Des candidats aux législatives du 22 novembre sont des bahreinis naturalisés. Leur public aussi.
Les forces du régime bahreïni ont procédé à l'arrestation de militantes accusées de préparer "un référendum hostile au régime" le jour des élections législatives prévues le 22 novembre prochain et boycottées par l'opposition, ont indiqué dimanche des militants des droits de l'Homme.
Au total, 13 femmes ont été arrêtées, dont deux ont été ensuite relâchées, alors que les 11 autres ont été placées en garde à vue pour une semaine après avoir été "accusées par le ministère de l'Intérieur de préparer un référendum hostile au régime, le jour du scrutin législatif", a précisé l'un de ces militants.
Des membres du groupe "Collectif du 14 février" ont appelé sur les réseaux sociaux les partisans de ce mouvement de l'opposition, interdit et déclaré "terroriste" par les autorités, à participer au référendum sur "la légitimité du régime bahreïni", sans préciser les modalités de cette consultation, a expliqué une autre source.
En prévision des législatives pour l'élection des 40 membres de la Chambre des députés, le ministère de l'Intérieur a annoncé un plan prévoyant la fermeté face à "toute action hors-la-loi" et le déploiement de renforts policiers pour assurer la bonne marche du scrutin.
Les principaux groupes de l'opposition bahreïnie, conduits par l'influent mouvement Al-Wefaq, ont annoncé en octobre le boycott des législatives prévues le 22 novembre dans le petit royaume du Golfe agité depuis 2011 par une contestation de la majorité de la population.
Des élections municipales sont prévues le même jour que ces législatives.
Les opposants, qui réclament depuis février 2011 des réformes incluant une véritable monarchie constitutionnelle qui réduirait les pouvoirs de la famille régnante, au pouvoir depuis plus de deux siècles, ont appelé leurs partisans à "poursuivre les manifestations pacifiques jusqu'à ce que les demandes populaires soient satisfaites".
De petites manifestations de femmes ont eu lieu dans les deux localités Sahla du nord et Karanet pour appeler la population à participer au referendum.
Des sévises et des menaces
Sur le site d’information de l’opposition bahreïni, « Mira’t al-Bahreïn » (le miroir du Bahreïn) a dénoncé dans un communiqué samedi le traitement infligé aux femmes.
« La plupart des femmes ont subi des sévices psychologiques, verbaux et physiques pour certaines », précise le site.
L'interrogatoire s’est fait en présence d’une trentaine d’enquêteurs. « Lorsque les détenues sont entrées, les enquêteurs se sont mis à crier. L’une d’entre elles s’est évanouie. Les enquêteurs les ont menacées de les transformer en cimetière, ou de les transférer à la prison des prostituées », est-il également indiqué.
Selon le site, on a aussi obligé l’une des femmes à regarder une vidéo de son frère également détenu, sous la torture.
On leur a aussi interdit de parler entre elles et après l’interrogatoire, on les a obligés à contacter leurs parents et proches alors qu’elles étaient dans une situation lamentable.
"On leur a interdit de manger de longues heures, et de dormir pendant trois jours au cours desquels elles étaient restées debout vers le mur ... elles ont été introduites dans une pièce frigorifiée où elles sont restées de longues heures
Appels au référendum
Tout en critiquant l’arrestation des militantes bahreïnies, plusieurs importantes personnalités de l’opposition ont appelé à la participation à ce referendum : le secrétaire général du mouvement Khalas ( le Salut) Abdel Raouf al-Chayeb ainsi que le dirigeant dans le Courant du Travail islamique Rached al-Rached , le militant des droits de l’homme Hassan Jaber.
Même position de la part d’un autre militant bahreïni Mohammad Sultane qui a insisté sur le droit du peuple bahreïni à l’autodétermination, de Hassan Abdel-Nabi, du médecin militant Ibrahim al-Aradi selon lequel les élections organisée par le régime seront un échec.
Les nouveaux naturalisés: candidats et électeurs
L’opposition bahreïnie qui accuse aussi le régime de mener une politique de nationalisations d’étrangers pour changer la composition démographique du pays a stigmatisé l’un des candidats au scrutin, Nayef al-Jassem. Dans son discours électoral celui-ci s’exprimait avec un dialecte arabe non yéménite qui révélait ses origines yéménites.
Parmi son auditoire dans la commune du sud où il se présente, se trouvaient des bahreïnis fraichement naturalisés, d’origine pakistanaise, indienne, et bengalaise.
Dans son discours électoral, Jassem rendait hommage au roi bahreïni. « Celui qui satisfait le roi, nous le soutenons jusqu’au bout », a-t-il clamé.
Un traducteur était présent à ses côtés pour traduire en ourdou ses propos.