Une délégation syrienne dirigée par le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem doit rencontrer Vladimir Poutine le 26 novembre à Moscou.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a prêté à Washington la volonté de renverser "subrepticement" le président syrien Bachar al-Assad, tandis que le président Poutine doit rencontrer la semaine prochaine à Moscou une délégation syrienne de haut niveau.
Lavrov a suggéré que l'opération de la coalition menée par les Américains contre l'organisation Daesh (EI) pouvait également servir de préparation à un renversement du régime de Damas.
"Il est possible... qu'il ne s'agisse pas tant une opération contre l'EI, que d'une préparation à une opération pour changer le régime subrepticement, sous couvert de cette opération antiterroriste", a déclaré Lavrov cité par l'agence Tass, devant un forum d'experts politiques à Moscou.
Le ministre russe a également fustigé ce qu'il a qualifié de "logique pervertie" de Washington.
"Les Américains affirment que le régime d'Assad est un pôle important attirant les terroristes dans la région, pour justifier leur volonté de le renverser". Je pense que ceci relève d'une logique pervertie," a encore déclaré Lavrov.
Lavrov a, de même, cité le Secrétaire d'Etat américain John Kerry qui lui a dit, selon lui, que la coalition menée par les Américains contre l'EI ne voulait pas être mandatée par le Conseil de sécurité de l'ONU, parce que cela obligerait "d'une certaine manière, à enregistrer le statut du régime d'Assad".
"Bien sûr, la Syrie est un pays souverain, un membre de l'ONU. Ce n'est pas correct," a déclaré Lavrov.
"Les Américains ont négocié et négocient même avec les Talibans. Quand il faut, ils savent être très pragmatiques. Alors pourquoi, lorsqu'il s'agit de la Syrie, leur approche est-elle toujours aussi idéologique jusqu'à la limite du possible?" a demandé Lavrov.
Lavrov a indiqué qu'il avait eu vendredi avec Kerry des entretiens téléphoniques lors desquels ils avaient discuté de la nécessité de "relancer aussi vite que possible ... la recherche pour une solution politique et diplomatique à la crise syrienne et unir leurs efforts… pour combattre le terrorisme sur la base du droit international".
Une délégation syrienne dirigée par le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem doit rencontrer Vladimir Poutine le 26 novembre à Moscou pour discuter de la relance des pourparlers de paix entre régime et opposition.
...Et de chercher "un changement de régime" en Russie
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé samedi l'Occident de chercher à provoquer "un changement de régime" en Russie par le biais des sanctions prises suite au conflit en Ukraine.
"L'Occident a montré sans ambiguïté qu'il ne cherche pas à forcer la Russie à changer sa politique mais qu'il veut obtenir un changement de régime", a déclaré Lavrov devant un forum d'experts politiques à Moscou.
"Maintenant, il y a des hommes politiques en Occident qui disent qu'il faut mettre en place des sanctions qui détruiraient l'économie (russe) et provoqueraient des protestations populaires", a-t-il précisé, cité par l'agence TASS.
Les Etats-Unis et l'Union européenne ont, en réponse à la crise
ukrainienne, mis en place à l'encontre de Moscou les sanctions les plus sévères depuis la fin de la guerre froide, visant les secteurs de l'énergie, de la Défense et des finances.
Ces sanctions, a souligné Lavrov, n'ont rien de commun avec le genre de sanctions qui ont été appliquées à l'encontre de la Corée du Nord ou de l'Iran par exemple, qui "ont été calculées pour ne pas faire de mal, ne frapper que l'élite et ne pas causer de dommages dans la sphère sociale ou l'économie".
En même temps, il a nié que la Russie soit menacée d'isolement, comme l'en a mise en garde le vice-président américain Joe Biden vendredi si elle ne respectait pas le plan de paix de Minsk pour l'Ukraine.
"La grande majorité des pays, nous continuons le dialogue avec eux. Il n'y a pas d'isolement", a-t-il lancé. Il a toutefois reconnu que les relations avec l'Europe avaient forcément changé. "Personne n'a l'intention de se tirer une balle dans le pied en cessant de coopérer avec l'Europe, mais chacun comprend qu'il n'est plus possible que
les choses continuent comme avant".
La Russie, en réponse aux sanctions, a imposé un embargo sur la plupart des importations alimentaires en provenance de l'Union européenne et des Etats-Unis.