Les chefs d’armée d’Europe racontent en chœur à la population des "histoires d’horreur" selon lesquelles leurs troupes ne seraient pas prêtes à parer une attaque russe.
L'Europe exagère sciemment les craintes de la population face à une prétendue menace russe, écrit vendredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Et il ne s'agit pas que des élucubrations de certains politiciens russophobes, mais une tendance stable appelée à inculquer à la population du Vieux Continent le frisson de "l'arrivée des Russes".
L'amplification de la psychose est à la charge des médias. De la même manière que le fameux chien de Pavlov bave en entendant la cloche, la direction de l'Otan inculque aux Européens le réflexe tout aussi persistant de la "russophobie - rien qu'en mentionnant Moscou les Européens se serrent conter les USA et sont prêts à satisfaire tout caprice de Washington".
La Suède est un parfait exemple. Ce pays a d'abord cherché un sous-marin russe qui se serait rendu près de ses côtes. L'agitation des recherches ressemblaient à celle autour du monstre du Loch Ness. Après presque une semaine de "signalements" provenant de citoyens vigilants qui auraient vu en mer quelque chose ressemblant à un sous-marin, les militaires suédois ont reconnu que toutes les informations sur un sous-marin russe étaient des suppositions. Mais à peine le public suédois s'était calmé qu'une autre menace apparaissait. Cette fois, Stockholm était menacé par les airs. Selon la revue suédoise Expressen, un avion russe avait pénétré dans l'espace aérien du pays et l'avait quitté seulement après l'intervention d'un chasseur suédois. Mais il s'est avéré – même si l'information est passée inaperçue - que l'avion en question n'était pas russe mais français, comme l'a rapporté Newsweek. Les militaires suédois connaissaient son appartenance à l'armée de l'air française mais n'ont pas pour autant démenti le "scoop" d'Expressen.
Les chefs d'armée d'Europe racontent en chœur à la population des "histoires d'horreur" selon lesquelles leurs troupes ne seraient pas prêtes à parer une attaque russe. Les plaintes sont innombrables – manque d'argent, manque de matériel moderne, manque de personnel.
La Suède, les pays baltes et la Pologne ne sont pas les seuls à exprimer leurs craintes face à Moscou. L'anxiété s'entend également dans les discours des chefs militaires autrichiens et allemands.
Washington semble avoir atteint son objectif: si auparavant les pays du Vieux Continent réduisaient volontiers leur budget militaire, aujourd'hui la population de l'UE, effrayée par les spéculations sur les avions, les sous-marins et les "guerres hybrides" russes, est prête à casser sa tirelire pour les besoins accrus de l'Otan.
Cette nouvelle tendance imprimée par Washington, destinée à protéger l'Europe de l'influence russe et à rompre les liens qui existaient depuis des décennies, a été parfaitement captée en Ukraine. Le premier ministre Arseni Iatseniouk a récemment visité la région de Kharkov où il a assisté à la construction d'un mur à la frontière russe. A l'issue de son voyage, il a proposé de renommer son "œuvre" en "rempart européen" séparant l'Europe de la Russie. Mais le plus inquiétant est qu'aucun politicien du Vieux Continent de l'a remis à sa place en apprenant ses plans.