Chaque volontaire pour une stérilisation est payée 20 euros.
Huit femmes sont mortes et des dizaines d'autres ont dû être hospitalisées dans le centre de l'Inde à la suite d'un programme de stérilisation de masse, organisé par l'Etat, qui a tourné au drame.
Une soixantaine de femmes souffrent de complications consécutives à cette opération chirurgicale organisée samedi et 24 d'entre elles sont dans un état grave, ont annoncé les autorités de l'Etat de Chhattisgarh mardi.
"Les signalements faisant état de baisse de tension, de vomissements, et d'autres symptômes se sont multipliés lundi parmi ces femmes, opérées dans le cadre d'une opération du planning familial", a dit Sonmani Borah, un responsable administratif du district de Bilaspur, à l'AFP.
"Huit femmes sont mortes depuis lundi et 64 sont hospitalisées depuis lundi", a-t-il ajouté.
Le gouvernement de l'Etat a lancé une enquête et des habitants de Bilaspur sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère et demander des sanctions contre les médecins.
20 euros pour les volontaires
Des opérations de stérilisation sont régulièrement organisées dans divers Etats de l'Inde dans le cadre d'un programme national qui prévoit d'accorder 1.400 roupies (20 euros) aux femmes volontaires.
Avides de remplir leurs objectifs, certains gouvernements offrent également des biens, tels qu'une voiture ou de l'électroménager, pour recruter des couples volontaires.
Nombre d'ONG dénoncent la fixation d'objectifs chiffrés au niveau de certains Etats qui entraîne des dérives, certaines femmes se retrouvant contraintes à une stérilisation, souvent dans des conditions médicales déplorables.
L'an dernier, les autorités du Bengale occidental (est) avaient été vivement critiquées après la diffusion d'images montrant des femmes laissées inconscientes dans un champ après une opération de stérilisation de masse dans un hôpital incapable d'accueillir un nombre important de patientes.
Toutes les femmes opérées en cinq heures
Selon le quotidien Indian Express, concernant l'opération de samedi dans le Chhattisgarh, les femmes ont toutes été opérées en environ cinq heures par un chirurgien et son assistant.
"Il n'y a pas eu de négligence. Il s'agit d'un médecin expérimenté. Nous allons enquêter" sur cet accident, a dit le principal responsable du secteur de la santé du district de Bilaspur, R.K. Change au quotidien.
Le médecin chef du principal hôpital de Bilaspur, qui a accueilli nombre de victimes, a déclaré ne pas pouvoir expliquer ce qui s'est passé pour le moment.
"Il serait prématuré de spéculer sur les raisons de cette tragédie. Nous donnons la priorité aux traitements de ces femmes, hospitalisées après une chute de leur pression sanguine", a dit Ramnesh Murthy lundi soir aux journalistes.
"Nous n'aurons d'explications qu'une fois les autopsies achevées", a-t-il déclaré.
En 2012, l'ONG Human Rights Watch avait exhorté, dans un rapport, le gouvernement à mettre en place un système d'alerte indépendant pour faire remonter toutes les informations concernant des stérilisations forcées et de mauvaises conditions d'hygiène dans les centres.
Elle recommandait aussi au gouvernement de mieux former les fonctionnaires chargés de conseiller les hommes en matière de choix de contraception, des recommandations encore peu suivies.
Le programme de planning familial en Inde est essentiellement centré sur les femmes et les experts estiment que la stérilisation des hommes n'est pas acceptée socialement.
Environ un tiers de la population ayant recours au planning familial (54% de la population totale) opte pour la stérilisation de la femme, selon des chiffres officiels de 2008. L'Inde compte environ 1,25 milliard d'habitants et pourrait être le pays le plus peuplé au monde d'ici à vingt ans.