24-11-2024 02:47 AM Jerusalem Timing

Pourquoi le président Erdogan accuse les États-Unis

Pourquoi le président Erdogan accuse les États-Unis

une analyse délivrée par des experts russes

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé cette semaine son indignation face aux pressions exercées par les États-Unis pour amener la Turquie à les aider dans la guerre contre l’EI. Rappelons qu’Erdogan a fait cette déclaration après la visite en Turquie du vice-président des États-Unis Joe Biden à la fin de la semaine dernière.

Pourquoi les alliés de longue date n’arrivent-ils pas à s’entendre? Voici le commentaire fait à Rossiya Segodnya par Babish Genjehan, expert en USA et relations turco-américaines du centre analytique TURCSAM :

Il me semble que ces déclarations du président Erdogan résultent des divergences passées entre les États-Unis et la Turquie. Si la position turque concernant la Syrie consistait à dire que le départ d’Assad s’imposait pour le règlement de la crise dans ce pays, les États-Unis estiment que la menace vient surtout de l’EI et font tout pour l’anéantir.

La politique turque dans la question syrienne est vivement critiquée par les États-Unis dont la politique était dès le début marquée par le flou et l’inconséquence. Seule la Turquie occupait dès le commencement une position conséquente et la défendait dans toutes les organisations internationales. Les pays occidentaux n’insistent sur le départ d’Assad qu’en paroles alors qu’en réalité sa destitution ne fait plus et depuis longtemps partie de leur ordre du jour.

Et voici l’opinion d’un autre interlocuteur, rédacteur de la revue Russie dans la politique globale et président du Présidium du Conseil de politique extérieure et de défense Fédor Loukianov :

Je suis convaincu que la cause du différend américano-turc est plus profonde que les divergences sur la Syrie. Les deux pays n’arrivent pas à s’entendre sur l’hégémonie régionale. Certes, la Turquie avait traditionnellement été un pays orienté sur l’Occident et pro-américain tout au long du 20e siècle. Elle avait pendant longtemps été un membre super-loyal de l’OTAN et le support du flanc sud de l’Alliance. Par conséquent, la politique extérieure de la Turquie était orientée sur l’Occident.

Mais de nos jours, la mission et les objectifs de l’OTAN ont cessé d’être compréhensibles et évidents pour ses membres dont la Turquie. Ankara a en outre des intérêts régionaux qui sont à l’opposé des intérêts américains. Cela signifie que les voies des États-Unis et de la Turquie ont divergé. Ankara ne s’assimile plus uniquement à l’alliance atlantique occidentale. Il en fait toujours partie mais diversifie sa position comme dans le cas de ses relations avec la Russie. C’est la preuve que la Turquie s’est forgé une identité politique et géopolitique nouvelle.

 

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