"Le peuple irakien est une véritable force qui, une fois organisée et activée, peut changer beaucoup de réalités en Mésopotamie".
La bataille qui a chassé les terroristes de Daesh (ou EI) de la ville irakienne de Jarf el-Sakhr équivaut à l'exploit réalisé par le Hezbollah à Qousseir, à la frontière libano-syrienne, au début du conflit syrien.
C'est ce que confirment des sources militaires en Irak, citées par le journal libanais al-Akhbar. Il s'agit donc d'une véritable épopée historique pour les éléments de "la mobilisation populaire" irakienne, composée de multiples factions militaires.
Parmi ces factions, celles qui ont combattu l'occupation US de l'Irak, comme: les brigades Hezbollah-Irak, les brigades Ahl-lul-Haq, l'organisation Badr, les brigades as-Salam (du Courant as-Sadr) ainsi que d'autres factions.
Rôle du général Souleimani
Le général Qassem Souleimani, chef de la brigade al-Qods dans les gardiens de la révolution iranienne, fut "la star de la bataille" sans équivoque. L'homme de l'ombre avait pour mission de fournir une assistance logistique aux forces irakiennes sur le terrain.
La leçon apprise de la bataille à Jarf el-Sakhr est que le peuple irakien est une véritable force qui, une fois organisée et activée, peut changer beaucoup de réalités en Mésopotamie.
C'est cette force qui a contraint le commandement de Daesh à fuir définitivement de cette région.
Ceci convient aux propos du guide suprême iranien Sayed Ali Khamenei qui a affirmé au Premier ministre irakien Haydar Ebadi le mois dernier: "Nous croyons que l'Irak, peuple et gouvernement, surtout les jeunes de ce pays, ont la capacité de repousser les terroristes et d'instaurer la sécurité, sans avoir besoin à la présence étrangère dans le pays".
Que représente Jarf el-Sakhr?
Cette région, située dans la province de Babel, est caractérisée par ses forêts de palmiers et ses surfaces d'eau artificielles. Elle représentait pour les commandants de Daesh une base pour avancer vers les villes chiites au Sud.
Jarf el-Sakhr, bastion d'al-Qaeda et de Daesh
Jarf el-Sakhr est situé entre Bagdad et Kerbala et constitue une continuité géographique au Sud de la province de Falloujah. Cette région est l'un des bastions essentiels de l'organisation d'al-Qaeda et de l'Etat islamique (Daesh) en Irak. On appelait cette zone du "triangle de la mort".
Après 2003, cette région est devenue l'un des bastions des groupes terroristes armés en Irak (qaeda) et fut le point de lancement des voitures piégées à Bagdad. En 2010, elle a été appelée "la capitale de la wilayat du sud de Daesh". Cette région a continué d'être le repaire des terroristes pour frapper les rassemblements civils à Moussayab, Hilla, Kerbala et Bagdad.
Après la chute de Mossoul, Daesh a considéré Jarf el-Sakhr comme étant "un poignard dans le dos des chiites", et que c'est à partir de cette région que les villes chiites (Bagdad, Babel, Kerbala, Najaf, et Bassorah tomberont aux mains du groupe radical.
Massacres contre les chiites
C'est ainsi que les attentats contre les pèlerins chiites se rendant aux mausolées de Kerbala et de Najaf sont innombrables.
De multiples massacres ont été perpétrés contre eux, sans que les médias internationaux n'en parlent.
On raconte qu'une fois, et alors que des pèlerins irakiens se dirigeaient vers le Sud du pays, des groupes de Daesh leur ont coupé la route.
Les pèlerins et les passants ont dû alors traverser la route de Jarf el-Sakhr. Des sources citées par le journal al-Akhbar confirment que le plus horrible des massacres a eu lieu à l'encontre des femmes, enfants, hommes et vieillards.
On prenait les femmes en otage, on les violait et on les tuait ensuite.
Incapacité américaine à déloger Daesh
Avant la libération de Jarf el-Sakhr, l'armée US a informé la partie irakienne de son incapacité à mener une quelconque attaque dans cette région.
Pour les Américains, "le problème de Jarf el-Sakhr ne peut être résolu militairement. Cette région est composée de terrain d'anciens palmiers, et Daesh est basé en force dans cette région. Donc, il s'agit d'une guerre d'usure pour les forces américaines".
Ce que les Américains ont échoué - ou ont eu peur- de faire, l'ont fait les forces de la mobilisation populaire irakienne soutenues par "la force d'al-Qods" dans les gardiens de la révolution, dirigée par le général Qassem Souleimani.
On rapporte que ledit général était un partenaire essentiel dans la direction de la bataille, comme ce fut – et est -- le cas dans d'autres régions irakiennes.
Début de la bataille
La région de Jarf el-Sakhr s'étend sur une longueur de 25 km et d'une largeur moyenne de 4 km. L'attaque a commencé sur trois axes principaux. Pendant toute une demi-heure, la région fut bombardée intensivement. Les brigades ahl-ul-Haq furent derrière l'attaque sur le premier axe et les brigades du Hezbollah sur le deuxième axe.
Chute de Daesh
La bataille a éclaté et les affrontements ont opposé les combattants irakiens de la mobilisation populaire aux terroristes de Daesh, qui tombaient l'un après l'autre, alors que le reste a pris la fuite. Toutes les tentatives de Daesh pour rester sur le champ de la bataille ont échoué.
Les corps brulés de Daesh
Des sources informées du déroulement de la bataille rapportent que le dirigeant de Daesh, Abou Bakr Baghdadi, et après avoir appris le déroulement de la bataille, a interdit à ses effectifs de tomber en otage. C'est ainsi que des dizaines de corps de Daesh ont été brulés ou jetés dans le fleuve.
Les groupes de Daesh ont laissé derrière eux 4 blindés et 3 jeeps militaires, et ils ont dû fuir à pieds.
Voilà comment les forces populaires irakiennes ont repoussé Daesh de plusieurs villes irakiennes, comme a eu lieu à Amerli (ou Jarf el-Sakhr), et comme a lieu actuellement à Jaloula, Saadiya et le barrage al-Azim.
Source: al-Akhbar