"Le rapport entre les ambitions des Etats-Unis et leurs possibilités réelles a changé", a constaté le ministre. "Cela veut dire que la Russie a sa chance".
Moscou propose à l'Occident de revenir à un partenariat authentique. De l'avis des experts, la situation n'aurait pas été si dramatique si certains adversaires géopolitiques de la Russie avaient évalué la réalité d'une façon plus adéquate.
La semaine dernière le ministre des Affaires étrangères de Russie Sergueï Lavrov a fait part de ses idées sur les moyens d'atténuer la tension internationale au cours de l'Assemblée du Conseil pour la politique extérieure et de défense réunie à Moscou. Son intervention a donné le « la » au débat sur la stratégie de la Russie à court et moyen terme. Selon le ministre, la politique extérieure russe fait montre de retenue et de fermeté bien que sa position ne trouve pas la compréhension des concurrents géopolitiques de Moscou.
Sergueï Lavrov a déclaré que les relations entre la Russie et l'Occident se rapprochaient du moment de la vérité. « Nos partenaires européens font déjà banco », estime le ministre. Selon lui, l'Occident a tenté de contraindre la Russie à avaler l'humiliation des Russes et des russophones en Ukraine. Au fond, l'Europe a foulé aux pieds ses propres principes de changement démocratique de pouvoir ayant soutenu les extrémistes ukrainiens.
Une Ukraine stable et prévisible n'intéresse pas désormais les auteurs de la doctrine de dissuasion de la Russie, estime le recteur adjoint de l'Université des finances près le gouvernement de Russie Konstantin Simonov :
« J'ai l'impression que de nombreux pays de l'Occident ne sont pas trop intéressés par un règlement pacifique. Il paraît que l'Amérique souhaite que l'Ukraine devienne un pays « toxique » créant des problèmes immenses pour la Russie. En ce qui concerne l'UE, l'unique scénario de normalisation est l'affranchissement de l'Union européenne de la dépendance transatlantique.
La raison de cette dépendance européenne n'est pas philosophique, mais économique. Les Etats-Unis représentent un marché géant pour l'Europe. Les Etats-Unis appliquent des mesures très sensibles à l'encontre des sociétés européennes. L'histoire classique est une amende immense imposée à une banque française pour des violations du régime de sanctions. Bien qu'il n'ait pas été question de la Russie, tout le monde comprend bien que dans la situation actuelle la réaction des Américains contre les Européens qui oseraient coopérer avec la Russie sera similaire ».
Sergueï Lavrov a noté que les dirigeants des pays occidentaux introduisaient exprès les sanctions en vue de détruire l'économie nationale de la Russie et de provoquer par là des protestations. « L'Occident veut changer le régime et personne ne le nie », a-t-il déclaré.
L'avantage de la situation est dans le fait que tous les points sur les i ont été mis que tous les projets de l'Occident sont devenus évidents sur fond des déclarations concernant un espace euro-atlantique et une communauté de sécurité uniques. Aujourd'hui la Russie doit non seulement analyser le passé, mais aussi fixer une voie d'avenir.
Selon Sergueï Lavrov, le monde change : comme cela a eu lieu déjà par le passé, d'abord l'influence et la puissance atteignent le point culmunant, ensuite ceux qui se développent plus rapidement et plus efficacement se substituent aux leaders devenus las. L'Occident doit étudier l'histoire et partir des réalités. Le rapport entre les ambitions des Etats-Unis et leurs possibilités réelles a changé, a constaté le ministre. Cela veut dire que la Russie a sa chance.
La Voix de la Russie