"L’Arctique joue un rôle tant géoéconomique que militaire et géostratégique de plus en plus grand"..
La baisse des prix du pétrole ne se répercutera pas sur les projets arctiques russes. Selon le ministre de l’énergie Alexandre Novak, les conditions économiques compliquées ne font pas peur aux compagnies pétrolières et les délais ne seront pas révisés.
De l’avis des experts, le volet arctique est la garantie de la sécurité économique de la Russie. L’Arctique lui assurera en perspective l’indépendance, estime le vice-directeur pour la science de l’Institut des problèmes du pétrole et du gaz de l’Académie des sciences de Russie Vassili Bogoyavlenski :
« Le plateau continental russe est évalué à près de 100 milliards de tonnes de combustible conventionnel dont près de 80% reviennent pour la part du gaz. Les eaux des mers de Barents et de Kara sont les plus riches en combustibles. L’extraction sur le plateau continental russe de l’Arctique est poursuivie depuis 2003. En ce qui concerne la terre, nous y réalisons les travaux depuis près de quarante ans et il est sans aucun doute nécessaire de les intensifier. »
En plus de prouver aux institutions internationales ses droits légitimes aux plateaux continentaux des mers du Nord, la Russie déploie les efforts intenses en vue d’explorer l’Arctique. D’immenses réserves de minéraux utiles y compris énergétiques ne sont pas prospectées jusqu’à présent. Le réchauffement global offre, néanmoins, des possibilités plus vastes pour l’extraction. 13% du pétrole non prospecté et un tiers des réserves mondiales de gaz naturel se trouvent en Arctique. Toutes les réserves arctiques de gaz sont concentrées sur le littoral russe.
L’Arctique joue un rôle tant géoéconomique que militaire et géostratégique de plus en plus grand, estime le premier vice-président de l’Académie des problèmes géopolitiques Constantine Sivkov, docteur ès sciences militaires.
« L’Arctique constitue au plan géostratégique la voie la plus courte reliant l’Amérique à l’Eurasie, c’est-à-dire l’itinéraire le plus cout pour les missiles balistiques intercontinentaux et les bombardiers stratégiques. Qui plus est, les sous-marins nucléaires russes dotés d’armes nucléaires patrouillent les bassins arctiques. Les sous-marins américains avec à leur bord les missiles de croisières destinés à attaquer nos cibles patrouillent les mêmes régions. Il y en avait en périodes calmes au moins deux à trois tous les jours et jusqu’à dix lorsque la situation s’aggravait. Maintenant la lutte pour l’Arctique sera plus acharnée. »
L’Arctique suscite en fait ces dernières années un intérêt de plus en plus vif des Etats lointains. Ainsi, la Chine forme une flotte spéciale. La Norvège, la Suède et la Finlande chercheront sans aucun doute à satisfaire leurs ambitions.
Or, la Russie ne cèdera pas elle non plus ses intérêts en Arctique. Moscou l’a réaffirmé plus d’une fois au sommet. 40% des territoires arctiques soit près d’un cinquième de la Fédération de Russie lui appartiennent. Un nouveau commandement stratégique fonctionne depuis le 1er décembre sur la base de la flotte russe du Nord.
La Voix de la Russie