L’Europe "frustrée" par Netanyahou devient "plus pro-palestinienne", selon un expert du Conseil européen des relations internationales.
Les gouvernements européens adoptent une position plus pro-palestinienne et commencent à croire que Benjamin Netanyahu n'est pas intéressé par la paix, a affirmé Hugh Lovatt, coordinateur « Israël »-Palestine au Conseil européen des relations internationales dans une interview accordée au site Ynet et publiée par i24.
"Je pense que la reconnaissance de l'Etat de Palestine par la Suède intervient dans le cadre d'un phénomène européen de plus grande ampleur", a indiqué Hugh Lovatt.
Malgré des dynamiques différentes au sein de chaque état-membre, Lovatt dégage deux points communs à tous les pays : "une frustration grandissante au sujet de la politique de Benjamin Netanyahu concernant le prétendu processus de paix" et une opinion publique de plus en plus favorable aux Palestiniens.
Hugh Lovatt a affirmé qu'il était "très probable" que d'autres pays de l'Union décident de prendre des mesures similaires à la Suède, qui a officiellement reconnu l'Etat palestinien le 30 octobre dernier, en cas d'échec du cycle de négociations.
"Si l'on suppose que les Palestiniens vont proposer une motion au Conseil de sécurité en janvier afin d'appeler à de nouvelles négociations basées sur des paramètres et des dates butoir bien définis. Si l'on suppose aussi que les Etats-Unis exerceront leur droit de veto. On peut imaginer que beaucoup de pays européens arriveront à la conclusion que les négociations dirigées par le secrétaire d'Etat américain John Kerry ne vont nulle part".
"Le processus de paix n'avance pas depuis plusieurs années, mais je pense qu'il n'a jamais été aussi paralysé que maintenant", poursuit-il, "beaucoup de dirigeants européens reconnaissent le manque d'horizons politiques. Ce que la Suède a fait soudainement semble être l'option la plus attrayante dans l'espoir de parvenir à une solution à deux Etats".
Interrogé sur l'avis de l'Allemagne, l'expert a déclaré qu'il était "très difficile" pour le gouvernement allemand d'adopter une position très critique à l'égard d' « Israël ». Néanmoins, l'expert pointe là aussi "une frustration grandissante" du côté de la chancelière allemande Angela Merkel, notamment concernant la politique de Netanyahu sur les implantations et la décision du dirigeant israélien "d'ignorer les préoccupations de l'Union européenne".
Afin de persuader les Etats européens qu' « Israël » n'est pas responsable de l'échec du processus de paix, le gouvernement de Benyamin Netanyahou doit faire en sorte "de faire vivre la perspective d'un véritable processus de paix", a expliqué Lovatt.
"Netanyahu cherche à maintenir le statu-quo et n'utilise pas le processus de paix comme mécanisme de résolution de conflit", précise-t-il,"s'il l'on considère également la poursuite des constructions dans les implantations, cela pousse les dirigeants européens à penser que Netanyahu ne cherche pas à faire la paix avec les Palestiniens ou à créer un Etat palestinien".
Ces déclarations interviennent alors que le parlement espagnol à annoncer la tenue d'un vote symbolique la semaine prochaine sur une résolution pour la reconnaissance d'un État palestinien.
Le Royaume-Uni et l'Irlande ont déjà approuvé des motions similaires le mois dernier. Le nouveau gouvernement de Suède, quant à lui, est allé plus loin et a officiellement reconnu un Etat palestinien le 30 octobre, provoquant une vive protestation d' « Israël », qui a rappelé son ambassadeur à Stockholm.
De son côté, l'Assemblée nationale française votera le 28 novembre sur une proposition non contraignante des députés socialistes "invitant" Paris à reconnaître un Etat palestinien.
Le 11 décembre, un autre vote aura lieu au Sénat, à l’initiative des élus communistes.
La nouvelle chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a estimé cette semaine qu'il fallait un Etat palestinien. Elle a affirmé qu'elle discuterait avec chacun des pays membres de l'Union européenne d'une possible reconnaissance.