28-11-2024 11:30 PM Jerusalem Timing

Malgré des divergences, Turquie et Russie toujours sur la même longueur d’ondes

Malgré des divergences, Turquie et Russie toujours sur la même longueur d’ondes

Le président russe Vladimir Poutine est attendu Lundi, dans la capitale turque pour discuter avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan des grands dossiers internationaux..

Malgré leurs divergences sur des sujets aussi sensibles que la guerre en Syrie, les dirigeants à poigne turc et russe, qui se retrouvent lundi à Ankara, entretiennent toujours des relations étroites, à l'heure de la détérioration de leurs liens avec l'Ouest.
   
Le président russe Vladimir Poutine est attendu dans la capitale turque pour discuter avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan des grands dossiers internationaux, d'énergie et de commerce à la faveur d'une réunion de la commission de coopération bilatérale.
   
Héritiers de nations qui se sont souvent fait la guerre, la Turquie de M. Erdogan, membre de l'Otan, et la Russie de M. Poutine ont noué des liens inédits.  
   
"Les deux camps ont des intérêts communs et ne veulent pas que le moindre conflit les gêne", estime Ilter Turan, de l'université d'Istanbul.
   
De nombreux commentateurs ont souligné à l'envi les ressemblances de Recep Tayyip Erdogan, 60 ans, et Vladimir Poutine, 62 ans.
Les deux dirigeants sont charismatiques, ambitieux et à la tête de pays issus du démantèlement d'empires du siècle dernier.
   
Ils ont aussi été la cible de violentes contestations --en Russie en 2011-2012, en Turquie à la mi-2013-- dont ils ont triomphé en se faisant élire à la présidence de leur pays. Et tous deux sont aujourd'hui accusés de dérive autoritaire.
   
"Il y a certes des différences dans leur environnement mais en ce qui concerne leur personnalité autoritaire, ils sont étonnement semblables", souligne M. Turan, tout en reconnaissant le caractère plus "musclé" du régime politique russe.
   
Malgré ces similitudes, la Turquie et la Russie défendent des positions opposées sur plusieurs dossiers "chauds" de l'heure.
   
C'est d'abord le cas en Syrie. Alors que M. Poutine s'est distingué comme le dernier allié de poids du président Bachar al-Assad, M. Erdogan en a fait une bête noire dont il ne rate pas une occasion d'exiger la chute.


Stabilité et continuité

   
   
De même, Ankara a condamné l'annexion de fait de la province ukrainienne de Crimée par la Russie et exprimé son inquiétude pour le sort de sa minorité tatare turcophone.
   
Les deux pays sont toutefois parvenus à "protéger avec succès" leurs intérêts communs, souligne un récent rapport du centre de réflexion Carnegie de Moscou et du Forum sur les relations internationales d'Istanbul.
   
Et jusque-là, M. Erdogan s'est appliqué à épargner à son partenaire russe les rodomontades qu'il affectionne dès lors qu'il s'adresse aux Occidentaux.
   
"Bien sûr, nos positions sur certains dossiers peuvent être différentes", a noté M. Poutine dans un entretien accordé à la veille de sa visite à l'agence de presse gouvernementale turque Anatolie, "mais les relations entre la Turquie et la Russie restent stables, sous le signe de la continuité et ne varient pas au gré du climat du moment".
   
Sur le dossier syrien, l'émergence de la menace jihadiste a d'ailleurs vu les deux pays se rejoindre sur la nécessité de lutter contre le groupe Etat islamique (EI).
   
"Il pourrait y avoir un rapprochement sur la Syrie car l'apparition de l'EI est un développement que la Russie a au moins autant d'intérêt, si ce n'est plus, que la Turquie à combattre", estime Ilter Turan.
   
A l'heure où ses relations avec ses principaux alliés occidentaux se sont tendues, la Turquie considère aussi ses bonnes relations avec la Russie comme un utile rempart.
   
Mais plus que tout ça, les deux pays ont besoin l'un de l'autre en matière d'énergie. La Turquie arrive au deuxième rang des clients du gaz naturel russe, juste derrière l'Allemagne. Moscou a d'ailleurs décroché le contrat pour la fabrication de la première centrale nucléaire russe, d'ici 2022, pour un montant de 20 milliards de dollars.
   
Le montant des échanges commerciaux bilatéraux a atteint 32,7 milliards de dollars en 2013. Sûrs d'eux, les deux capitales se sont aujourd'hui promis de lui faire accomplir rapidement un bond jusqu'à la barre des 100 milliards.
   
"Un voeu pieu", juge M. Turan, "l'intention est là mais sa réalisation plus improbable".