voix s’élèvent contre le risque d'enlisement en Libye
Entre-temps des voix commencent à s'élever pour s'impatienter face à la longueur des opérations et le risque d'enlisement en Libye.
Le ministre italien de la Défense Ignazio La Russa a indiqué vouloir commencer "à réfléchir à une date" pour mettre fin à la partie active de sa mission en Libye, au-delà des trois mois pour lesquels l'Otan vient de s'engager.
Une telle attitude pourrait "inciter nos alliés britanniques, français et américains à trouver une porte de sortie diplomatique à la crise", a-t-il dit.
Aux Etats-Unis, la controverse sur la question des opérations militaires en Libye décidée sans l'approbation du Congrès a d'ailleurs connu un nouveau rebondissement samedi: le New York Times a révélé que le président Barack Obama avait ignoré, en prenant cette décision, l'avis de deux avocats de son administration, dont celui du principal avocat du Pentagone.