Depuis Pékin, le président russe Vladimir Poutine a accusé les forces ukrainiennes de tirer dans cette zone, empêchant une enquête objective.
Des chars et des canons convergeaient lundi vers Donetsk, bastion séparatiste prorusse dans l'est de l'Ukraine, faisant craindre la reprise d'une guerre totale en dépit des mises en garde occidentales adressées à la Russie.
Des journalistes de l'AFP ont vu plusieurs blindés et des camions transportant des pièces d'artillerie.
Six chars et deux blindés ont ainsi été aperçus près de Chakhtarsk, à proximité du site où a été abattu en juillet le vol MH17, causant la mort de 298 personnes auxquelles il sera rendu hommage lundi lors d'une cérémonie aux Pays-Bas.
A Makiïvka, non loin de Donetsk, les journalistes ont également vu une colonne de 15 camions sans plaque d'immatriculation, dont 14 tractaient chacun un canon de 122 mm. Les camions, en mouvement vers Donetsk, étaient bâchés, sauf un dans lequel on pouvait voir des caisses de munitions empilées.
Alors que Kiev dénonce depuis vendredi l'entrée dans l'est séparatiste prorusse de chars et pièces d'artillerie depuis la Russie, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a demandé dimanche soir à Moscou de "retirer d'Ukraine toutes troupes, armes et équipements sous son contrôle" et d'empêcher l'arrivée de nouveaux renforts en Ukraine.
Elle a estimé "très inquiétante" la présence de camions transportant des pièces d'artillerie et de quelques chars signalés par l'OSCE près des villes rebelles de l'Est.
Les observateurs de l'OSCE avaient indiqué samedi soir avoir vu "plus de 40 camions et camions-citernes" circulant sur une voie rapide à la périphérie est de Makiïvka.
Ils avaient ainsi dénombré 19 camions militaires Kamaz, sans plaque d'immatriculation, transportant des canons de 122 mm et des soldats en uniforme vert foncé sans insigne, ainsi que six camions-citernes et "un convoi de neuf chars, 4 T72 et 5 T64".
La Maison Blanche a mis en garde contre toute tentative des rebelles de s'emparer de davantage de territoire, ce qui constituerait une "flagrante violation" des accords de cessez-le-feu dans le conflit qui a fait plus de 4.000 morts en sept mois.
Drapeaux en berne aux Pays-Bas
La situation sur le terrain s'est brusquement dégradée après la tenue le 2 novembre d'élections séparatistes qui ont contribué à saper le processus de paix engagé en septembre par Kiev et les séparatistes prorusses avec la participation de Moscou et de l'OSCE.
Moscou, qui dit "respecter" le résultat du vote, appelle Kiev à dialoguer avec les chefs séparatistes que Kiev taxe de "terroristes".
A Donetsk, les tirs d'artillerie ont continué dans la nuit de dimanche à lundi, mais avec moins d'intensité que la nuit précédente.
Dans la région voisine rebelle de Lougansk, le gouverneur loyaliste Guennadi Moskal a dénoncé des tirs rebelles avec des lance-roquettes multiples Grad à Stanitsa Louganska où plusieurs bâtiments administratifs et de télécoms ont été détruits ainsi qu'à Tchornoukhiné où les systèmes d'approvisionnement en gaz, eau et électricité ont été endommagés.
Des combats se déroulaient aussi à Nikichiné, à 15 km de Grabové où sont tombés les débris de l'avion Amsterdam-Kuala Lumpur abattu le 17 juillet par un missile et où l'accès est limité.
Depuis Pékin, le président russe Vladimir Poutine a accusé les forces ukrainiennes de tirer dans cette zone, empêchant une enquête objective.
Aux Pays-Bas, qui ont perdu 193 ressortissants et sont chargés de l'enquête, les drapeaux étaient en berne ainsi que dans les missions
diplomatiques néerlandaises à travers le monde. A Amsterdam, une cérémonie rassemblera à partir de 12H00 GMT quelque 1.600 proches des victimes ainsi que le Premier ministre Mark Rutte et le couple royal néerlandais.
Cinq cercueils supplémentaires contenant les restes humains de victimes du crash sont arrivés samedi à l'aéroport d'Eindhoven, dans le sud des Pays-Bas.
Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, a averti samedi que neuf dépouilles encore manquantes pourraient ne jamais être retrouvées.
La tragédie du MH17 a choqué l'opinion occidentale qui a mis en cause Vladimir Poutine et entraîné de lourdes sanctions économiques américaines et européennes contre la Russie même si la lumière n'est toujours pas faite sur les causes du crash.
Kiev et les Etats-Unis affirment que l'avion a été abattu par un missile fourni aux séparatistes par la Russie alors que Moscou pointe du doigt les forces ukrainiennes.
M. Koenders a dit samedi à Kiev qu'il n'y avait "pas de raisons" de lever les sanctions contre Moscou, alors que les pays européens doivent examiner de nouveau leur stratégie face à la Russie vendredi.
Peu amène à l'égard du Kremlin, le Premier ministre australien Tony Abbott, dont le pays a perdu 38 ressortissants, a averti que Vladimir Poutine ne pourrait pas éviter une "conversation" à ce sujet au sommet du G20 cette semaine à Brisbane, en Australie.